[CRITIQUE] : En route pour l'avenir

Réalisatrice : Sofia Alvarez
Acteurs : Emma Pasarow, Belmont Cameli, Andie MacDowell, Dermot Mulroney, Kate Bosworth,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Romance, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min

Synopsis :
L'été précédant la rentrée universitaire, Auden rencontre le mystérieux Eli, insomniaque comme elle. Alors que les habitants de la ville de Colby dorment à poings fermés, les deux amis parcourent ses rues. Auden découvre peu à peu la vie d'adolescente épanouie et insouciante dont elle ignorait avoir envie.

Critique :

Dégainant un message positif sans jamais être trop niais ni moralisateur,#EnRoutePourLAvenir à beau être ce qu'il est (une comédie romantique adolescente qui ne quitte jamais le terrain balisé du genre), il n'en reste pas moins un effort qui ne prend jamais son spectateur de haut pic.twitter.com/6Vp4oyIWBr
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 7, 2022

Si la réponse est sans doute encore plus facile à donner qu'elle n'en a l'air, la question reste suffisamment pertinente pourtant, pour être posée : pourquoi sommes-nous si attirés par les comédies romantiques vissées sur les adolescents, ce sous-genre tellement fragile et usé jusqu'à la moelle de la romance - aussi bien sur le petit que sur le grand écran -, qu'il ne peut décemment plus rien produire d'original même avec la plus futée des plumes qui soit.
Pourquoi sommes-nous si impatients parfois, de revisiter ce vieux paysage de l'enfer composé à 99% de productions interchangeables, dont la prévisibilité n'a d'égale que son manque cruel d'envie de faire dérailler une mécanique savamment huilée depuis des lustres.
Peut-être parce qu'elles convoquent des souvenirs plus ou moins heureux pour chacun de nous, voire même une sorte de vision fantasme très americanisé de ce qui a pu/aurait pu être notre vie adolescente.

Où peut-être alors parce que l'on a tout simplement des coeurs d'artichauts et que l'on aime bien - un peu sadiquement - se faire du bien (ou du mal, selon les péloches) en se laissant aller à ce genre d'union synaptique entre plaisir (coupable) et nostalgie réconfortante...
Along For The Ride - En Route pour l'avenir par chez nous -, adaptation du roman YA populaire de Sarah Dessen chapeautée par Sofia Alvarez (scénariste sur la trilogie To All The Boys), est clairement de ce bois là, sorte de melting-pot de références diverses qui nourrit autant la narration que les interactions entre les personnages; une sorte de vocabulaire métaphysique - toute propension gardée - tant ils sont également liés à leur propre histoire cinématographique.
Pourtant, et contre toute attente il est vrai, la maturité qui se dégage de cette romance/quête initiatique moins convenue qu'elle n'en à l'air, étonne et séduit dans le sens où chaque protagoniste existe déjà par lui-même et connaît sa valeur, et ce n'est pas tant dans leur romance que dans leur interaction avec les autres lors d'un été charnière (la fin du lycée) où ils rompent peu à peu avec leurs habitudes solitaires, qui leur permet de goûter un peu à l'innocence de leur âge, qu'à incarner une meilleure version d'eux-mêmes.
Alors certes, difficile de donner énormément de crédits à un teen movie qui cherche à déconstruire les clichés faciles, tout en se complaisant volontairement dedans (cet éternel jeunesse blanche et privilégiée) et pourtant, sa volonté de ne pas totalement correspondre aux attentes et de ne pas enchaîner les rebondissements factices pour nourrir une narration artificielle (les deux jeunes héros prennent tout du long des décisions prudentes et sages autant pour eux-mêmes que pour les autres).

Dégainant un message positif (le sempiternel " toujours être soi-même ") sans jamais être trop niais ni moralisateur, élégamment mis en scène (la facture est toujours aussi lumineuse et soignée) et bien interprété (l'alchimie entre une Emma Pasarow touchante et un Belmont Cameli rappelant feu Heath Ledger, est plutôt convaincante); Along For The Ride à beau être ce qu'il est - une romcom adolescente qui ne quitte jamais le terrain balisé du genre -, il n'en est pas moins un effort qui ne prend jamais son spectateur de haut.
Et franchement, c'est déjà pas mal.

Jonathan Chevrier