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[CRITIQUE] : Arthur Rambo


Réalisateur : Laurent Cantet
Acteurs : Rabah Naït Oufella, Antoine Reinartz, Sofian Khammes,...
Budget : -
Distributeur : Memento Distribution
Genre : Drame
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min

Synopsis :
Qui est Karim D. ? Ce jeune écrivain engagé au succès annoncé ou son alias Arthur Rambo qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux…



Critique :


Il y a une évolution certaine dans l'approche du cinéma qu'aura eu Laurent Cantet au fil de ses films, aussi bien dans le prisme de ses sujets (des postulats plus ou moins néoréalistes qui s'échinent à sonder la société française contemporaine) que dans sa manière de les décortiquer au sein de drame - majoritairement - intimes et glacials.
Tant est si bien que l'on pouvait même arguer que ses derniers essais sont peut-être d'une moindre profondeur discursive que ses premiers efforts (même si, artistiquement parlant, son engagement reste le même), le cinéaste s'intéressant plus aux thèmes en eux-mêmes qu'à sa manière de les aborder.
Un écueil qui frappe également, d'une manière moins prégnante cela dit que pour L'atelier - dont il est une sorte de prolongement plus ou moins direct -, son nouveau long-métrage Arthur Rambo, tant il n'offre jamais vraiment d'approche introspective sur un sujet fascinant et cruellement d'actualité même si, paradoxalement, il arrive à nous interroger dessus.

Copyright Céline Nieszawer

Vissé sur le parcours de Karim (qui s’inspire du livre autobiographique Autopsie de Mehdi Meklat, où l'écrivain revenait sur l’affaire de ses tweets haineux), passant sur une poignée d'heures du statut d'écrivain prometteur et porte-parole du multiculturalisme et de la diversité, à paria absolu pour ses tweets racistes et xénophobes publiés par le passé; la péloche privilégie la lecture sociologique à l'exploration psychologique et complexe, tend plus vers la thèse de notre rapport à l'opinion publique - comme à ses façonneurs médiatiques - et aux réseaux sociaux, qu'à l'introspection et à la compréhension de ces dits outils numériques et notre rapport addictifs à ceux-ci (et encore plus pour une jeunesse qui les usent comme un outil de construction d'imaginaires sociaux et culturels).
Un parti-pris frustrant, entre pudeur et/ou crainte de nager dans des eaux trop profondes (dérangeantes, pour ne pas dire autre chose), couplé à une dispersion dramatique qui démontre qu'au-delà de ne jamais vraiment proposer les bonnes questions, il ne semble pas totalement croire non plus dans les réponses qu'il donne.
Divertissant à défaut de totalement embrasser son sujet et de fustiger l'ambivalence de notre société du paraître (ni d'éviter en prime, un sentiment de surplace dans cette chute vertigineuse ou tout n'est que justification constante), Arthur Rambo, qui ne juge jamais son protagoniste principal (il ne le lâche pas d'une semelle, quitte à se priver d'une réflexion plus générale avec des points de vues au pluriel), reste finalement tout aussi sage dans son auscultation des maux contemporain, frissonnant à l'idée de soulever trop fort des questions essentielles tout autant qu'à l'idée de pleinement donner son avis.
Dommage...


Jonathan Chevrier


 

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