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[CRITIQUE] : Bigbug


Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Acteurs : Elsa Zylberstein, Stéphane De Groodt, Isabelle Nanty, Youssef Hajdi, François Levantal,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Science-fiction, Fantastique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h51min.

Synopsis :
En 2045, l’intelligence artificielle est partout. À tel point que l’humanité compte sur elle pour assouvir ses moindres besoins et ses moindres désirs - même les plus inavouables… Dans un quartier résidentiel tranquille, quatre robots domestiques décident soudain de retenir leurs maîtres en otages dans leur propre maison. Enfermés ensemble, une famille pas tout à fait recomposée, une voisine envahissante et son robot sexuel entreprenant sont donc obligés de se supporter dans une ambiance de plus en plus hystérique ! Car, à l’extérieur, les Yonyx, dernière génération d’androïdes, tentent de prendre le pouvoir. Tandis que la menace se rapproche, les humains se trompent, se jalousent, et se déchirent sous les yeux ahuris de leurs robots d’intérieur. Et si, au fond, c’étaient les robots qui avaient une âme… ou pas!



Critique :


On avait laissé le génial Jean-Pierre Jeunet il y a déjà neuf ans avec ce qui restait, à n'en pas douter, l'un de ses plus bels efforts : L’Extravagant Voyage de T.S. Spivet, une gentille et généreuse fable sur l'enfance doublée d'une incroyable vision carte postale d'une Amérique certes un poil idéalisée, mais à la richesse mythologique et visuelle imposante.
Une oeuvre poétique presque hors du temps, perdue dans une quantité de paysages somptueux, magnifiée par les qualités de monteur du bonhomme autant que par une 3D minutieuse - et rarement aussi bien utilisée ses derniers temps.
Une approche fantasmé, chaleureuse et séduisante de l'enfance qui pouvait pas être plus opposé que son dernier effort, Bigbug, fable futuriste et singulière hébergée par Netflix, dont les relans dystopiques de péloches plus ou moins récentes et familières (A.I., Les Mitchell contre les Machines, Wall-e, Black Mirror, Les Jetson,...), ne font que masquer les vacuités d'une narration ne retranscrivant jamais vraiment l'imagination fertile de son auteur, littéralement dévitalisé de son mojo si attachant.

Copyright Bruno Calvo /Netlix

Passé après plus d'une décennie de créations cinématographiques et télévisuelles sondant habilement et sous toutes les coutures possibles ou presque, les craintes de l'évolution technologiques de la société contemporaine autant que son aptitude à si accoutumer (où plutôt à en être affreusement dépendant); BigBug et ses contours de huis clos satirico-prévisible dont les intentions sont peu subtilement dégainées dès son ouverture (une télé-réalité ou les androïdes promènent des êtres humains en laisse), sonne faux si ce n'est profondément vain dans son discours pointant les dérives d'une humanité qui n'a, fondamentalement, plus rien d'humain.
Trop fastidieux dans son humour absurde à deux vitesses pour écorner quoique ce soit, restant beaucoup trop en surface dans l'exploration étirée de sa révolution robotique (une race de robots à l'intelligence artificielle très développée tentent de renverser l'ordre établi, là où les robots domestiques protègent leurs propriétaires et ne veulent pas de révolution... voilà) pour ne pas frustrer, le film n'est pas même sauvé par ses interprètes (pas aidé par une écriture les rendant volontairement stupides, passifs et/ou opportunistes), son excentricité bancale et un aspect rétro-kitsch tentant fragilement de rappeler l'aspect délicieusement daté bandes SF des 60s (qui plus est plombé par des SFX à la ramasse).
Ça fait mal de le dire, mais entre le vaudeville ringard et la pièce dystopico-satirique rouillée sur les travers de la société, Bigbug ne mérite qu'un tour tout droit à la casse...


Jonathan Chevrier