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[CRITIQUE] : Adieu Monsieur Haffmann

Réalisateur : Fred Cavayé
Acteurs : Daniel Auteuil, Gilles Lellouche, Sara Giraudeau,...
Budget : -
Distributeur : Pathé
Nationalité : Français.
Genre : Drame, Historique.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Paris 1941. François Mercier est un homme ordinaire qui n’aspire qu’à fonder une famille avec la femme qu’il aime, Blanche. Il est aussi l’employé d’un joaillier talentueux, M. Haffmann. Mais face à l’occupation allemande, les deux hommes n’auront d’autre choix que de conclure un accord dont les conséquences, au fil des mois, bouleverseront le destin de nos trois personnages.



Critique :


Après le mitigé Radin et le sensiblement plus réussi et ludique Le Jeu, il y avait quelque chose d'assez excitant dans le fait de voir le talentueux Fred Cavayé revenir à ses premiers amours : le thriller aussi bien intime que musclé (Pour Elle, À Bout Portant et Mea Culpa, c'est lui).
À ceci près qu'il ne place pas cette fois sa caméra dans un contexte contemporain, mais bien au coeur de la Seconde Guerre mondiale et de l'Occupation allemande.
Adaptation de la pièce primée éponyme de Jean- Philippe Daguerre, Adieu Monsieur Haffmann, et pour laquelle il retrouve son comédien fétiche Gilles Lellouche, le récit, catapulté au coeur d'une capitale sous occupation nazie, suit un bijoutier juif reconnu, Joseph Haffmann, qui propose un arrangement aussi risqué qu'astucieux à son employer, François Mercier : lui confier temporairement sa boutique jusqu'à la fin des répressions juives - donc de la guerre -, alors qu'il sera en sécurité avec sa famille, qui l'attend en zone libre.
Le hic c'est que ce plan tourne vite à la catastrophe, puisque Haffmann n'arrive pas à quitter Paris à temps et à rejoindre sa femme et ses enfants, et il se voit dès lors obligé de vivre reclus dans la cave de son immeuble, alors que Mercier et sa femme prennent en charge son business, et emménagent dans son propre appartement...

Copyright Pathé

Tel était le postulat de la pièce de théâtre, que Cavayé fait lentement virer vers le thriller à forte tendance huis clos, vissé sur la lente métamorphose d'un employé besogneux mais envieux en collabo opportuniste et antipathique lancé sur la route grisant de l'ascension sociale, qui tire totalement profit du changement de rapport de force et de son appropriation forcée et égoïste des biens de son jadis employeur.
Exploration de la noirceur de l'âme humaine au diapason d'une époque sombre de l'humanité, cette énième petite histoire au coeur de la grande qui digère plus ou moins adroitement ses références (on pense autant au Dernier Métro de Truffaut qu'au Monsieur Klein de Joseph Losey, voire même au Lacombe Lucien de Louis Malle), ne convainc que partiellement, malgré un sujet fort et captivant.
Si l'on croit intimement aux interprétations nuancées et solides de son trio vedette (surtout Sara Giraudeau, épatante), on a sensiblement plus du mal à être porté autant par son écriture (les dialogues manquent de puissance et de finesse, quand certains rebondissements semblent précipités et trop lourds dans sa seconde moitié), que par sa mise en scène peu illustrative, qui ne distille jamais vraiment de tension - ni même d'émotion - dans les rapports troublés et ambiguës entre ses personnages.
Un drame historique divertissant donc, à défaut d'être intense et bouleversant.


Jonathan Chevrier


 

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