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[CRITIQUE] : The Princess


Réalisateur : Ed Perkins
Avec : -
Distributeur : Originals Factory / Pathé Live
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Britannique
Durée : 1h44min

Synopsis :
25 ans après sa mort, la princesse Diana fascine toujours ... The Princess, film intime et immersif, retrace au plus près son histoire. À travers des archives contemporaines rares, il dévoile le profond impact de sa vie et tous les événements qui ont façonné, et façonnent encore, la relation passionnelle du public à la monarchie. La diffusion au cinéma de ce documentaire inédit et audacieux marque le 25ème anniversaire de la disparition de cette icône mondiale.


Critique :


Depuis le commencement de sa vie médiatique jusqu’à son enterrement, Diana Spencer n’a cessé de faire la une des tabloïds britanniques. La figure de la princesse de Galles s’est pérennisée grâce à la fascination (parfois morbide) qu’elle garde. Du conte de fée à l’enfer sur terre, son histoire a fait les gorges chaudes de toute une génération, avide de voir les dessous pas si propres de la Cour Royale d’Angleterre. Biographies, séries télévisées (dont la très populaire The Crown sur Netflix), des films (documentaire ou de fiction, comme Spencer de Pablo Larrain), il ne se passe pas une année sans que l’histoire de Lady Di ne soit mentionnée au moins une fois dans les médias.

Ed Perkins nous propose un nouveau documentaire, quelques mois seulement après celui consacré à la Reine d’Angleterre réalisé par Roger Michell. Comme ce dernier, The Princess sera projeté lors de deux dates bien précises dans quelques cinémas de France.

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Que raconter de plus sur l’histoire de Diana ? C’est bien le problème devant une femme devenue mythique lors de sa mort soudaine le 31 août 1997. Le réalisateur, connu depuis son précédent documentaire Tell me Who I am en 2019, prend un angle novateur pour raconter une énième fois l’histoire de la princesse de Galles. Ce qui intéresse Ed Perkins, c’est justement son image et comment celle-ci a été façonnée par les médias anglais. Le titre anonymise Diana mais il donne le ton à un documentaire constitué uniquement d’images d’archives. Pas d’interview, peu de musique. Un travail conséquent de montage pour construire non pas un récit global de la vie de Diana Spencer mais pour développer un nouveau regard sur la façon dont elle a été dépeinte durant son mandat de princesse. L’occasion de revenir vers les années 80/90 et la montée des tabloïds.

Depuis quelque temps, les stars féminines des années 90 reprennent le contrôle de leur histoire. Pamela Anderson vient de signer un contrat pour un documentaire Netflix. Paris Hilton a sorti le sien This is Paris sur Youtube en 2020. Ces deux stars partagent avec la princesse de Galles une relation tendue avec les médias, montrées tour à tour comme des poupées barbies ou des femmes vénales. L’annonce de sa séparation avec le prince Charles place Diana sur leur traces, dépossédée du contrôle de sa propre histoire. C’est en 1995, dans une interview choc face au journaliste Martin Bashir, qu’elle dévoile au monde entier sa version, précurseuse de ce que l’on observe aujourd’hui : les années 90 n’ont pas été tendres avec les femmes célèbres. C’est que met en avant le choix des images d’archives. Un monde public misogyne, un monde royal déconnecté et patriarcal (où les hommes de la famille garantissent la virginité d’une future épouse). Dans un cadre télévisuel, la souffrance de la princesse de Galles, ses choix et son comportement sont vecteurs de débats moraux. A–t-elle été une bonne épouse, une bonne mère ? A-t-elle fait ce qu’il faut pour sauver son mariage ? Ne prend-elle pas trop la lumière, n’est-elle pas trop féminine, trop provocante ? Ne fait-elle pas son intéressante, sa victime ? Est-elle devenue un monstre médiatique, dévoreuse d’attention ?

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Il ne faut pas s’attendre à apprendre quoi que ce soit avec The Princess, surtout si la vie de Lady Diana n’a que peu de secret pour vous. Mais le documentaire enclenche une série de questionnements, nous aidant à prendre du recul et à changer de perspective. La fascination qu’engendre la famille royale et qu’a pu engendrer la princesse de Galles reflète un moment de l’histoire peu glorieux pour les tabloïds (et qui hélas de nos jours répond à Meghan Markle, l’épouse du prince Harry, victime également d’une fascination malsaine de la presse à scandale). Les images de son enterrement clôturent le film et soulignent le voyeurisme d’une vie sous les projecteurs. Une vie à jouer avec son image, constamment, mais à quel prix ? Ce qui apparaît clairement avec les images choisies par Ed Perkins c’est que nous avons aussi une part de responsabilité dans ce destin tragique. Nos regards, nos opinions, ont nourris un conte de fée irréel et une image dénuée de nuance sur une jeune femme qui a eu le malheur de tomber amoureuse d’un prince (pas si) charmant.


Laura Enjolvy