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[CRITIQUE] : Elizabeth, Regard(s) Singulier(s)


Réalisateur : Roger Michell
Avec : -
Distributeur : Pathé Live / Originals Factory
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Britannique
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Elizabeth, Regard(s) Singulier(s) est un portait cinématographique unique, moderne et exaltant d’une reine hors normes mais aussi d’une femme : touchante, espiègle, insaisissable. Réalisé par Roger Michell, ce film inédit offre un regard original sur son règne à la longévité inégalée qui a profondément marqué l’histoire des XX et XXI siècles.


Critique :


En février dernier, nous fêtions les soixante-dix ans du règne de la reine d’Angleterre, Sa Majesté Elizabeth II. Un jubilé de platine jamais égalé dans l’histoire de la Couronne. Les festivités de cette célébration rare se tiendront du 2 au 5 juin prochain. Pour l’occasion, le regretté Roger Michell, décédé récemment, a réalisé un documentaire constitué uniquement d’images d’archives. Elizabeth, Regard(s) Singulier(s) retrace soixante-dix d’une vie riche et réglementée par le protocole royal. Le film sera diffusé en séance unique le 2 juin dans les cinémas Pathé.

Que dire qui n’a pas déjà été dit ? Que faire qui n’a pas déjà été fait ? En soixante-dix ans, la reine d’Angleterre a fait couler beaucoup d’encre et à engendrer des kilomètres de pellicules, où sont gravées à jamais son air calme, discipliné et son fameux mouvement de la main pour saluer ses sujets. Le projet semblait titanesque et casse-gueule. Il fallait un flegme tout britannique pour mener à bien pareil film. Roger Michell, dont c’est malheureusement le dernier film, a choisi un procédé encore plus compliqué. Faire revivre le règne d’Elizabeth uniquement par des images d’archives. Le documentaire plonge dans le passé, puis revient au présent et brosse un portrait peu banal d’une femme qui aura marqué les XXe et XXIe siècles.

© Suzanne Plunkett / PA Images / Alamy Stock Photo

Elizabeth, Regard(s) Singulier(s) questionne le regard que l’on pose sur la reine. Car sous la carapace royale se cache la femme, celle que l’on a si peu vu durant ces années. Pourtant, les caméras du monde entier ont tenté, jour après jour, de percer le mur. Inhumaine ? Glaciale ? C’est ce que l’on voit quand elle apparaît en visite officielle, dans un tailleur immaculé, lisant d’une voix morne mais puissante le discours que ses secrétaires lui ont écrit. Le protocole royal est intransigeant et dès les débuts de son règne, Elizabeth s’y est pliée et s’y est retranchée. Il faut paraître avenante, pleine d’esprit tout en gardant une façade princière. Elle a serré la main au monde entier : politiques, stars, Marilyn Monroe, les Beatles, … mais elle n’a jamais vraiment partager ses sentiments. Ils restent hors de portée, au sein de Buckingham Palace. Et si, pour la comprendre, il fallait lire entre les lignes ? Un geste, une parole, un regard capté par des focales toujours braquées sur elle. Lire entre les lignes de l’intransigeance protocolaire pour ne plus voir la reine mais la femme. Une femme qui a dû se forger au travers des regards que l’on a posé sur elle. Il n’y a peut-être que le cinéma et la magie du montage qui peuvent lui offrir un bel hommage.

© Reuters via British Pathé

Les différentes parties du film de Roger Michell s'attardent sur des petits riens qui viennent former un nouveau tout, une nouvelle façade à explorer. Sa passion pour les chevaux, son humour et sa malice. Sa dureté aussi, face à la responsabilité de la Couronne, qu’elle transmet à Charles (avec le drame que l’on connaît…). Sa volonté de fer. Son amour pour Philipp (décédé l’année dernière) et son amour pour sa nation. Cependant, le film ne peut qu’aborder avec légèreté cette figure devenue mythique. S’il y a bien une chose dans laquelle Elizabeth a excellé, c’est de se donner au monde tout en conservant sa vie privée. Un équilibre souvent instable qu’elle a réussi à contenir comme jamais auparavant.

Évidemment, le documentaire a été réalisé spécialement pour le jubilé de platine, de ce fait il ne faudra pas s’attendre à ce qu’il s’attarde sur les parts d’ombres de son règne. Diana Spencer n’est qu’à peine effleurée, ainsi que les nombreuses crises (économiques et sociales) qui ont secoué l’Angleterre depuis son couronnement. Elizabeth, Regard(s) Singulier(s) n’existe que pour célébrer Elizabeth II, pour célébrer une vie singulière dans la vie royale d’Angleterre, celle qui a dû incarner un espoir d’après-guerre, tenace et bien vivante. Malgré un taux de complaisance élevé, on ne peut que passer un agréable moment face à ce documentaire plein d’esprit et de dérision. La reine sous tous les angles, de la mère à la femme désirable, de la fana d’équitation à l’incarnation humaine de la Couronne.


Laura Enjolvy


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