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[CRITIQUE] : Les Volets verts


Réalisateur : Jean Becker
Acteurs : Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Benoît Poelvoorde, Fred Testot, Anouk Grinberg, Stéfi Celma,...
Distributeur : ARP Sélection
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Les Volets verts dresse le portrait d’un monstre sacré, Jules Maugin, un acteur au sommet de sa gloire dans les années 70. Sous la personnalité célèbre, l’intimité d’un homme se révèle.



Critique :


On avait laissé le cinéma de l'inestimable Jean Becker avec, si ce n'est une fausse note, au minimum une oeuvre qui comme certains de ces derniers efforts, peinait autant à toucher qu'à sensiblement captiver son auditoire : Le Collier Rouge, mise en images statique sentimentalo-lancinante du roman éponyme de Jean-Christophe Ruffin vissée sur l'amitié extraordinaire entre un soldat de la Grande guerre et son chien, à peine sauvé par la prestation d'un François Cluzet il est vrai impeccable.
Quatre ans plus tard, c'est toujours par la case adaptation qu'il nous revient avec Les Volets verts, un dix-septième long-métrage qui s'inspire de l'oeuvre littéraire éponyme de Georges Simenon à laquelle il ajoute un doigt de complexité dans son portrait central, pour mieux célébrer un Gérard Depardieu dont la filmographie récente semble de plus en plus effriter la frontière poreuse entre la réalité et la fiction.

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Car plus encore que le récent Maigret de Fabrice Leconte, constamment à la lisière de l'autofiction où le comédien se fondait totalement dans la carcasse du monolithique commissaire en affrontant les tourments de son personnage comme s'ils étaient les siens, imposant sa carcasse d'ogre triste et fragile dans tous les recoins d'un cadre parfois trop petit pour son talent (au point que les deux se confondent dans un balet mélancolique et désespéré qui a laissé plus d'un spectateur sur le carreau); le nouveau Becker joue la carte de la mise en abyme troublante et fascinante de la figure Depardieu, au travers du personnage tout aussi hors normes et excessif Émile Maugin.
Monstre sacré du septième art et du théâtre aussi bourru qu'il est littéralement au sommet de sa gloire, qui a bouffé et bouffe la vie par tous les bouts (nourriture, alcool, conquêtes,...) pour mieux tromper la solitude et l'ennui, alors que la flamme de l'envie - scénique et existentielle - semble lentement mais sûrement le quitter, impossible de ne pas voir en Maugin un Depardieu qui se met à nu dans ce qui pourrait être un docu-vérité sur sa propre personne, à une heure où sa mélancolie se confrontent au crépuscule d'une carrière dont il dresse le bilan, presque résigné et non sans heurts.

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Dommage que la vision de Becker, tout comme sa mise en scène nonchalente, ne cherche jamais à voir plus que le portrait tragi-comique à la photographie léchée, d'un astre dont la lumière se meurt, autour de laquelle gravitent plusieurs étoiles étincelantes et admiratives (un casting de seconds couteaux totalement voué à sa cause, de Benoît Poelvoorde à Fanny Ardent en passant par Fred Testot, Stéfi Celma et Anouk Grinberg).
Il n'en reste pas moins, dans ce dessin homérique et parfois bouleversant, le plus bel effort de son cinéaste depuis bien longtemps.


Jonathan Chevrier


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