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[CRITIQUE] : Spiderhead


Réalisateur : Joseph Kosinski
Avec : Chris Hemsworth, Miles Teller, Jurnee Smollett, Charles Parnell,...
Distributeur : Netflix France
Genre : Science-fiction, Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min

Synopsis :
Dans un futur proche, deux détenus revivent leur passé sous l'effet de drogues altérant les émotions et administrées par un directeur visionnaire.



Critique :


Les études sur la psychologie humaines sont tellement truffées d'expériences farfelues que certaines peuvent totalement se voir comme des expérimentations tout droit sortie de la plus lunaire des dystopies SF, puisque tout n'est issu que du cerveau aussi foisonnant que pervers de l'homme.
En ce sens, celle qui est au coeur du Spiderhead de Joseph Kosinski, adaptée de la nouvelle L'Évadé de la Spiderhead de George Saunders, n'a donc rien d'impossible - remember " l'expérience de Stanford " en 1971 -, elle qui suit comment plusieurs détenus d'une prison/forteresse insulaire gérée par le Dr Abnesti (big boss d'Abnesti Pharmaceuticals, qui a plus où moins persuadé le gouvernement fédéral de lui prêter quelques dizaines de prisonniers à sécurité maximale pour servir de cobayes humains), sont soumis à une série d'essais pharmaceutiques sauvages avec des drogues qui manipulent/" régulent " les émotions et actions, en particulier envers les autres détenus.

Copyright Netflix

Si la nouvelle se voulait comme une expérience philosophique jouant sur les notions de libre arbitre et de moralité mises à rude épreuve, le tout sous fond de pensée (très) dangereuse sur une uniformisation forcée de la société, le long-métrage garde ses explorations intactes tout en ne les transcendant jamais vraiment.
La faute - en grande partie - à un script gentiment cynique et pompeux (qui aurait avec plus de finesse, parfaitement correspondu aux tendances cérébralo-perverses de la sensibilité d'un David Cronenberg voire même d'un Steven Soderbergh), qui s'adjuge quelques rebondissements/modifications futiles là où la mise en scène légère et sophistiquée de Kosinski, couplée à un montage fougueux et une partition savoureusement nuancée de Chris Hemsworth (entre le sadisme cartoonesque d'un méchant Bondien et la froideur nonchalante d'un sociopathe), tentent de sauver la casse pour ce blockbuster intelligent qui se rêve plus divertissant qu'il ne l'est, et qui n'est jamais meilleur que lorsqu'il surfe sur l'ironie qui le caractérise (jusque dans sa B.O. furieusement 70s/80s), plus que sur ses penchants sérieux et émotionnels (qui ressemblent tout simplement à du rembourrage maladroit).

Copyright Netflix

N'exploitant jamais efficacement ses nuances sinistres ni même l'ambiguïté de son rapport de force central (on ne sait jamais vraiment pourquoi Abnesti traite Jeff différemment, s'il valorise davantage l'homme comme un potentiel ami où un jouet humain pour aiguiser ses compétences en matière de manipulation et d'intimidation) au point que sa philosophie insensée sur le libre arbitre ne sonne jamais nouvelle (oui, les êtres humains font déjà du mal à ceux qu'ils aiment tout le temps, sans avoir besoin de drogues futuristes); Spiderhead diverti mais rate le coche de donner une vision subversive et plus sournoise de l'âme humaine, en (se) persuadant (soit par utopisme, soit par naïveté stupide) que l'homme ne peut pas être foncièrement mauvais où auto-destructeur sans être dirigé sur cette voie.
Not quite our tempo.


Jonathan Chevrier


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