[CRITIQUE] : Memory House
Réalisateur : João Paulo Miranda Maria
Acteurs : Antonio Pitanga, Ana Flavia Cavalcanti, Soren Hellerup,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien, Français.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Cristovam, originaire de l’arrièrepays brésilien, travaille dans une usine à lait d’une région prospère du Brésil, ancienne colonie autrichienne. Il s’y sent seul, marqué par les différences culturelles et ethniques. Un jour, il découvre une maison abandonnée remplie d’objets lui rappelant ses origines. Il prend progressivement possession de la maison. Curieusement, des objets y apparaissent, sans explication, comme s’il s’agissait d’un lieu « vivant ».
Critique :
Au coeur du premier et lancinant long-métrage du wannabe cinéaste brésilien Joao Paulo Miranda Maria, Memory House, le devoir de mémoire et le danger de la perte des valeurs - surtout culturelles - jouent un rôle fondamental et explosent progressivement comme un refoulement profond, qui expose les blessures incurables d'une nation torturée qui ne fait que reproduire encore plus durement les erreurs de son passé, dans un présent tout aussi chaotique.
Au travers des aternoiements de Cristovam, un homme originaire de l'arrière-pays rural brésilien qui s'installe dans une ville prospère du sud du pays - une ancienne colonie autrichienne - pour travailler dans une usine à lait, où il se retrouve quotidiennement en contact avec des habitants xénophobes et conservatrices, qui ne font que renforcer son isolement (jusqu'à ce qu'il découvre une maison abandonnée pleine d'objets et d'esprits, qui le ramènent au folklore de ses origines et le pousse vers une transformation radicale); le cinéaste dresse un parallèle édifiant avec le quotidien actuel du pays présidé par Jair Bolsonaro.
Porté par une écriture étrange, tiraillée entre une intrigue refusant tout contour conventionnel (au-delà de la tension croissante qu'il tisse entre Cristovam et les habitants de la ville) mais qui se perd pourtant parfois autant dans sa redondance que dans son aspect gentiment décousu, Miranda Maria embaume son oeuvre d'une atmosphère onirique (bien aidé par la sublime photo clair-obscur de Benjamín Echazarreta) pour mieux confronter la modernité aseptisée de la société contemporaine au mystère et au folklore du passé, dans une critique féroce du Brésil d'aujourd'hui gangrené par son conservatisme (dysfonctionnements, agissements anti-démocratiques, résidu du patriarcat comme le machisme et l'intolérance,...), le capitalisme vorace où encore la xénophobie.
Un environnement hostile et dévorant où toute trace des traditions ancestrales, sont perçues comme une force dangereuse et perturbatrice qui doit absolument être annihilée.
Héritier direct du Cinema Novo (jusque dans la présence de l'un des visages historiques du mouvement, l'excellent et magnétique Antônio Pitanga), Memory House, certes pas subtil pour un sou (surtout dans ses métaphores appuyées) et même parfois quelque peu nébuleux, n'en reste pas moins une expérience immersive et culottée au coeur d'un chaos violent et terrifiant; un premier effort qui, à défaut de soigner sa tactique (surtout scénaristique), assène ses coups sans prendre de gants.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Antonio Pitanga, Ana Flavia Cavalcanti, Soren Hellerup,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien, Français.
Durée : 1h33min.
Synopsis :
Cristovam, originaire de l’arrièrepays brésilien, travaille dans une usine à lait d’une région prospère du Brésil, ancienne colonie autrichienne. Il s’y sent seul, marqué par les différences culturelles et ethniques. Un jour, il découvre une maison abandonnée remplie d’objets lui rappelant ses origines. Il prend progressivement possession de la maison. Curieusement, des objets y apparaissent, sans explication, comme s’il s’agissait d’un lieu « vivant ».
Critique :
Héritier direct du Cinema Novo, #MemoryHouse, certes pas subtil pour un sou et même parfois quelque peu nébuleux, n'en reste pas moins une expérience immersive et audacieuse qui, à défaut de soigner sa tactique - surtout scénaristique -, assène ses coups sans prendre de gants. pic.twitter.com/CIqgo2fRyY
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 4, 2022
Au coeur du premier et lancinant long-métrage du wannabe cinéaste brésilien Joao Paulo Miranda Maria, Memory House, le devoir de mémoire et le danger de la perte des valeurs - surtout culturelles - jouent un rôle fondamental et explosent progressivement comme un refoulement profond, qui expose les blessures incurables d'une nation torturée qui ne fait que reproduire encore plus durement les erreurs de son passé, dans un présent tout aussi chaotique.
Au travers des aternoiements de Cristovam, un homme originaire de l'arrière-pays rural brésilien qui s'installe dans une ville prospère du sud du pays - une ancienne colonie autrichienne - pour travailler dans une usine à lait, où il se retrouve quotidiennement en contact avec des habitants xénophobes et conservatrices, qui ne font que renforcer son isolement (jusqu'à ce qu'il découvre une maison abandonnée pleine d'objets et d'esprits, qui le ramènent au folklore de ses origines et le pousse vers une transformation radicale); le cinéaste dresse un parallèle édifiant avec le quotidien actuel du pays présidé par Jair Bolsonaro.
(Carlos Eduardo Carvalho/Tamasa Distribution) |
Porté par une écriture étrange, tiraillée entre une intrigue refusant tout contour conventionnel (au-delà de la tension croissante qu'il tisse entre Cristovam et les habitants de la ville) mais qui se perd pourtant parfois autant dans sa redondance que dans son aspect gentiment décousu, Miranda Maria embaume son oeuvre d'une atmosphère onirique (bien aidé par la sublime photo clair-obscur de Benjamín Echazarreta) pour mieux confronter la modernité aseptisée de la société contemporaine au mystère et au folklore du passé, dans une critique féroce du Brésil d'aujourd'hui gangrené par son conservatisme (dysfonctionnements, agissements anti-démocratiques, résidu du patriarcat comme le machisme et l'intolérance,...), le capitalisme vorace où encore la xénophobie.
Un environnement hostile et dévorant où toute trace des traditions ancestrales, sont perçues comme une force dangereuse et perturbatrice qui doit absolument être annihilée.
Héritier direct du Cinema Novo (jusque dans la présence de l'un des visages historiques du mouvement, l'excellent et magnétique Antônio Pitanga), Memory House, certes pas subtil pour un sou (surtout dans ses métaphores appuyées) et même parfois quelque peu nébuleux, n'en reste pas moins une expérience immersive et culottée au coeur d'un chaos violent et terrifiant; un premier effort qui, à défaut de soigner sa tactique (surtout scénaristique), assène ses coups sans prendre de gants.
Jonathan Chevrier