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[CRITIQUE] : Soy Libre


Réalisatrice : Laure Portier
Avec : Arnaud Gomez et Jacqueline Puygrenier.
Distributeur : Les Alchimistes
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h18min.

Synopsis :
Arnaud, c’est mon petit frère. Un jour, je me suis rendue compte qu’il était déjà grand. Il est né là où on ne choisit pas et cherche ce qu’il aurait dû être. Libre.



Critique :


La force indiscutable du septième art est qu'il permet à tout cinéaste, chevronné comme en herbe, d'aborder tous les sujets possibles et inimaginables, avec pour seul contrainte (au-delà des questions de budgets et autres moyens divers évidemment) celles que l'on s'impose.
Libre alors au spectateur de se laisser emporter ou non par ses propositions, certaines étant plus hermétiques et/ou singulières que d'autres.
Le documentaire Soy Libre, premier long-métrage de Laure Portier, est clairement de ce bois-là tant il ne donne pas où peu d'éléments à son auditoire, autant qu'il ne se facilite pas la tâche dans sa grande ambition : dresser le portrait intime et anti-fictionnel sur plusieurs années, par bribes soigneusement choisies, d'un adolescent énergique à l'enfance douloureuse et aux multiples séjours derrière les barreaux des centres de détention pour mineurs.

Copyright Perspective Films

Un effort qui prend une toute autre résonance (légitimité ?) lorsque l'on réalise qu'Arnaud est tout simplement son frère, donnant dès lors à cette capture d'odyssée/fuite en avant certes pas exempt de heurts (comme dans toute dynamique frère/soeur), une bienveillance chaleureuse.
Lancé dans une quête sincère de liberté - tout est dans le titre -, lassé par une vie brinquebalé entre détentions, familles d'accueil, logements sociaux aux milieux des immenses barres d'immeubles (véritables prisons sociales à ciel ouvert) et choix douteux (la petite criminalité, les blacks blocks,...) Arnaud quitte la cité Toulousaine pour l'Espagne puis pour le Pérou, décidé à rebattre les cartes d'un destin qui ne lui a décemment pas fait de cadeau, et à construire par la force de son courage, la vie simple et banale dont il rêve.
Tirant sa force de ce qui est pourtant sa plus grande faiblesse (sa mise en scène très artisanale, au final presque accessoire), Soy Libre se fait un récit d'émancipation aussi prenant et troublant que profondément désenchanté, même s'il laisse sans doute un peu trop de questions sans réponse à l'arrivée.


Jonathan Chevrier