[CRITIQUE] : À nos enfants
Réalisatrice : Maria de Medeiros
Avec : Marieta Severo, José de Abreu, Laura Castro,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Brésilien.
Durée : 1h47min.
Synopsis :
Vera, qui a combattu la dictature dans les années 70, s’occupe aujourd’hui à Rio d’un orphelinat pour enfants séropositifs. Sa fille, Tania, essaye depuis plusieurs mois, avec sa compagne, Vanessa, d’avoir un enfant par PMA. Entre elles deux, un fossé s’est creusé…
Critique :
Le cinéma de Pedro Almodóvar (et il n'est pas le seul, évidemment, mais sans aucun doute le plus pertinent sur le sujet) nous l'aura prouvé de la plus belle des manières au fil des décennies et des longs-métrages : les relations mères-filles sont un terreau inépuisable de possibilités émotionnelles pour nourrir une oeuvre dramatique.
Quelles que soient les souches qui les divisent ou les tragédies qui les séparent, il y a toujours un lien incassable et tacite qui les unit.
Et c'est une vérité que ne renie absolument la nouvelle réalisation de Maria de Medeiros, À nos enfants, une adaptation d’une pièce de théâtre signée Laura Castro (également co-scénariste et actrice principale du film), vissée sur le face-à-face houleux entre une matriarche et sa progéniture.
Un conflit générationnel et familial entre passé et présent, qui trouve son cadre au coeur du Brésil anxiogène et à la politique extrémiste de Bolsonaro.
Soit Vera, directrice d'un orphelinat flanqué à proximité des favelas de Rio et qui recueille des orphelins séropositifs (dont le nom symbolique, "Positivia", convoque autant le défi médical et intime des enfants recueillis, que l'état d'esprit positif que cette femme courageuse et aimante cherche à leur inculquer), et sa fille Tania, une juriste littéralement acculée par les deux femmes de sa vie (qui accusent continuellement l'autre de la manipuler ce qui, dans un certain sens, n'est pas totalement faux) qui, après de nombreux efforts de fécondation in vitro infructueux et une succession de fausses couches qui a pesé sur l'harmonie du couple qu'elle forme avec sa compagne, s’apprête à avoir un enfant par PMA.
Un choix que ne comprend pas sa mère, elle qui a lutté de tout son être contre la dictature militaire en place au coeur des 70s (elle a été faite prisonnière politique, et a payé de son corps ses convictions humanistes et féministes), une époque de violences et de tortures pour les femmes qui ne cessent de les hanter encore aujourd'hui, alors que le fascisme est de nouveau au pouvoir.
Véritable dialogue de sourds entre deux partis totalement audibles et compréhensibles dans leurs réflexions et choix, une division filiale pourtant pétri d'amour à la narration aussi sensible et complexe qu'elle peut parfois paraître un poil redondante voire même totalement plombée par ses saillies oniriques; À nos enfants se fait un mélodrame passionné et passionnel où le jeu de miroirs entre Vera et Tania (superbes Marieta Severo et Laura Castro), sert de prisme pour mieux nourir autant une observation socialo-généalogique des divisions qui gangrène un Brésil en pleine mutation (classes sociales, racisme, homophobie,...), qu'un questionnement pertinent sur les notions de féminisme et de progressisme.
Une belle oeuvre humaine, contrastée et universelle sur les aspirations/combats divergents de deux femmes unies dans une quête de maternité douloureuse - et pourtant pas dénuée d'humour -, entre hier et aujourd'hui.
Jonathan Chevrier
Avec : Marieta Severo, José de Abreu, Laura Castro,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Brésilien.
Durée : 1h47min.
Synopsis :
Vera, qui a combattu la dictature dans les années 70, s’occupe aujourd’hui à Rio d’un orphelinat pour enfants séropositifs. Sa fille, Tania, essaye depuis plusieurs mois, avec sa compagne, Vanessa, d’avoir un enfant par PMA. Entre elles deux, un fossé s’est creusé…
Critique :
Mélo passionné sur une relation mère-fille contrariée, #ANosEnfants incarne une belle oeuvre humaine, contrastée et universelle sur les aspirations divergentes de deux femmes unies dans une quête de maternité douloureuse (et pourtant pas dénuée d'humour) entre hier et aujourd'hui pic.twitter.com/bAcr42HTq6
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 24, 2022
Le cinéma de Pedro Almodóvar (et il n'est pas le seul, évidemment, mais sans aucun doute le plus pertinent sur le sujet) nous l'aura prouvé de la plus belle des manières au fil des décennies et des longs-métrages : les relations mères-filles sont un terreau inépuisable de possibilités émotionnelles pour nourrir une oeuvre dramatique.
Quelles que soient les souches qui les divisent ou les tragédies qui les séparent, il y a toujours un lien incassable et tacite qui les unit.
Et c'est une vérité que ne renie absolument la nouvelle réalisation de Maria de Medeiros, À nos enfants, une adaptation d’une pièce de théâtre signée Laura Castro (également co-scénariste et actrice principale du film), vissée sur le face-à-face houleux entre une matriarche et sa progéniture.
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Un conflit générationnel et familial entre passé et présent, qui trouve son cadre au coeur du Brésil anxiogène et à la politique extrémiste de Bolsonaro.
Soit Vera, directrice d'un orphelinat flanqué à proximité des favelas de Rio et qui recueille des orphelins séropositifs (dont le nom symbolique, "Positivia", convoque autant le défi médical et intime des enfants recueillis, que l'état d'esprit positif que cette femme courageuse et aimante cherche à leur inculquer), et sa fille Tania, une juriste littéralement acculée par les deux femmes de sa vie (qui accusent continuellement l'autre de la manipuler ce qui, dans un certain sens, n'est pas totalement faux) qui, après de nombreux efforts de fécondation in vitro infructueux et une succession de fausses couches qui a pesé sur l'harmonie du couple qu'elle forme avec sa compagne, s’apprête à avoir un enfant par PMA.
Un choix que ne comprend pas sa mère, elle qui a lutté de tout son être contre la dictature militaire en place au coeur des 70s (elle a été faite prisonnière politique, et a payé de son corps ses convictions humanistes et féministes), une époque de violences et de tortures pour les femmes qui ne cessent de les hanter encore aujourd'hui, alors que le fascisme est de nouveau au pouvoir.
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Véritable dialogue de sourds entre deux partis totalement audibles et compréhensibles dans leurs réflexions et choix, une division filiale pourtant pétri d'amour à la narration aussi sensible et complexe qu'elle peut parfois paraître un poil redondante voire même totalement plombée par ses saillies oniriques; À nos enfants se fait un mélodrame passionné et passionnel où le jeu de miroirs entre Vera et Tania (superbes Marieta Severo et Laura Castro), sert de prisme pour mieux nourir autant une observation socialo-généalogique des divisions qui gangrène un Brésil en pleine mutation (classes sociales, racisme, homophobie,...), qu'un questionnement pertinent sur les notions de féminisme et de progressisme.
Une belle oeuvre humaine, contrastée et universelle sur les aspirations/combats divergents de deux femmes unies dans une quête de maternité douloureuse - et pourtant pas dénuée d'humour -, entre hier et aujourd'hui.
Jonathan Chevrier