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[CRITIQUE] : Ambulance


Réalisateur : Michael Bay
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II, Eiza González, Garret Dilahunt, Keir O'Donnell,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Thriller, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h16min.

Synopsis :
Will Sharp, un vétéran décoré fait appel à la seule personne indigne de confiance, son frère adoptif Danny pour trouver l’argent afin de couvrir les frais médicaux de sa femme. Ce dernier, un charismatique criminel au long cours, au lieu de lui donner de l’argent, lui propose un coup : le plus grand braquage de banque de l’histoire de Los Angeles : 32 millions de dollars. Will, prêt à tout pour sauver sa femme, accepte. Mais quand leur affaire prend un tour spectaculairement désastreux, les deux frères n’ont pas d’autre choix que de détourner une ambulance avec à son bord un vieux flic mortellement blessé et l’ambulancière Cam Thompson. Pendant la course poursuite infernale qui s’ensuit, Will et Danny vont devoir échapper aux forces de l’ordre surmotivées postées aux 4 coins de la ville, tenter de garder leurs otages en vie et éviter de s’entre tuer tout en exécutant l’évasion la plus spectaculaire que la ville de Los Angeles n’ait jamais vue.



Critique :

Mouvements de caméra vertigineux et savamment orchestrés, explosions furieusement spectaculaires, poursuites en voiture à grande vitesse et défiant gentiment les lois de la gravité ou encore des fusillades généreuses; le cinéma kaboom et esthétiquement criard de Michael Bay est presque un sous-genre à lui tout seul, et c'est ce qui en fait tout sa singularité mais surtout tout son charme pour les aficionados de cinéma musclé qui tâche.
C'est dire donc la joie toute particulière qu'il y a de s'abandonner dans toutes les impossibilités qu'il met en scène avec une fougue toujours aussi prégnante, dans son bien nommé Ambulance, autant remake du film danois éponyme de Laurits Munch-Petersen qu'un retour nostalgique au coeur des 90s, avec des références/révérences assumées à Heat, Dog Day Afternoon où même Speed.

Copyright 2021 Universal Studios. All Rights Reserved.

Si 6 Underground était entravée - entre autres -, par les limites d'une sortie sur le petit écran, l'urgence et l'énergie folle qui animent Ambulance menacent elles de carrément en sortir et ce, même si le style outrancier et la sur-iconisation du cinéaste est passablement sur la retenue en comparaison de ses apologies de la destruction massive précédentes, même s'il n'hésite pas à se laisser aller parfois à quelques excès explosifs voire même à quelques actes d'auto-mythification en faisant références à sa propre filmographie.
Au travers d'un thriller R rated (avec une violence qui justifie pleinement ce classement) gentiment porté vers l'action jouissive et régressive, le scénario de Chris Fedak, qui n'use au fond que de la trame original de celui de Laurits Munch-Petersen, dégaine une charge féroce envers le pays de l'Oncle Sam et son dysfonctionnement institutionnel.
De son système de santé totalement indifférent si vous n'avez pas l'argent pour payer une chirurgie vitale à un gouvernement qui laisse tomber sans sourciller ses anciens combattants une fois qu'ils ne son plus sur le champs de bataille à " défendre la liberté ", en passant par une application de la loi qui a toujours un doigt (trop) ferme sur la gâchette; l'Amérique en prend plein la poire dans ce jeu du chat et de la souris motorisé au coeur d'une cité des Anges sublimée sous les explosions et les impacts de balles.

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C'est face à tous ses travers ricains qu'est confronté Will Sharp, vétéran décoré de la guerre en Afghanistan désormais au chômage et complètement délaissé par sa mère patrie, dont la femme Amy, est atteinte d'un cancer qui nécessite une opération extrêmement coûteuse.
Désespéré, il ne peut que se tourner que vers son frère adoptif Danny, braqueur de banque de carrière comme leur violent paternel (et qui à même suivi un an de formation à l'académie de police pour comprendre leur mode de fonctionnement)
Mais au lieu de lui prêter la dite somme, Danny lui fait une place toute particulière au coeur de son prochain braquage, avec comme butin pas moins de 32 millions de dollars en liquide.
Will accepte, le braquage - évidemment - déraille et les deux frangins sont obligés de s'enfuir en volant une ambulance, prenant le flic blessé sur lequel Will a tiré et une infirmière, Cam Thompson, en otages...
Jouant totalement sur la dynamique des contrastes entre les deux frères (un criminel blanc riche et égoïste vs un père de famille afro-américain honnête, intègre et ancien soldat), pour mieux pointer la toxicité qui les unit (Danny use sans pitié de son amour fraternel comme d'une arme, mettant en danger un Will désespéré de sauver sa femme, tandis que celui-ci se sent toujours obligé de rester avec son grand frère et de le protéger), Bay tutoie une urgence émotionnelle qui lui était jusqu'ici presque étrangère, au-delà de la relation fraternellement amicale aux dynamiques dominé/dominant qui unissait ces héros de Bad Boys et Pearl Harbor.

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Une preuve d'évolution (maturité ?) qui se retrouve jusque dans le traitement de son personnage féminin principal (sans doute le premier non-bâclé de sa filmographie), Cam Thompson, introduite de manière un brin expéditive - comme les frangins et les personnages plus mineurs qui gravitent autour d'eux - mais qui s'extirpe dès le départ des potentiels clichés ambulants qui pourraient lui coller à la peau (une jeune femme hispanique très séduisante, il en aurait fallu moins pour que le blockbuster moyen ne voit pas plus loin que cela).
À tel point que la narration lui appartient autant qu'aux Sharp, et si le film commence comme s'il était celui de Will, il se termine clairement entre ses mains.
Dans la scène d'introduction, elle sauve une jeune fille d'un accident de voiture et l'emmène à l'hôpital en une poignée de minutes, pas même plus de temps que pour s'enfiler des enchiladas.
Au fil du temps, cette jeune femme extrêmement compétente et aux principes aussi bien dessinés que son caractère (au point que personne ne veut vraiment faire équipe avec elle), s'est émotionnellement détachée des vies qu'elle sauve au jour le jour, tout simplement pour ne plus jamais avoir à endurer la douleur de perdre un patient.
Mais le cauchemar qu'elle subit en tant qu'otage est in fine exactement ce dont elle avait besoin pour recommencer à se soucier et à se (re)connecter aux gens.

Copyright 2021 Universal Studios. All Rights Reserved.

Mais au-delà d'une écriture éprouvé aux rebondissements si ce n'est crédible au moins totalement cohérent pour continuellement injecter de l'élan à cette fuite en avant (même ses quelques saillies grasses et tout en auto-dérision, ne polluent jamais l'intrigue ni les dialogues), c'est véritablement la volonté du cinéaste de ne jamais lever le pied - et ce dès le départ - qui imprime le plus la rétine.
Les secousses régulières de Bayhem sont constamment appuyées par une mise en scène du chaos absolument démente (des plans vertigineux issus de drones à des coupes hyperkinétiques, tout est fait pour imposer une intensité folle à l'action), qu'épouse sans trembler autant la bande originale éléctrisante de Lorne Wolfe, que la prestation habitée de son casting titre, qui permettent aux spectateurs de rester totalement investis.
Si Eiza González en impose dans la peau de la meilleure infirmière de Los Angeles et que Yahya Abdul-Mateen II est parfait en soldat abandonné par sa patrie et aux prises avec sa conscience (il ne se sacrifie que par amour pour sa femme et sa santé vacillante), c'est une nouvelle fois Jake Gyllenhaal qui impressionne le plus.
Dans une sorte de récital à la Nicolas Cage, il démontre qu'il n'est jamais aussi bon et charismatique que pour dépeindre des figures ambivalentes aussi charmante qu'elles peuvent être dangereuses et auto-destructrices, son humour noir apportant même ici la légèreté indispensable au film.

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Pas dénué de quelques longueurs mais d'une efficacité à toute épreuve, avec Ambulance, le roi du kaboom Michael Bay réfrène sa dépendance excessive aux CGI pour mieux retrouver l'excitation des effets à la dur, dans un sommet d'actionner burné, excessif et naïvement décomplexé à l'écriture - pour une fois - joliment nuancée et amère; un pur shot d'adrénaline emballé avec enthousiasme et sérieux par un sale gosse qui n'a définitivement pas fini de nous en mettre plein la poire.
On t'aime fort Michael, vraiment.


Jonathan Chevrier


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