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[CRITIQUE] : The Stranger


Réalisateur : Thomas M. Wright
Avec : Joel Edgerton, Sean Harris, Ewen Leslie,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Policier, Thriller, Drame
Nationalité : Australien.
Durée : 1h57min

Synopsis :
Deux inconnus se rencontrent. L’un va entraîner l’autre dans une vaste et puissante organisation criminelle, lui offrant ainsi la possibilité de se racheter après un passé violent et de prendre un nouveau départ.



Critique :


Ils sont (très) rares les thrillers contemporains à être capable de catapulter son auditoire au coeur d'un intense et troublant cauchemar tellement palpable qu'il ne peut que nous hanter même longtemps après que le générique de fin ait pointé le bout de son nez.
Si l'on pourrait instinctivement citer les cinémas de Park Chan-wook, de David Cronenberg où de David Lynch à titre d'exemples pertinents, The Stranger, second long-métrage de Thomas M. Wright épouse la même noirceur électrisante et la même propension à sublimer le malveillant d'un Stoker où d'un Lost Highway tout en défiant lentement et douloureusement les conventions du genre, enfermant ses personnages et son spectateur dans un monde de ténèbres qui menace constamment de tout consumer : un Outback australien aussi poussiéreux qu'il est écrasant et perturbant, rappelant les grandes heures du cinéma béni de Peter Weir où celles, plus récentes, de ceux de David Michôd et Justin Kurzel.

Copyright Netflix

Vaguement inspiré d'un fait divers ayant frappé l'Australie en 2003 (le meurtre de l'adolescent Daniel Morcombe) et cloué aux basques d'un détective infiltré qui risque sa santé mentale dans sa traque pour attraper un coupable insaisissable, la péloche se fait un véritable puzzle mélancolique et lugubre qui retient ses effets (tout comme une enquête prenant les contours d'un complexe piège criminel) autant qu'il éparpille ses séquences dans une narration à la temporalité sinueuse visant à conserver au maximum l'ignorance jusqu'à un point de non retour où le malaise qui avait été si habilement évoqué auparavant, se manifeste de manière tangible par une violence sourde où le vertige d'une traque intense et déstabilisante prend définitivement le pas sur sa finalité.
Auscultation virile et anti-conventionnelle du mal, capté au travers d'un double portrait psychologique captivant (celui d'un psychopathe aux intentions nébuleuses et un flic qui doit garder loin de lui l'obscurité qu'il pourchasse), déambulants dans les rues nocturnes d'une Australie marginale et suffocante qui a tout d'un purgatoire sur terre, The Stranger, intrinsèquement inconfortable et sinistre, sonde l'irréversibilité du destin dans un cauchemar hypnotique qui ne serait rien sans la partition démente du tandem Joel Edgerton/Sean Harris.
Une put*** de claque.


Jonathan Chevrier