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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #72. La Nuit des Horloges

Copyright Norbert Marfaing-Sintes/Avia Films/Les Films ABC

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !


#72. La Nuit des Horloges de Jean Rollin (2008)

En 2007, Jean Rollin réalisait son film le plus intimiste et méta de sa carrière.
La Nuit des Horloges suit Isabelle, une jeune femme qui hérite de la maison de campagne de son cousin, le réalisateur et écrivain Michel Jean. Elle ne l'a vu qu'une fois, mais il a laissé un très fort souvenir dans sa mémoire. Elle va voir sa tombe au Père-Lachaise, puis sa maison. Les deux lieux sont hantés par les personnages et fantasmes de son cousin.


Un film testamentaire

Sorti cinq ans après, La Fiancée de Dracula, La Nuit des Horloges est un film testamentaire, totalement déconstruit, revenant sur une grosse partie de la carrière cinématographique de Jean Rollin, via des flash-backs aléatoires. De plus, le long-métrage prend le temps de s'installer, s'appuie sur les thèmes et objets qui sont chers au réalisateur du Viol du Vampire (Le Vampirisme, Les Horloges, La Nudité). Pour autant, nous ne tombons pas de le nanar puisque son discours est sincère et nous assistons à la fin de carrière d'un réalisateur controversé, qui a essayé durant des années de défendre son cinéma.
C'est un film très méta, d'ailleurs le cousin dénommé Michel Jean, n'est que l'inversion du vrai prénom de Jean Rollin. Plusieurs comédiens reviennent, afin de lui dire un dernier au revoir, parfois dans leur rôle emblématique.
Parmi ces derniers, on retrouve notamment, Sabine Lenoël (La Fiancée de Dracula), Nathalie Perrey (Fascination), Jean-Loup Philippe (Lèvres de Sang) et la saisissante Dominique (Requiem pour un Vampire).
Je regrette la non-présence physique de son actrice fétiche, Brigitte Lahaie. On l'aperçoit seulement dans des extraits de films.

Copyright Norbert Marfaing-Sintes/Avia Films/Les Films ABC

Un tournage compliqué


La Fiancée de Dracula est sorti en 2002, il a été mentionné comme étant son meilleur film et Jean Rollin pensait que c'était son dernier. Il n'avait plus tourné depuis 1997, sans doute lassé par les insuccès et les incompréhensions de ses films auprès du public et de la critique.
Mais voilà, l'envie était présente et le réalisateur a une idée en tête qui se nomme La Nuit des Horloges. Il a essayé de trouver un producteur, mais personne ne veut financer son idée farfelue. Pourtant, il voyait ce film comme un aboutissement de sa carrière dans le fantastique, tout en laissant la porte ouverte à d'autres films.
Jean Rollin se retrouve comme pour son premier film (Le Viol du Vampire) sans producteur. Il décide le financer et ne sait pas s'il le terminera un jour.
Comme indiqué dans une interview qu'il a donnée lors de la promotion de ce film, il a été fait en plusieurs morceaux, ce qui montre une nouvelle fois une similitude avec Le Viol du Vampire, qui, pour lui était un ensemble de deux courts-métrages.

Il part à Florence avec son équipe et tourne une vingtaine de minutes dans l'angoissant musée de la Spécola, qui est l'un des plus grands musées de Cire. Les plans sont angoissants, mystérieux, Ovidie circule dans les allées du musée, tombe sur les personnages écrit par Michel Jean. La réalisation est troublante, lente, mais pas désintéressante. Il y a quelques plans d'hypnotiques dans ce film. Le seul point négatif reste le fait de dénuder Ovidie. La scène est forcée et c'est juste un prétexte pour voir la comédienne nue.
À la fin de cette séquence, Jean Rollin retourne à Paris, la monte, ajoute la musique de Philippe D'Aram et la montre à quelques amis.
Puis, son envie de continuer cette expérience est forte. Il réussit à rassembler une certaine somme et tourne au cimetière du Père-Lachaise. Une séquence importante et assez similaire à celle tournée à Florence. Ovidie circule dans les allées, et y est guidée par les personnages créés par Michel Jean. Ce qui permet des inserts gratuits qui n'ont pas vraiment de liens entre eux, mais une certaine nostalgie né dans le regard du réalisateur et chez le spectateur.
Après ce tournage, Jean Rollin décide enfin de terminer le film et à même une subvention de la part de la ville de Limoges.
En se serrant la ceinture et avec une équipe minime, Jean Rollin termine son film le plus ambitieux. Toutefois, en 2010, il reviendra avec Le Masque de la Méduse et projette un tournage d'un autre film, mais il décède avant de concrétiser ce projet.

Copyright Norbert Marfaing-Sintes/Avia Films/Les Films ABC

Ovidie, la révélation

Ovidie est avec Brigitte Lahaie, la comédienne la plus imposante et charismatique qui a joué pour Jean Rollin.
Fragile, énigmatique, forte, Ovidie est une formidable actrice, scénariste et réalisatrice. Cette partie n'est pas écrit que pour son interprétation dans ce film, mais pour la féliciter de son parcours et pour ce qu'elle a pu et ce qu'elle apporte via ses combats, la littérature, la politique et le cinéma.


Un film complexe

J'admets que pour comprendre le film et choper toutes les références, il faut s'accrocher et connaître une partie de la filmographie du réalisateur. Et il a fallu que je regarde la plupart de ses films pour pouvoir comprendre en partie cette ode à la nostalgie.


Jason