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[CRITIQUE] : Les Enfants du Soleil

Réalisateur : Majid Majidi
Acteur : Ali Nassirian, Javad Ezati, Tannaz Tabatabaei,...
Budget : -
Distributeur : Bodega Films
Nationalité : Iranien
Genre : Drame.
Durée : 1h39min

Synopsis :
A Téhéran, Ali, 12 ans, et ses trois amis, travaillent dur pour assurer leur survie et soutenir financièrement leurs familles. Ils font des petits boulots dans un garage et commettent de menus larcins pour gagner de l'argent facile. Ils sont embaucher par un mafieux pour déterrer un trésor enfoui sous l’école du Soleil. Les enfants doivent s'y inscrire. Ils devront trouver toutes les parades possibles pour creuser un tunnel tout en suivant leurs cours...



Critique :


Il est un fascinant paradoxe de voir qu'à une heure ou l'Iran et son régime écrasant et liberticide est devenu un fardeau au quotidien pour ses citoyens (sa dureté ne se résumant d'ailleurs pas qu'aux politiques et économiques), son cinéma lui, n'a jamais été aussi en verve et à même d'atteindre nos salles obscures; territoire pacifié ou sa radicalité rare et ses vérités implacables sur les injustices sociales qui gangrènent le pays, ne paraissent que plus imposante.
S'inscrivant pleinement dans cette mouvance, Les Enfants du Soleil, dixième long-métrage de Majid Majidi et dédié aux 150 millions d'enfants - selon l'UNICEF - exploités et/ou contraint de travailler pour se nourrir et nourrir les siens, se fait autant une diatribe passionnée contre l'exploitation enfantine à travers le globe, qu'un plaidoyer nécessaire et alarmiste sur l'importance du droit d'un enfant à l'éducation, indépendamment de ses antécédents financiers et familiaux.

Copyright Majidi Film Production

Entre la chronique sociale - souvent à la lisière du documentaire -, le film de casse et le film d'aventure enfantin sauce Goonies (avec une chasse au trésor à la clé), le film sur les aléas d'Ali, 12 ans, et de sa bande d'amis tout droit sortie de la plume de Dickens, embauchés par un dangereux criminel local pour intégrer une école du quartier et y trouver un supposé trésor caché dans les sous-sols.
Reconnu comme un adepte du néoréalisme - à la fois moralement et esthétiquement -, autant qu'un cinéaste ayant un talent certain pour filmer ses drames sociaux à hauteur d'enfants, Majidi prêche sur la désillusion d'être un môme forcé de grandir trop tôt au coeur d'un récit tragique de bout en bout, où il écarte très vite tout soupçon de fantasme et brise les illusions d'un hypothétique happy ending pour un jeune héros attachant, condamné à se débrouiller seul pour survivre (sa mère est admise dans un hôpital psychiatrique et il ne sait rien de son père), et qui vouait en ce trésor caché, un échappatoire à une réalité accablante (et encore plus pour la communauté des réfugiés/migrants afghans dont il fait partie).
Aussi grave et humainement préoccupant qu'il est ludique et solaire à la fois, Les Enfants du Soleil, dénué de tout misérabilisme putassier, marche au coeur de la réalité tout en se faisant un inventif et habile film d'aventure urbain sur l'exploitation d'une enfance toujours vivante, même dans la désillusion la plus chaotique qui soit.


Jonathan Chevrier




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