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[CRITIQUE] : Toute une nuit sans savoir


Réalisateur : Payal Kapadia
Avec : -
Distributeur : Norte Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Indien, Français.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Quelque part en Inde, une étudiante en cinéma écrit des lettres à l’amoureux dont elle a été séparée. A sa voix se mêlent des images, fragments récoltés au gré de moments de vie, de fêtes et de manifestations qui racontent un monde assombri par des changements radicaux. Le film nous entraine dans les peurs, les désirs, les souvenirs d’une jeunesse en révolte, éprise de liberté.



Critique :


Il est assez rare de voir des premiers efforts, et encore plus des documentaires enlacant réalité et fiction, transformer un kaléidoscope d'images diverses et variées (toutes tirées de smartphones, de caméscopes, de vidéosurveillance où même de journaux d'actualités) en une oeuvre organique incarnant une formidable et douloureuse ode à la résistance, ici au coeur de l'Inde contemporaine.
Encadré par des lettres d'amour fictives d'une étudiante en cinéma nommée "L" à son amant avec qui elle est séparé, à une heure où le contexte social était on ne peut plus bouillant (lors de la mousson de 2015, les étudiants du FTII - Film & Television Institute of India -, financé par l'État, ont appelé à une grève massive contre la nomination de leur nouveau président, Narendra Modi), Toute une nuit sans savoir de Payal Kapadia joue la carte de la narration fictive aussi lyrique qu'intime pour mieux pointer les contradictions politiques de l'Inde.

Copyright Norte

Avec une histoire d'amour victime elle-même du castéisme de la société indienne, qui sert autant de corps à sa narration que de catalyseur tout aussi passionné à son penchant politique, le documentaire se fait un regard aussi intimiste et perçant que désapprobateur sur les contraditions sociales et politiques au cœur du gouvernement oppressif et nationaliste de Narendra Modi, entre mépris de classe et violences/brutalités assumées envers ce qu'il considère comme des marginaux.
Rumination poétique sur le pouvoir de la mémoire et de l'activisme politique, convoquant délibérément le cinéma soviétique dans son montage perturbant délibérément la linéarité du temps, Toute une nuit sans savoir s'inscrit pleinement dans la droite lignée d'un cinéma politique radical, inspirant et documentant la rébellion face à l'effondrement du monde et de l'humanité.
Une célébration non seulement de la mobilisation et de la résistance, mais aussi de la nécessité de l'acte artistique comme une arme politique face à l'oppression et au désespoir.


Jonathan Chevrier


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