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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Alouettes, Le fil à la patte


Réalisateur : Jiri Menzel
Avec : Rudolf Hrusinsky, Vlastimil Brodsky, Václav Neckár,…
Distributeur : Malavida
Budget : -
Genre : Comédie, Drame, Romance.
Nationalité : Tchécoslovaque.
Durée : 1h34min

Date de sortie : 16 mai 1990
Date de ressortie : 23 février 2022

Synopsis :
Années 50. Dans un dépôt de ferraille travaillent des prisonnières, condamnées pour avoir tenté de quitter illégalement le pays et des hommes soupçonnés de ne pas s’enthousiasmer pour le régime. Tout ce petit monde suit avec bienveillance l’amour de Pavel pour la jeune prisonnière Jitka. Lors d’un conflit avec la direction, le communiste Mlikar, le seul volontaire, devient leur porte-parole. Mais il est rapidement arrêté, et disparaît.



Critique :


Au-delà de la chance et du confort assez incroyable que nous offre de nombreux distributeurs, il y a toujours quelque chose de fascinant dans le fait de scruter les premiers efforts de cinéastes acclamés, tant ils permettent parfois de déceler les premières graines de ce qui a constitué un tout au fil du temps.
Sorti sur le tard dans les salles (tourné pendant le « Printemps de Prague » entre 1968 et 1969, le film a longtemps été boycotté par un gouvernement tchécoslovaque paranoïaque), Alouettes, Le fil à la patte du brillant cinéaste tchécoslovaque Jiri Menzel, critique ouverte du régime communiste au coeur des 50s, qui s'avère aussi mûrement réfléchi - puisque tourné deux décennies plus tard - que cruellement en avance sur son temps, à la vue des événements qui se dérouleront dans les années 90.
Comédie lugubre et fantastique à la fois, qui prédit sans le moindre didactisme l'effondrement du socialisme, le film est porté par un burlesque presque Orwelien, où la tragédie épouse la comédie dans une mélodie douce-amère où l'humanité n'est jamais vraiment gagnante.

© 1969 Filmové Studio Barrandov © 2020 Malavida. Tous droits réservés.

L'histoire est vissé dans un dépôt de ferraille où travaillent des prisonnières, condamnées pour avoir tenté de quitter illégalement le pays, et des hommes - des " contre-révolutionnaires " - soupçonnés de ne pas s’enthousiasmer pour le régime.
Toutes les femmes sont pour la plupart aussi fougueuses et jeunes que les hommes sont fatigués et usés.
Lorsque la tension sexuelle monte, celles-ci parviennent à obtenir l'aide de leur gardien de prison, pour obtenir des rendez-vous occasionnels avec les hommes : ils flirtent, philosophent et parfois se faufilent derrière les monticules de ferrailles pour faire l'amour.
Et tout ce petit monde s'entiche pour la romance qui unit un cuisinier Chapliniesque, Pavel, et une prisonnière lumineuse, Jitka...
Humaniste et résolument pas politicienne, la caméra de Menzel est aussi pleine de gaieté que de pitié, tant elle a autant de sympathie pour les opprimés que pour ceux qu'ils les oppriment, eux-mêmes pièce d'un échiquier macabre.
À la fois réquisitoire cinglant de la politique répressive de la Tchécoslovaquie et comédie historico-romantique profondément attachante, Alouettes, Le Fil à la Patte bascule très rarement dans le cynisme pur et regarde droit dans les yeux le totalitarisme, pour mieux lui rire au visage.
Une merveilleuse (re)découverte.


Jonathan Chevrier

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