[CRITIQUE] : Uncharted
Réalisateur : Ruben Fleischer
Avec : Tom Holland, Mark Wahlberg, Antonio Banderas, Sophia Taylor Ali, Tati Gabrielle,…
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure, Action.
Nationalité : Américain
Durée : 1h55min
Synopsis :
Nathan Drake, voleur astucieux et intrépide, est recruté par le chasseur de trésors chevronné Victor « Sully » Sullivan pour retrouver la fortune de Ferdinand Magellan, disparue il y a 500 ans. Ce qui ressemble d’abord à un simple casse devient finalement une course effrénée autour du globe pour s’emparer du trésor avant l’impitoyable Moncada, qui est persuadé que sa famille est l’héritière légitime de cette fortune. Si Nathan et Sully réussissent à déchiffrer les indices et résoudre l’un des plus anciens mystères du monde, ils pourraient rafler la somme de 5 milliards de dollars et peut-être même retrouver le frère de Nathan, disparu depuis longtemps… mais encore faudrait-il qu’ils apprennent à travailler ensemble.
Critique :
Il n'y a pas forcément besoin d'être familier aux productions hollywoodiennes, pour réaliser un minimum qu'un blockbuster qui met plus d'une décennie à se concrétiser, et qui plus est lorsqu'il s'agit d'une adaptation d'un jeu vidéo populaire, ne présage rien de bon.
Arlésienne qui virait limite à la private joke de fin de soirée tant le projet a connu mille visages au fil du temps (Nathan Fillion, Zachary Levi, Ryan Reynolds, Jensen Ackles où même Mark Wahlberg ont été considérés comme de potentiels Nathan Drake, sans compter sa toute aussi impressionnante valse de réalisateurs à sa tête), Uncharted a donc enfin vu le jour, prenant les contours non pas d'une adaptation stricto sensu d'un des quatre opus vidéoludiques mais bien d'une refonte en bon et dû forme du personnage, sous fond d'origin story avec toutes les contradictions que cela impose, et un Drake se lançant dans sa première chasse au trésor.
Échouée à Ruben Fleischer et lancée dans le but d'incarner la première pièce d'une wannabe franchise (ce que la narration n'hésite jamais à rappeler de manière plus ou moins agressive), la péloche est étroitement liée à son matériau d'origine au point d'en épouser la même grammaire, histoire de s'assurer aussi bien qu'il n'y ait pas d'obstacles pour les non-initiés (pas besoin d'être un joueur acharné pour découvrir le film), que pour scrupuleusement brosser dans le sens du poil, des aficionados déjà irrités par la tournure tumultueuse du projet - et l'engagement de Tom Holland.
Mais plus que d'en extirper une substantielle moelle mythologique pour nourrir une narration solide et cohérente, Fleischer - pas forcément plus audacieux caméra en main - et sa ribambelle de plumes n'en conservent que les passages obligés (recyclant notamment des séquences fortes des opus 2, 3 et 4), expurgeant leur récit de toutes les petits détails essentiels des parcours physiques et émotionnelles de Drake (ses énigmes et autres pièges inventifs si ludique, qui auraient boostés une première moitié un poil fade), autant qu'elle ne donne aucune profondeur à la caracterisation de ses personnages, poussant ses comédiens à ne les faire exister que par la physicalité de leurs performances.
Pas même Drake n'est épargné, lui dont le traitement fétichiste est proprement surréaliste, dans le sens où il se fait la fusion bancale entre les tics de jeune premier asexué de sa star (syndrome Sony Pictures/Spider-Man), et les contraintes du moule vidéoludique d'un personnage mûr viril et expérimenté, dégainant les punchlines à la pelle.
Idem pour Mark Wahlberg au fond, pas aidé par un script qui a du mal à recréer les plaisanteries légères que les jeux génèrent si facilement, composant un Sully apparaissant comme plus lourd et fier que plein d'esprit et sardonique.
Ce qui est étonnant en revanche, c'est que s'ils sont sensiblement opposés des personnages qu'ils sont censés incarnés - mais qu'ils sont très proches de ceux qu'ils campent familièrement -, l'alchimie de leur tandem est aussi vive qu'enthousiasmante tant ils sont rompus à l'exercice (tout comme Antonio Banderas, cantonné aux rôles de vilains excentriques limités à Hollywood).
Ils s'accordent complètement à la légèreté ambiante d'un spectacle perfectible mais rythmé, qui privilégie l'ivresse sereine à une complexité incohérente et indigeste.
En ce sens, il renoue avec un versant perdu du blockbuster d'aventure que seuls Pirates des Caraïbes et La Momie avaient su épouser ses deux dernières décennies (le savoir-faire en plus), cet esprit de divertissement familial pop-corn pétillant et globe-trotteur mâtiné de buddy movie, qui ne se perd finalement que lorsqu'il concède à ses relans rétro/nostalgique, une modernité sous CGI qu'un aspect artisanal plus proche de ses références Indy-esque (même dans ses empoignades qui manquent cruellement de corps et d'impact, tout en étant découpés à la truelle).
Mais même ses travers-ci (couplé à une composition mineure de Ramin Djawadi à la B.O.), résolument explosifs et culminant à un climax d'une générosité folle, n'entache jamais vraiment le plaisir sincère que sa vision convoque, résolument plus digeste qu'une franchise Fast and Furious qui use des mêmes artifices outranciers et cartoonesques.
Si l'on ne pourra évidemment pas s'empêcher de penser qu'il y a un léger gaspillage de potentiel tant le film ne convoque que sporadiquement un plaisir semblable à la prise en main d'une aventure de Drake avec une manette double choc (encore une fois, Ruben Fleischer n'est pas le choix le plus évident pour apporter une quelconque valeur ajoutée à une telle production, et les exemples commencent à se faire nombreux), force est d'admettre qu'à une heure ou les blockbusters hollywoodiens sont tous aussi interchangeables et qu'affreusement étirés en longueur, Uncharted fait étonnamment bien le café.
Totalement conscient qu'il lui manque l'audace, la personnalité et l'inventivité qui ont rendu les jeux si géniaux au fil des années, autant qu'il n'a décemment pas la capacité de renouveler le genre ni même à atteindre, le film divertit modestement par son énergie et son enthousiasme non feint, et c'est déjà pas si mal.
Jonathan Chevrier
Avec : Tom Holland, Mark Wahlberg, Antonio Banderas, Sophia Taylor Ali, Tati Gabrielle,…
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Aventure, Action.
Nationalité : Américain
Durée : 1h55min
Synopsis :
Nathan Drake, voleur astucieux et intrépide, est recruté par le chasseur de trésors chevronné Victor « Sully » Sullivan pour retrouver la fortune de Ferdinand Magellan, disparue il y a 500 ans. Ce qui ressemble d’abord à un simple casse devient finalement une course effrénée autour du globe pour s’emparer du trésor avant l’impitoyable Moncada, qui est persuadé que sa famille est l’héritière légitime de cette fortune. Si Nathan et Sully réussissent à déchiffrer les indices et résoudre l’un des plus anciens mystères du monde, ils pourraient rafler la somme de 5 milliards de dollars et peut-être même retrouver le frère de Nathan, disparu depuis longtemps… mais encore faudrait-il qu’ils apprennent à travailler ensemble.
Critique :
Totalement conscient qu'il lui manque l'audace, la personnalité et l'inventivité qui ont rendu les jeux si géniaux au fil des années, #Uncharted n'en reste pas moins un sympathique divertissement pop-corn tentant de renouer avec l'énergie des blockbusters d'aventure des 90s/2000s pic.twitter.com/Pn4qsVefsy
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) February 12, 2022
Il n'y a pas forcément besoin d'être familier aux productions hollywoodiennes, pour réaliser un minimum qu'un blockbuster qui met plus d'une décennie à se concrétiser, et qui plus est lorsqu'il s'agit d'une adaptation d'un jeu vidéo populaire, ne présage rien de bon.
Arlésienne qui virait limite à la private joke de fin de soirée tant le projet a connu mille visages au fil du temps (Nathan Fillion, Zachary Levi, Ryan Reynolds, Jensen Ackles où même Mark Wahlberg ont été considérés comme de potentiels Nathan Drake, sans compter sa toute aussi impressionnante valse de réalisateurs à sa tête), Uncharted a donc enfin vu le jour, prenant les contours non pas d'une adaptation stricto sensu d'un des quatre opus vidéoludiques mais bien d'une refonte en bon et dû forme du personnage, sous fond d'origin story avec toutes les contradictions que cela impose, et un Drake se lançant dans sa première chasse au trésor.
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Échouée à Ruben Fleischer et lancée dans le but d'incarner la première pièce d'une wannabe franchise (ce que la narration n'hésite jamais à rappeler de manière plus ou moins agressive), la péloche est étroitement liée à son matériau d'origine au point d'en épouser la même grammaire, histoire de s'assurer aussi bien qu'il n'y ait pas d'obstacles pour les non-initiés (pas besoin d'être un joueur acharné pour découvrir le film), que pour scrupuleusement brosser dans le sens du poil, des aficionados déjà irrités par la tournure tumultueuse du projet - et l'engagement de Tom Holland.
Mais plus que d'en extirper une substantielle moelle mythologique pour nourrir une narration solide et cohérente, Fleischer - pas forcément plus audacieux caméra en main - et sa ribambelle de plumes n'en conservent que les passages obligés (recyclant notamment des séquences fortes des opus 2, 3 et 4), expurgeant leur récit de toutes les petits détails essentiels des parcours physiques et émotionnelles de Drake (ses énigmes et autres pièges inventifs si ludique, qui auraient boostés une première moitié un poil fade), autant qu'elle ne donne aucune profondeur à la caracterisation de ses personnages, poussant ses comédiens à ne les faire exister que par la physicalité de leurs performances.
Pas même Drake n'est épargné, lui dont le traitement fétichiste est proprement surréaliste, dans le sens où il se fait la fusion bancale entre les tics de jeune premier asexué de sa star (syndrome Sony Pictures/Spider-Man), et les contraintes du moule vidéoludique d'un personnage mûr viril et expérimenté, dégainant les punchlines à la pelle.
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Idem pour Mark Wahlberg au fond, pas aidé par un script qui a du mal à recréer les plaisanteries légères que les jeux génèrent si facilement, composant un Sully apparaissant comme plus lourd et fier que plein d'esprit et sardonique.
Ce qui est étonnant en revanche, c'est que s'ils sont sensiblement opposés des personnages qu'ils sont censés incarnés - mais qu'ils sont très proches de ceux qu'ils campent familièrement -, l'alchimie de leur tandem est aussi vive qu'enthousiasmante tant ils sont rompus à l'exercice (tout comme Antonio Banderas, cantonné aux rôles de vilains excentriques limités à Hollywood).
Ils s'accordent complètement à la légèreté ambiante d'un spectacle perfectible mais rythmé, qui privilégie l'ivresse sereine à une complexité incohérente et indigeste.
En ce sens, il renoue avec un versant perdu du blockbuster d'aventure que seuls Pirates des Caraïbes et La Momie avaient su épouser ses deux dernières décennies (le savoir-faire en plus), cet esprit de divertissement familial pop-corn pétillant et globe-trotteur mâtiné de buddy movie, qui ne se perd finalement que lorsqu'il concède à ses relans rétro/nostalgique, une modernité sous CGI qu'un aspect artisanal plus proche de ses références Indy-esque (même dans ses empoignades qui manquent cruellement de corps et d'impact, tout en étant découpés à la truelle).
Mais même ses travers-ci (couplé à une composition mineure de Ramin Djawadi à la B.O.), résolument explosifs et culminant à un climax d'une générosité folle, n'entache jamais vraiment le plaisir sincère que sa vision convoque, résolument plus digeste qu'une franchise Fast and Furious qui use des mêmes artifices outranciers et cartoonesques.
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Si l'on ne pourra évidemment pas s'empêcher de penser qu'il y a un léger gaspillage de potentiel tant le film ne convoque que sporadiquement un plaisir semblable à la prise en main d'une aventure de Drake avec une manette double choc (encore une fois, Ruben Fleischer n'est pas le choix le plus évident pour apporter une quelconque valeur ajoutée à une telle production, et les exemples commencent à se faire nombreux), force est d'admettre qu'à une heure ou les blockbusters hollywoodiens sont tous aussi interchangeables et qu'affreusement étirés en longueur, Uncharted fait étonnamment bien le café.
Totalement conscient qu'il lui manque l'audace, la personnalité et l'inventivité qui ont rendu les jeux si géniaux au fil des années, autant qu'il n'a décemment pas la capacité de renouveler le genre ni même à atteindre, le film divertit modestement par son énergie et son enthousiasme non feint, et c'est déjà pas si mal.
Jonathan Chevrier