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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #156. Semaine du 30 janvier au 5 février



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.

Semaine du 30 Janvier au 5 Février.



Dimanche 30 Janvier. The Social Network de David Fincher sur Arte.

Une soirée bien arrosée d’octobre 2003, Mark Zuckerberg, un étudiant qui vient de se faire plaquer par sa petite amie, pirate le système informatique de l’université deHarvard pour créer un site, une base de données de toutes les filles du campus.

Que se passe-t-il quand on prend un scénariste de génie et qu’on lui fait rencontrer l’un des cinéastes les plus brillants de son époque ? Un chef d’œuvre. Ni plus ni moins. The Social Network est un bijou d’écriture, aussi bien dans sa structure que dans ses dialogues. En effet, Aaron Sorkin aime quand les répliques fusent, qu’elles s’électrisent, qu’elles s’enflamment, presque comme une screwball comedy sauf qu’ici le dialogue est créateur de tensions. Une sensation que Fincher capte admirablement en filmant tout cela comme une formule mathématique. Plus que jamais, le cinéaste étudie chaque plan, chaque séquence, afin de ne jamais perdre une seconde d’images. Tout cela pour narrer quoi ? Un homme ? Oui, partiellement. Mais surtout, une époque qui avance sans vraiment se soucier des conséquences. Sans se soucier de son bonheur. Mais en se souciant du fric.



Lundi 31 Janvier. Million Dollar Baby de Clint Eastwood sur C8.

Rejeté depuis longtemps par sa fille, l’entraineur Frankie Dunn s’est replié sur lui-même et vit dans un désert affectif. Le jour où Maggie Fitzgerald, 31 ans, pousse la porte de son gymnase à la recherche d’un coach, elle n’amène pas seulement avec elle sa jeunesse et sa force, mais aussi une histoire jalonnée d’épreuves et une exigence, vitale et urgente : monter sur le ring, entrainé par Frankie, et enfin concrétiser le rêve d’une vie.

Avec Million Dollar Baby, Clint Eastwood vient transcender une histoire qui, mise en d’autres mains, aurait pu n’être qu’un mélodrame sirupeux. En effet, le cinéaste, comme souvent, s’empare d’un genre, ici le film de boxe, dont il épouse les figures et les codes tout en ne cessant d’en redessiner les contours. C’est là toute la force et la beauté du cinéma Eastwoodien, embrasser les paradoxes. Million Dollar Baby est alors une obscure fable où les schémas se disloquent. Le gagnant est perdant, le lucide est orgueilleux, le pieu est athée. Ces chemins sinueux qu’emprunte le cinéaste est autant de moyens pour lui d’arriver à nous, de parvenir à choper le spectateur et à le laisser dévaster par le dernier tiers de son film. Chez Eastwood l’émotion n’est pas frontale, elle se mérite, elle se cache dans l’ombre et nous saute dessus.

Mais aussi... Arte programme Amadeus de Milos Forman. Amadeus est un film étourdissant de par la fluidité de son récit et son ampleur, aussi bien portrait d’une époque que biopic, méandre de la création et décortication des mythes. Une œuvre exigeante sans pour autant se montrer excluant, qui arrive à faire comprendre à chaque néophyte toute la complexité et le génie de l’œuvre de Mozart.



Jeudi 3 Février. Les Heures Sombres de Joe Wright sur Cherie25.

Homme politique brillant et plein d’esprit, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940, après la démission de Neville Chamberlain, et dans un contexte européen dramatique marqué par les défaites successives des Alliés face aux troupes nazies et par l’armée britannique dans l’incapacité d’être évacuée de Dunkerque.

Dans Dunkerque, Christopher Nolan filmé ces soldats anglais tentant de s’échapper des plages du Nord de la France. Les Heures Sombres en est la face B. En effet, cette fois-ci nous voici sur les côtes britanniques, alors que Churchill sent sur lui toute la pression d’un conflit ne définissant ni plus ni moins que l’avenir du monde. Sur les terres du biopic, Joe Wright fait une merveille en parvenant aussi bien à embrasser le genre que s’en éloigner. Multipliant les images marquantes, notamment quelques séquences à la splendeur horrifique, Les Heures Sombres remet en avant tout ce qu’était Churchill : un grand orateur. Soignant ses dialogues, l’œuvre trouve dans les discours de l’homme ce dont elle a besoin pour créer de la dramaturgie surtout quand ces mots sont dans la bouche d’un Gary Oldman sidérant.


Thibaut