[CRITIQUE] : Cyrano
Réalisateur : Joe Wright
Avec : Peter Dinklage, Haley Bennett, Kelvin Harrison Jr., Ben Mendelsohn,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Comédie Musicale.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min
Synopsis :
Cyrano De Bergerac est un homme bien en avance sur son temps qui brille autant par la dextérité de sa répartie que par celle de son épée. Mais persuadé que son apparence le prive à jamais de l’amour de celle qui lui est chère, la resplendissante Roxanne, il ne se résout pas à lui avouer sa flamme, la laissant ainsi succomber aux charmes du beau Christian.
Critique :
Pour tous ceux ayant vu sa (splendide) réappropriation théâtrale et savoureusement expérimentale du mythe Anna Karenine, l'idée de voir Joe Wright s'approprier la pièce légendaire d'Edmond Ronstand avait quelque chose de tendrement alléchant, une invitation vers un univers certes singulier mais intimement familier où la tragédie épouse cette fois les contours excitants de la comédie musicale.
Porté par la plume de la dramaturge Erica Schmidt, déjà derrière la pièce dont le film se fait l'adaptation directe (et qui avait déjà son mari Peter Dinklage, pour rôle titre), Cyrano est une nouvelle occasion, peut-être même plus excentrique, pour le cinéaste de mettre en images les affres de l'amour et de se rapprocher encore un peu plus de cinéma béni de Jane Campion, sans doute la seule cinéaste contemporaine à comprendre pleinement et retranscrire la grâce lumineuse et la douloureuse tragédie tapie derrière le sentiment amoureux.
Si l'écriture ôte à son romantique héros son nez démesuré pour le parer d'une " différence " plus commune - une petite taille - mais qui ravive encore plus la tragédie au coeur de l'histoire, cette énième adaptation garde cependant les mêmes rouages narrarifs.
Soit Cyrano, un homme doué d'esprit, de ruses et de compétences étonnantes épée en main (des compétences qui l'élève pleinement au-dessus de son rang), qui aspire depuis tout jeune à ravir le coeur de l'intelligente et charmante Roxanne, sa meilleure amie.
Elle, est cependant tombée amoureuse d'un beau jeune soldat nommé Christian De Neuvillette, bien moins habile avec la langue de Shakespeare, mais elle refuse surtout d'épouser le grotesque duc De Guiche.
Il fait alors appel à l'aide de Cyrano pour écrire des lettres d'amour, un arrangement tortueux qui permet néanmoins à Cyrano d'exprimer ses vrais sentiments, pendant qu'un autre homme séduit l'objet de ses affections...
Dès son ouverture douce et lancinante, vissée sur la nostalgique ode à l'amour " Something to Say " chantée par Roxanne, Wright met immédiatement cette adaptation en conversation avec le continuum cinématographique des autres adaptations de l'oeuvre de Ronstand (entre les versions de 1950 et de 1990, incarnées respectivement par José Ferrer et Gérard Depardieu) voire même de tous les précédents efforts du cinéaste, tout en se distinguant inventivement de toutes les comédies musicales de récentes mémoires.
Des ballades d'Aaron Dessner et Bryce Dessner, qui donnent à cette histoire d'amour épique et mélancolique une verve élégante, à une mise en scène renversante qui sublime les élans du coeur autant que les mouvements poétiques du corps (superbe travail sur les costumes de Massimo Cantini Parrini et Jacqueline Durran), Cyrano se veut tout du long comme un vertige spectaculaire et enivrant digne des comédies musicales grandioses de l'âge d'or de la MGM.
Même la partition du casting est au diapason, d'Haley Bennett (qui donne à sa Roxanne une profondeur surprenante et hypnotique) à Ben Mendelsohn (savoureusement méchant, vicieux et impitoyable), en passant par Kelvin Harrison Jr (à la prestation innocente et charmante, et l'alchimie de son union avec Bennett est irrésistible) et surtout Peter Dinklage, dans ce qui pourrait être la meilleure performance de sa carrière, capturant le large éventail émotionnel de son personnage (entre artiste vantard, admirateur morose, confident blessé et héros de guerre vulnérable), sans se perdre dans ses élans théâtraux.
Dans un monde idéal - ou tout simplement un poil plus juste -, la magie impressionniste qui anime ce Cyrano n'aurait pas connu une sortie technique en salles et Peter Dinklage aurait eu, au moins, une nomination aux oscars pour sa performance...
Jonathan Chevrier
Avec : Peter Dinklage, Haley Bennett, Kelvin Harrison Jr., Ben Mendelsohn,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame, Romance, Comédie Musicale.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min
Synopsis :
Cyrano De Bergerac est un homme bien en avance sur son temps qui brille autant par la dextérité de sa répartie que par celle de son épée. Mais persuadé que son apparence le prive à jamais de l’amour de celle qui lui est chère, la resplendissante Roxanne, il ne se résout pas à lui avouer sa flamme, la laissant ainsi succomber aux charmes du beau Christian.
Critique :
Des ballades qui donnent à son histoire d'amour épique une verve mélancolique, à sa mise en scène renversante qui sublime les élans du coeur autant que les mouvements poétiques du corps, #Cyrano incarne un vertige spectaculaire digne des comédies musicales de l'âge d'or de la MGM pic.twitter.com/WwaQvioIJP
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 30, 2022
Pour tous ceux ayant vu sa (splendide) réappropriation théâtrale et savoureusement expérimentale du mythe Anna Karenine, l'idée de voir Joe Wright s'approprier la pièce légendaire d'Edmond Ronstand avait quelque chose de tendrement alléchant, une invitation vers un univers certes singulier mais intimement familier où la tragédie épouse cette fois les contours excitants de la comédie musicale.
Porté par la plume de la dramaturge Erica Schmidt, déjà derrière la pièce dont le film se fait l'adaptation directe (et qui avait déjà son mari Peter Dinklage, pour rôle titre), Cyrano est une nouvelle occasion, peut-être même plus excentrique, pour le cinéaste de mettre en images les affres de l'amour et de se rapprocher encore un peu plus de cinéma béni de Jane Campion, sans doute la seule cinéaste contemporaine à comprendre pleinement et retranscrire la grâce lumineuse et la douloureuse tragédie tapie derrière le sentiment amoureux.
Copyright 2021 Metro-Goldwyn-Mayer Pictures Inc. All Rights Reserved. |
Si l'écriture ôte à son romantique héros son nez démesuré pour le parer d'une " différence " plus commune - une petite taille - mais qui ravive encore plus la tragédie au coeur de l'histoire, cette énième adaptation garde cependant les mêmes rouages narrarifs.
Soit Cyrano, un homme doué d'esprit, de ruses et de compétences étonnantes épée en main (des compétences qui l'élève pleinement au-dessus de son rang), qui aspire depuis tout jeune à ravir le coeur de l'intelligente et charmante Roxanne, sa meilleure amie.
Elle, est cependant tombée amoureuse d'un beau jeune soldat nommé Christian De Neuvillette, bien moins habile avec la langue de Shakespeare, mais elle refuse surtout d'épouser le grotesque duc De Guiche.
Il fait alors appel à l'aide de Cyrano pour écrire des lettres d'amour, un arrangement tortueux qui permet néanmoins à Cyrano d'exprimer ses vrais sentiments, pendant qu'un autre homme séduit l'objet de ses affections...
Dès son ouverture douce et lancinante, vissée sur la nostalgique ode à l'amour " Something to Say " chantée par Roxanne, Wright met immédiatement cette adaptation en conversation avec le continuum cinématographique des autres adaptations de l'oeuvre de Ronstand (entre les versions de 1950 et de 1990, incarnées respectivement par José Ferrer et Gérard Depardieu) voire même de tous les précédents efforts du cinéaste, tout en se distinguant inventivement de toutes les comédies musicales de récentes mémoires.
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Des ballades d'Aaron Dessner et Bryce Dessner, qui donnent à cette histoire d'amour épique et mélancolique une verve élégante, à une mise en scène renversante qui sublime les élans du coeur autant que les mouvements poétiques du corps (superbe travail sur les costumes de Massimo Cantini Parrini et Jacqueline Durran), Cyrano se veut tout du long comme un vertige spectaculaire et enivrant digne des comédies musicales grandioses de l'âge d'or de la MGM.
Même la partition du casting est au diapason, d'Haley Bennett (qui donne à sa Roxanne une profondeur surprenante et hypnotique) à Ben Mendelsohn (savoureusement méchant, vicieux et impitoyable), en passant par Kelvin Harrison Jr (à la prestation innocente et charmante, et l'alchimie de son union avec Bennett est irrésistible) et surtout Peter Dinklage, dans ce qui pourrait être la meilleure performance de sa carrière, capturant le large éventail émotionnel de son personnage (entre artiste vantard, admirateur morose, confident blessé et héros de guerre vulnérable), sans se perdre dans ses élans théâtraux.
Dans un monde idéal - ou tout simplement un poil plus juste -, la magie impressionniste qui anime ce Cyrano n'aurait pas connu une sortie technique en salles et Peter Dinklage aurait eu, au moins, une nomination aux oscars pour sa performance...
Jonathan Chevrier