[FUCKING SERIES] : Drôle saison 1 : Drôlement attachant
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Si l'on a beau arguer avec assez d'insistance que Netflix ne sait pas forcément bien produire français, même si la section long-métrage nous a étonnamment bien cloué le bec ces derniers temps (Balle Perdue où encore Sans Répit), force est d'avouer que rares - déjà, tout court - sont les séries à s'avérer dépasser sans trop trembler le stade du concept un tant soit peu sympathique (même Plan Coeur n'a pas vraiment tenu sur la durée).
Drôle avait, en ce sens, mis les petits plats dans les grands en s'assurant notamment de croquer l'envers du décor de la profession (même si l'on ne peut pas totalement parler de métier vu qu'ils sont rémunérés au lance pierre) de stand-uppeurs amateurs, par le biais de la vision d'une créatrice dont on ne peut que louer l'impact sur la production télévisée récente (au même titre qu'Éric Rochant avec Le Bureau des Légendes), Fanny " Dix pour cent " Herrero.
Pari plutôt réussi dans sa globalité, tant elle y juxtapose ici la même dynamique scénaristique que pour son précédent effort (qui délaisse les paillettes du star-système pour les profondeurs du monde du spectacle parisien), une dissection pas toujours adroite mais qui a pour elle d'être totalement vissée dans les entrailles pas toujours reluisantes de la vie de ceux dont le rêve est de faire carrière sur les planches, en pliant de rires son auditoire, quitte à ce que cela implique de laisser des amis sur le carreau.
Au plus près de quatre artistes aux talents divers tentant leur chance au fictif comedy-club Drôle - Nezir, Aïssatou, Bling et Apolline -, tous à un stade différent de leur carrière, le show dissèque les méandres de cette jungle où faire rire se doit d'être une vocation intime autant qu'une mise à nu publique de soi, cette recherche continue du rire que l'on provoque chez l'autre comme la dose d'une drogue dont on ne peut plus se passer, quitte à ce qu'elle nous consume.
Et c'est là finalement que le bât blesse, tant cette radioscopie plus comédie dramatique que pleinement hilarante (tant mieux) s'avère captivante sur la forme (une réalisation énergique qui va de pair avec une direction artistique inspirée, qui se balade dans toutes les strates de la vie parisienne), dopée par le naturel enchanteur de son excellente galerie de comédiens (Younès Boucif et Mariama Gueye en tête), mais un brin frustrante sur le fond, tant la prévisibilité du moindre arc narratif couplée à une écriture des personnages souvent rudimentaire (et même clichés, tout simplement), annihile dès lors le moindre enjeu dramatique et son impact sur son auditoire - voire même toute potentielle empathie pour certains.
Un écueil sans doute - assurément - à mettre au crédit de sa courte durée (six épisodes), un impératif castrateur qui pourtant, de manière complètement contradictoire, servira potentiellement d'appât attractif pour celles et ceux ayant l'habitude de binge-watcher les séries, où n'ayant tout simplement pas forcément le temps d'y consacrer plus d'une poignée d'heures.
Il n'empêche qu'il est tout de même assez difficile de totalement bouder son plaisir face à se déluge de vannes (souvent) bien senties et ce regard pertinent sur l'envers du décor d'un milieu rugueux qui implique parfois de se renier face au micro et aux écrans, pour percer et garder la lumière sur soi.
Espérons que Netflix lui ouvre grand les portes d'une seconde saison avec un poil plus de mou, histoire qu'elle passe de sympathique découverte mordante à vraie référence.
Jonathan Chevrier
Si l'on a beau arguer avec assez d'insistance que Netflix ne sait pas forcément bien produire français, même si la section long-métrage nous a étonnamment bien cloué le bec ces derniers temps (Balle Perdue où encore Sans Répit), force est d'avouer que rares - déjà, tout court - sont les séries à s'avérer dépasser sans trop trembler le stade du concept un tant soit peu sympathique (même Plan Coeur n'a pas vraiment tenu sur la durée).
Drôle avait, en ce sens, mis les petits plats dans les grands en s'assurant notamment de croquer l'envers du décor de la profession (même si l'on ne peut pas totalement parler de métier vu qu'ils sont rémunérés au lance pierre) de stand-uppeurs amateurs, par le biais de la vision d'une créatrice dont on ne peut que louer l'impact sur la production télévisée récente (au même titre qu'Éric Rochant avec Le Bureau des Légendes), Fanny " Dix pour cent " Herrero.
Copyright Mika Cotellon/Netflix |
Pari plutôt réussi dans sa globalité, tant elle y juxtapose ici la même dynamique scénaristique que pour son précédent effort (qui délaisse les paillettes du star-système pour les profondeurs du monde du spectacle parisien), une dissection pas toujours adroite mais qui a pour elle d'être totalement vissée dans les entrailles pas toujours reluisantes de la vie de ceux dont le rêve est de faire carrière sur les planches, en pliant de rires son auditoire, quitte à ce que cela implique de laisser des amis sur le carreau.
Au plus près de quatre artistes aux talents divers tentant leur chance au fictif comedy-club Drôle - Nezir, Aïssatou, Bling et Apolline -, tous à un stade différent de leur carrière, le show dissèque les méandres de cette jungle où faire rire se doit d'être une vocation intime autant qu'une mise à nu publique de soi, cette recherche continue du rire que l'on provoque chez l'autre comme la dose d'une drogue dont on ne peut plus se passer, quitte à ce qu'elle nous consume.
Et c'est là finalement que le bât blesse, tant cette radioscopie plus comédie dramatique que pleinement hilarante (tant mieux) s'avère captivante sur la forme (une réalisation énergique qui va de pair avec une direction artistique inspirée, qui se balade dans toutes les strates de la vie parisienne), dopée par le naturel enchanteur de son excellente galerie de comédiens (Younès Boucif et Mariama Gueye en tête), mais un brin frustrante sur le fond, tant la prévisibilité du moindre arc narratif couplée à une écriture des personnages souvent rudimentaire (et même clichés, tout simplement), annihile dès lors le moindre enjeu dramatique et son impact sur son auditoire - voire même toute potentielle empathie pour certains.
Copyright Mika Cotellon/Netflix |
Un écueil sans doute - assurément - à mettre au crédit de sa courte durée (six épisodes), un impératif castrateur qui pourtant, de manière complètement contradictoire, servira potentiellement d'appât attractif pour celles et ceux ayant l'habitude de binge-watcher les séries, où n'ayant tout simplement pas forcément le temps d'y consacrer plus d'une poignée d'heures.
Il n'empêche qu'il est tout de même assez difficile de totalement bouder son plaisir face à se déluge de vannes (souvent) bien senties et ce regard pertinent sur l'envers du décor d'un milieu rugueux qui implique parfois de se renier face au micro et aux écrans, pour percer et garder la lumière sur soi.
Espérons que Netflix lui ouvre grand les portes d'une seconde saison avec un poil plus de mou, histoire qu'elle passe de sympathique découverte mordante à vraie référence.
Jonathan Chevrier