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[CRITIQUE] : La Dérive des continents (au sud)


Réalisateur : Lionel Baier
Acteurs : Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Ursina Lardi, Tom Villa, Ivan Georgiev,...
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
Nathalie Adler est en mission pour l’Union Européenne en Sicile. Elle est notamment chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ? Sans doute pas Albert, le fils de Nathalie, militant engagé auprès d’une ONG, qui débarque sans prévenir alors qu'il a coupé les ponts avec elle depuis des années. Leurs retrouvailles vont être plus détonantes que ce voyage diplomatique…



Critique :


Petit cours de SVT, histoire de garder un brin la forme : La dérive des continents qui prête une partie de son concept au titre du nouveau long-métrage de Lionel Baier, La Dérive des continents (au sud), troisième long-métrage de sa quadrilogie consacrée au continent européen - initiée par Comme des valeurs (à l'est) puis continuée avec Les Grandes ondes (à l'ouest), en attendant le futur Keek (au nord) -; est la théorie proposée au début du siècle par le physicien-météorologue Alfred Wegener, selon laquelle les blocs continentaux se déplacent lentement à la surface de la Terre par rapport aux pôles et les uns par rapport aux autres, en se morcelant et en se reconstituant éventuellement selon un arrangement différent.

Copyright Les Films du Losange

Fin du rappel et bonjour l'application sur grand écran du concept, dont la double résonance peut se voir autant comme un constat d'une " dérive " sur le sol européen (une crise migratoire et sa terrible gestion est au coeur de la narration), mais aussi donc la lente reconstitution/reconstruction d'une relation mère-fils aux retrouvailles difficiles.
Pas fondamentalement subtil donc (superposé l'abandon du peuple par les gouvernements en place, à celui d'une mère ayant elle-même abandonnée la chair de sa chair - tout comme son mari -, à la découverte de sa propre homosexualité), le film vire gentiment mais sûrement de la satire politicienne qui fait mouche, à la piqûre cynique contre l'hypocrisie de la diplomatie (comprendre : l'inhumanité et la manipulation éhontée) de la politique française et européenne, à un drame familial férocement convenu en terres siciliennes, où le choc - prévisible - des idées/valeurs contraires (bureaucratie contre activisme, remords contre rancoeurs) qui animent les deux personnages principaux, ne se fait que le terreau fertile d'une réconciliation déchirante et rédemptrice.
Un jeu d'équilibriste entre intimité affective tendre et amère, et regard géopolitique irrévérencieux - deux mondes où les non-dits sont rois -, La Dérive des continents (au sud) se fait une comédie dramatique/comédie de moeurs qui décontenance finalement plus qu'elle ne séduit malgré quelques saillies caustiques détonnantes et un casting impliqué (que ce soit le convaincant duo Isabelle Carré/Théodore Pellerin où encore les excellents Tom Villa et Ursula Lardi).

Copyright Les Films du Losange

Dommage qu'elle n'est pas totalement embrassé son statut de parodie/satire fustigeant l'absurdité et la démagogie des institutions européennes, tant cette dérive sur les dérives du (notre) vieux continent n'en aurait été que plus savoureuse, d'autant que son final (l'apparition de la crise sanitaire - " une grippe chinoise ") ne fait que pointer du bout de la caméra l'impuissance de l'humanité en ces heures sombres et imprévisibles où tout est possible, surtout le pire...


Jonathan Chevrier


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