[CRITIQUE/RESSORTIE] : L’invraisemblable vérité
Réalisateur : Fritz Lang
Avec : Dana Andrews, Joan Fontaine, Sidney Blackmer, Edward Binns,...
Distributeur : Théâtre du Temple
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h20min.
Date de sortie : 31 juillet 1957
Date de reprise : 24 novembre 2021
Synopsis :
Adversaire acharné de la peine de mort, le rédacteur en chef Austin Spencer décide de "monter un coup" avec son journaliste Tom Garrett. Ils fabriquent des preuves accusant ce dernier d'un crime qui défraie la chronique, le but étant de dénoncer une erreur judiciaire qui aurait pu condamner à mort un innocent. Le jour du verdict, Austin Spencer chargé d'apporter les preuves de falsification, se tue dans un accident de voiture...
Critique :
Au cœur de l'intrigue du bien nommé Beyond a Reasonable Doubt - L'invraisemblable vérité par chez nous -, estampillé comme le dernier film/chant du cygne américain de Fritz Lang avant son retour en Allemagne, se trouve une question importante et toujours très pertinente (et encore plus outre-Atlantique) : Un système juridique qui autorise/applique la peine capitale, peut-il réellement garantir, au-delà de tout doute, que la personne qui sera exécuté est réellement coupable du crime pour lequel elle a été condamnée ?
Comment corriger une erreur judiciaire, quand la victime de celle-ci n'est plus de ce monde ?
C'est une chose à laquelle même les partisans de la peine de mort ne peuvent pas forcément avoir de réponses satisfaisantes, au-delà de la notion facile du " l'erreur est humaine ", ce qui ne peut évidemment pas suffit, aux familles des hommes et des femmes potentiellement, injustement exécutés.
Pure tragédie grecque prenant les contours d'une étude pointue et épurée sur l'ambiguïté morale, ou l'homme est purement et simplement son pire ennemi, L'invraisemblable vérité est peut-être, l'oeuvre la plus austère de la filmographie Lang, tant le cinéaste réduit ici sans le moindre remord ses personnages à de simples pions arbitrairement déplacés, pour habiter sa démonstration glacial d'un théorème socialo-judiciaire fascinant.
En narrant le projet risqué et radical (voire même un poil invraisemblable, d'où l'intelligent titre VF) du rédacteur en chef Austin Spencer qui, avec la coopération de son journaliste/potentiel beau-fils Tom Garrett, envisage de discréditer le concept de peine capitale en accusant délibérément Tom d'avoir commis un crime qui défraie la chronique (pour mieux prouver son innocence et sa condamnation injustifiée, avec les preuves qu'ils ont fabriqués), avant que tout ne tourne à la catastrophe (le jour du verdict, Spencer est chargé d'apporter les preuves de falsification, mais se tue dans un accident de voiture); Lang ne s'intéresse pas tant à l'innocence ou à la culpabilité d'un individu (preuve s'il en est, d'une humanité vacillante qu'il ne juge pas assez bonne à sauver) mais bien à la démonstration que la justice n'est finalement qu'entre les mains du destin - et une force qui dépasse le pouvoir humain.
Porté par un formidable trio (Dana Andrews, Joan Fontaine et Sidney Blackmer), reposant sans doute un peu trop sur ses rebondissements et artifices imprévisibles (même si sa narration est diaboliquement bien structurée), avant de clouer son auditoire avec une conclusion nihiliste profondément fracassante; le dernier film ricain d'un Lang manipulateur qui se délecte de troubler son auditoire dans un vertige pessimiste et retors, est un solide exercice de style façon adieu cynique et désabusé au pays de l'oncle Sam.
Une belle (re)découverte.
Jonathan Chevrier
Avec : Dana Andrews, Joan Fontaine, Sidney Blackmer, Edward Binns,...
Distributeur : Théâtre du Temple
Budget : -
Genre : Thriller, Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h20min.
Date de sortie : 31 juillet 1957
Date de reprise : 24 novembre 2021
Synopsis :
Adversaire acharné de la peine de mort, le rédacteur en chef Austin Spencer décide de "monter un coup" avec son journaliste Tom Garrett. Ils fabriquent des preuves accusant ce dernier d'un crime qui défraie la chronique, le but étant de dénoncer une erreur judiciaire qui aurait pu condamner à mort un innocent. Le jour du verdict, Austin Spencer chargé d'apporter les preuves de falsification, se tue dans un accident de voiture...
Critique :
Porté par un joli trio, reposant sans doute un peu trop sur ses rebondissements avant de clouer son auditoire avec une conclusion nihiliste fracassante; #LInvraissemblableVérité est un vertige pessimiste et retors, un solide exercice de style façon adieu cynique aux USA pour Lang pic.twitter.com/GGFClR33Yw
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 27, 2021
Au cœur de l'intrigue du bien nommé Beyond a Reasonable Doubt - L'invraisemblable vérité par chez nous -, estampillé comme le dernier film/chant du cygne américain de Fritz Lang avant son retour en Allemagne, se trouve une question importante et toujours très pertinente (et encore plus outre-Atlantique) : Un système juridique qui autorise/applique la peine capitale, peut-il réellement garantir, au-delà de tout doute, que la personne qui sera exécuté est réellement coupable du crime pour lequel elle a été condamnée ?
Comment corriger une erreur judiciaire, quand la victime de celle-ci n'est plus de ce monde ?
C'est une chose à laquelle même les partisans de la peine de mort ne peuvent pas forcément avoir de réponses satisfaisantes, au-delà de la notion facile du " l'erreur est humaine ", ce qui ne peut évidemment pas suffit, aux familles des hommes et des femmes potentiellement, injustement exécutés.
Pure tragédie grecque prenant les contours d'une étude pointue et épurée sur l'ambiguïté morale, ou l'homme est purement et simplement son pire ennemi, L'invraisemblable vérité est peut-être, l'oeuvre la plus austère de la filmographie Lang, tant le cinéaste réduit ici sans le moindre remord ses personnages à de simples pions arbitrairement déplacés, pour habiter sa démonstration glacial d'un théorème socialo-judiciaire fascinant.
Copyright Action Cinémas / Théâtre du Temple |
En narrant le projet risqué et radical (voire même un poil invraisemblable, d'où l'intelligent titre VF) du rédacteur en chef Austin Spencer qui, avec la coopération de son journaliste/potentiel beau-fils Tom Garrett, envisage de discréditer le concept de peine capitale en accusant délibérément Tom d'avoir commis un crime qui défraie la chronique (pour mieux prouver son innocence et sa condamnation injustifiée, avec les preuves qu'ils ont fabriqués), avant que tout ne tourne à la catastrophe (le jour du verdict, Spencer est chargé d'apporter les preuves de falsification, mais se tue dans un accident de voiture); Lang ne s'intéresse pas tant à l'innocence ou à la culpabilité d'un individu (preuve s'il en est, d'une humanité vacillante qu'il ne juge pas assez bonne à sauver) mais bien à la démonstration que la justice n'est finalement qu'entre les mains du destin - et une force qui dépasse le pouvoir humain.
Porté par un formidable trio (Dana Andrews, Joan Fontaine et Sidney Blackmer), reposant sans doute un peu trop sur ses rebondissements et artifices imprévisibles (même si sa narration est diaboliquement bien structurée), avant de clouer son auditoire avec une conclusion nihiliste profondément fracassante; le dernier film ricain d'un Lang manipulateur qui se délecte de troubler son auditoire dans un vertige pessimiste et retors, est un solide exercice de style façon adieu cynique et désabusé au pays de l'oncle Sam.
Une belle (re)découverte.
Jonathan Chevrier