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[CRITIQUE] : Des feux dans la nuit


Réalisateur : Dominique Lienhard
Acteurs : Ana Girardot, Igor Van Dessel, Jérémie Elkaïm,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h34min.

Synopsis :
Un village isolé entre mer et montagne. Ses habitants tentent de survivre comme ils peuvent. Le père d’Alan, un jeune garçon de 15 ans, est parti travailler loin des siens, lui confiant la survie de la famille. Une tâche démesurée pour Alan, qui doit aussi surveiller de grands feux allumés sur la plage, pour faire cuire du sel, mais aussi, finit-il par apprendre, pour attirer les bateaux les soirs de tempête. Une nuit, un navire s'échoue en offrant aux villageois sa précieuse cargaison…



Critique :


À une époque où les prises de risques ne sont pas fondamentalement légion au sein du septième art hexagonal, difficile de ne pas louer l'éclectisme dont fait preuve la belle Ana Girardot au coeur de ses propositions récentes, qui a su capitaliser sur de vrais succès pour porter des propositions plus mineures et singulières où sortant un tant soit peu des carcans habituels.
Des oeuvres comme l'excellent Cinquième Set de Quentin Reynaud (pas tous les jours que le cinéma français propose un bon divertissement sportif), l'ambitieux Ogre, premier long-métrage d'Arnaud Malherbe où encore Des feux dans la nuit, second effort de Dominique Lienhard plus de seize ans après Müetter.
Adaptation libre de la nouvelle Naufragés d'Akira Yoshimura dont le cinéaste belge bouscule le cadre central mais conserve les grandes lignes essentielles, le film suit au XVIème siècle au coeur d'un village isolé entre mer et montagne où la population survit difficilement, les aternoiements du jeune Allan, quinze au compteur est catapulté chef de famille alors que son père est parti travailler loin des siens.

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À peine aux portes de la vie d'adulte, la tâche est ardu pour le jeune homme qui doit endosser la responsabilité de surveiller de grands feux allumés sur la plage, une méthode qui n'est pas tant pour faire cuire du sel que pour faire échouer des navires sur l'île, une méthode primordiale pour que le village puisse survivre.
Mais tout dérape lorsque des troupes du roi s'échoue et qu'une pandémie arrive...
Embaumé dans une atmosphère intemporelle et quasi-mystique (couplées aux lois ancestrales qui régissent sa communauté), entre celle du Michael Kohlhaas d'Arnaud des Pallières et du Silence de Martin Scorsese, où la belle photographie de Pascale Marin (qui cite totalement celles respectivement, de Jeanne Lapoirie et Rodrigo Prieto) sublime les somptueux paysages de la Corse, Des Feux dans la nuit désarçonne autant qu'il séduit dans sa fable morale délicate et contemplative à la lisière du surnaturel, qui épouse un brin poussivement le récit initiatique et le difficile apprentissage de la vie d'adulte d'un môme naïf et altruiste, coincé dans l'étau de deux pressions anxiogènes - familiale et sociétale - autant qu'il est continuellement confronté à la pauvreté et au deuil - excellent Igor Van Dessel.

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Plombé un brin par sa durée fleuve et son manque de souffle évident (une mise en scène peu ambitieuse couplée à une écriture des personnages limitée), autant qu'il est continuellement relevé par une esthétique grandiose et un jeu d'acteur imposant, le second effort de Lienhard mérite néanmoins férocement le coup d'oeil, ne serait-ce que pour l'expérience profondément saisissante et épurée qu'il propose au coeur d'une nature rugueuse mais magique, enfermant son cadre entre deux immensités indomptables - l'horizontalité de la mer et la verticalité de la montagne -, qui protègent autant qu'elles empoisonnent.


Jonathan Chevrier


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