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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #145. Semaine du 3 au 9 octobre


Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 3 Octobre au 9 Octobre.



Dimanche 3 Octobre. Spectre de Sam Mendes sur France2.

Un message cryptique du passé de Bond l’entraîne dans une mission personnelle ou il tente d’infiltrer une organisation baptisée Spectre. L’espion au service de Sa Majesté doit réduire a néant ce mystérieux ennemi qui confrontera James Bond à ses propres secrets…

Alors que No Time To Die s’apprête à sortir, on se remet à jour. Souffrant de la comparaison avec son colossal prédécesseur, Spectre s’est implanté dans l’esprit du spectateur comme une variante moins inspiré d’un Skyfall encore très ancré dans les mémoires. Pourtant, avec ce nouveau Bond, Sam Mendes est loin de proposer une suite reprenant les réussites du précédent opus. Le cinéaste poursuit son exploration du mythe bondien en signant un film crépusculaire, ou l’espion anglais se voit totalement dépassé par un monde ou la menace est un brouillard au ras du sol. Clairement paranoïaque, délaissant les scènes d’actions pour travailler la peur inhérente aux fantômes du passé, Mendes ne signe pas une simple suite, mais un film telle une peinture expressionniste.



Lundi 4 Octobre. Un Condé de Yves Boisset sur Arte.

Alors qu'il enquête sur une affaire de drogue, un inspecteur est abattu par un truand. Son collègue, l'Inspecteur Favenin, est chargé d'élucider ce crime. Il est prêt à tout pour sauver l'honneur de son collègue, y compris à outrepasser la loi.

Sorte de polar Melvillien, Un Condé nous plonge dans une atmosphère nocturne presque mortifère par instant. Impeccablement exécuté par un Yves Boisset à la précision chirurgicale (un autre point commun avec Melville), le film évite à chaque instant de tomber dans le manichéisme que son récit aurait pu faire naitre. Préférant l’ambigüité de ses personnages, plus particulièrement celui de Favenin, l’oeuvre fait naitre en nous des sentiments ambivalents. Entre la détestation et l’empathie. Ce trouble de ne pouvoir se rattacher à une seule émotion traverse le long-métrage de bout en bout, car, Un Condé n’offre aucune certitude. Entre doute et interrogation, le cinéaste tient à ouvrir une réflexion chez son spectateur, le pousser à se questionner sur des questions de morales et politiques. Et c’est passionnant.



Vendredi 8 Octobre. The Wife de Björn Runge sur Cherie25.

Alors que son époux s’apprête à recevoir le prix Nobel de littérature à Sotckholm, Joan Castleman comprend qu’elle ne supporte plus son mariage. Petit à petit les rancœurs du passé refont surface mettant en danger bien plus que leur union…

The Wife est une œuvre en trompe-l’œil, s’appuyant sur une narration des plus classique le film va peu à peu s’enfoncer dans les fêlures pour laisser briller les failles d’un couple; finissant comme des plaies béantes qu’on ne peut refermer. Car, derrière cette mise en scène minimaliste, c’est une introspection au sein d’un mariage fait d’amers sacrifices, de faux semblants et du manque de reconnaissance. Si le twist final n’est en rien une surprise, le film ne prétend pas vouloir nous cacher la vérité, il révèle morceau par morceau une mosaïque qu’on pensait masculine, mais qui finit par devenir féminine. Si le mariage est le cœur des tensions, le film - comme son nom l’indique - est un subtil portrait de femme. Au travers du personnage de Gleen Close, Björn Runge pointe discrètement les travers d’une société patriarcale, ignorant le talent des femmes pour préférer les hommes aux libidos intenables, mais pardonnables.


Thibaut Ciavarella