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[CRITIQUE] : Les Secrets de mon père


Réalisatrice : Véra Belmont
Acteurs : avec les voix de Michèle Bernier, Jacques Gamblin, Arthur Dupont,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h14min.

Synopsis :
Dans les années 60, en Belgique, Michel et son frère Charly vivent une enfance heureuse dans leur famille juive. Leur père, taiseux et discret, ne livre rien de son passé. Les deux frères l’imaginent en grand aventurier, pirate ou chercheur de trésors… Mais que cache-t-il ?

Adaptation de la bande dessinée Deuxième génération de Michel Kichka (éditions Dargaud).



Critique :


En décembre dernier, déjà avec Le Pacte à la distribution, le spectateur pouvait découvrir une oeuvre animée qui se donnait pour ambition de traiter - plus où moins adroitement - du difficile sujet de l'holocauste : Où est Anne Frank ! d'Ari Folman, qui ménageait à coups d'artifices oniriques la dure réalité de la Shoah pour la rendre si ce n'est moins brutale (un train de la mort fonçant vers les camps de concentration visualisé comme un bateau descendant la rivière Styx; des nazis représentés comme des croque-mitaines au visage macabre, vêtus d'un long costume noir et d'insignes rouge sang; Anne rêvant de ses idoles hollywoodiennes - comme Bette David, Cary Grant ou un Clark Gable chevauchant un Pégase - et d'autres êtres fantastiques, pour former une armée extraordinaire luttant contre l'armée nazie), au moins suffisamment abordable pour qu'un jeune spectateur puisse autant comprendre qu'absorber les leçons d'un chapitre aussi sombre, et encore plus à une heure où l'antisémitisme et le nationalisme blanc (couplé aux sentiments anti-réfugiés et d'anti-immigration véhiculés par les politiques en place), montent en puissance.

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C'est sensiblement dans cette même mouvance que s'inscrit Les Secrets de mon père, une adaptation du roman graphique et autobiographique Deuxième génération de Michel Kichka, estampillée premier long-métrage d'animation d'une Véra Belmont au cinéma toujours incisif, même à l'approche de ses quatre-vingt-dix printemps.
Loin des camps et de la Seconde guerre mondiale mais pas de la folie/violence humaine et des cicatrices béantes qu'elle laisse, le récit narre la relation difficile et pétri de douleur (et pourtant pas dénué d'humour) entre deux enfants insouciants et leur père rescapé d'Auschwitz, qui tient à garder ses secrets et ses fantômes pour lui.
Où quand protéger les siens de son traumatisme, quitte à paraître plus sévère et détaché qu'on ne l'est réellement, peut amener à créer une fracture générationnelle profonde avec sa propre progéniture, qui ne comprend pas le mal qui nous ronge.
Un brin didactique dans sa leçon d'histoire autant qu'il est d'une tendre délicatesse et d'une simplicité touchante, le film, joliment plaqué à hauteur d'enfants sans pour autant être édulcoré par ce parti pris, se fait une belle fable pédagogique sur la réconciliation, la tolérance, la transmission et le devoir de mémoire, dont l'aspect certes furieusement rudimentaire (tout juste illustratrive) de son animation ne vient jamais atténuer l'importance du propos.


Jonathan Chevrier


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