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[FUCKING SERIES] : And just like that : The girls are back


(Attention l’article aura quelques spoilers sur le dérouler de la saison. Il utilisera également le pronom iel avant de qualifier les personnages non-binaire du show.)


6 juin 1998. Carrie déambule pour la première fois dans les rues de New York avec son - futur - iconique tutu. 23 décembre 2021. Carrie déambule une nouvelle fois dans les rues de New York avec un nouveau tutu. Entre ces deux dates ? 6 saisons, cultes, 2 films, moins cultes, quelques années, un départ, Kim Catrall et finalement, alors qu’on y croyait plus trop, ce revival And Just Like That.

Lancés en décembre dernier sur la plateforme HBOmax (et sur Slato chez nous), les 10 épisodes de cette saison ont provoqué toutes sortes de réactions. Alors, quelque part entre le « c’est de la merde » et le « c’est absolument génial » on va tenter de répondre de façon nuancée à cette question : ça vaut quoi, au fond, And Just Like That ?

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And Just Like That n’est pas Sex and the City. Eh oui, on a tous, plus ou moins, cru que ce revival serait une sorte de retour aux sources. Après le virage cinématographique, nos héroïnes retrouvaient ce format épisodique qui lui scie à merveille. Sauf qu’on a pas bien lu. C’était pourtant bien visible sur toute la promotion. And Just Like That, a new chapter of Sex and the City. Et définitivement, oui, c’est un nouveau chapitre, une nouvelle série avec sa propre tonalité, ses propres obsessions et surtout sa propre singularité.

Ce qui est logique, presque 20 ans après la fin de la série originale et 10 ans depuis le dernier film, Michael Patrick King et ses scénaristes ne pouvaient revenir comme si de rien n’était. Cette, nouvelle, création HBOMax n’est plus totalement une chronique sur la vie sexuelle et sentimentale d’amies new-yorkaises dans leurs trentaines. C’est une évocation de quinquagénaires tentant de se redéfinir dans une époque en pleine mutation, mais aussi dans ce qu’elles sont en tant qu’individu.

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Qui est Carrie Bradshaw ? C’est la question de ce revival. Trop souvent, Carrie fut caractérisée par rapport à sa relation avec Big — et dans une certaine mesure Aidan. Sauf qu’ici, Big meurt et notre héroïne se retrouve propulsée dans une situation inédite. C’est ni plus ni moins qu’un récit d’émancipation qui passe par des doutes. Se sent-elle chez elle dans son vieil appartement ? Que faire de sa carrière quand les bouquins sont presque des reliques ? Et si on effacer ces 15 dernières années avec un coup de bistouri ? Est-elle devenue une « madame » ? Vous l’aurez compris des questions et des réponses que cherche le personnage, mais cette fois-ci sa quête elle se fait sans un homme.

Doit-on renoncer à son bonheur ? Voilà, peut-être, la seconde interrogation qui entoure cette fois-ci Miranda. Il n’est pas évident le parcours de ce personnage, certainement car au bout de ces 10 épisodes nous ne sommes qu’au début de quelque chose. Miranda étouffe, dans sa vie privée et dans sa vie professionnelle. Elle se sent comme prisonnière dans un mariage où le désir n’est plus. Mais surtout, elle sent une autre forme de désir, loin de l’hétéronormativité. Alors on va voir Miranda hésiter, se tromper, ne pas savoir et ce n’est pas si souvent qu’on a pu voir Miranda dans cet état. Il est vrai qu’elle semble parfois loin d’elle-même, mais elle est peut-être juste entrain de devenir quelqu’un d’autre.

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Et si finalement Charlotte était la meilleure ? S’il y a bien un personnage à qui ce revival fait du bien, c’est Charlotte York. Oui, elle est heureuse dans son mariage (la scène de la fellation en épisode 8 nous le prouve). Oui, elle est fidèle à elle-même, que ce soit dans ce look BCBG ou son perfectionnisme. Mais cette fois-ci elle apparait surtout comme une amie indispensable et une mère d’une grande sensibilité avec Rock, le second enfant de Charlotte, qui dans un premier se présente comme une jeune adolescente du nom de Rose. Sauf que, iel ne se sent ni réellement homme, ni tellement femme. Son prénom, son genre, son identité n’est pas la sienne. Face à cela, Charlotte se montre à l’écoute, tenant plus que tout à prendre les bonnes décisions. Jamais elle ne met le poids de ses interrogations sur son enfant. Elle se pose des questions, c’est normal, mais elle entoure sa progéniture d’amour. Et c’est assez beau de voir ça.

Quid de Samantha ? On le sait Kim Catrall n’a pas voulue reprendre son rôle. Et c’est son choix. Pour autant, Samantha n’a pas tout à fait absente de ce revival. Oui, elle est partie vivre à Londres sur ce qui semble êtr un coup de tête après une dispute avec Carrie. Cet élément il n’est pas accessoire, il donne lieu à une vraie intrigue. Durant ces 10 épisodes, on va voir deux amies tentent, message après message, de renouer un lien. Certes, on le verra jamais à l’écran, mais Michael Patrick King et sa writer's room parviennent à gérer la situation avec douceur.

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Je ne veux pas dire ici que ce revival serait parfait. Il ne l’est pas. On sent parfois que pour capter l’air du temps les scénaristes enfilent quelques gros sabots. Néanmoins, en incluant quelques nouveaux visages, And Just Like That pare New York d’un visage plus réaliste, car plus diversité, plus multiple aussi. Surtout, certains de ces personnages parviennent peu à peu à s’imposer, je pense notamment à Seema dont l’amitié avec Carrie se révèle une des bonnes idées de ce sequel. Dans le même temps, la série ramène quelques visages familiers, et là forcément l’émotion est palpable quand on revoit Willie Garson, l’inoubliable Stanford Blatch, mort en plein tournage. Plus encore, la série joue avec son propre héritage, en réintroduisant quelques pièces iconiques du dressing de Carrie Bradshaw obligeant les plus fans à chercher toutes les références avec une malice certaine.

Alors oui, tout n’est pas réussi, la tonalité se veut différente, mais la série ne fuit jamais son émotion. Au fond tout cela n’est qu’une évolution logique, voire même nécessaire. And Just Like That n’est pas tout à fait Sex and the City et c’est certainement mieux ainsi.


Thibaut Ciavarella



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