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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #157. Le Professionnel

Crédit image : Cerito - Studio Canal / Collection Christophel /AFP

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !



#157. Le Professionnel de Georges Lautner (1981)

On dit toujours que les légendes sont éternelles, un proverbe facile mais qui ne l'empêche pas pourtant d'être vrai, puisque la majorité des légendes du septième art qui ont le malheur de nous quitter, survivent par la puissance de leurs plus grandes - mais pas que - interprétations.
Reste que vrai ou non, lorsque certaines de ces icônes abandonnent les planches du plus grand des théâtres, ce n'est pas un simple proverbe qui viendra nous reconforter, loin de là.
Légende parmi les légendes, comédien d'exception sans qui le cinéma français n'aurait pas la même saveur et encore moins la même richesse, Jean-Paul Belmondo s'en est allé, notre Bébel, notre Marginal, notre Pierrot le Fou n'est plus, et non, ce dit proverbe ne viendra pas réconforter une pluie de cinéphiles en deuil.
Il est donc de bon ton alors - et ce dès à présent - de se perdre avec nostalgie et mélancolie dans sa riche filmographie, de la célébrer sans doute plus que l'on aurait dû le faire de son vivant.

Crédit image : Cerito - Studio Canal / Collection Christophel /AFP

Pas forcément de ses meilleurs efforts - quoique -, mais résolument l'un de ceux que les cinéphiles biberonnés au cinéma des 80s, ont poncés avec gourmandise en VHS; Le Professionnel, fruit de la caméra assurée de Georges Lautner et de la plume enlevée de Michel Audiard, est de ces polars qui impriment les rétines comme rarement, que ce soit par la force tranquille et charismatique de Bébel (à qui le rôle va comme un gant) ou la musique déchirante de mélancolie du roi Morricone - depuis plombée par ce put*** de spot Royal Canin.
Revenge movie certes conventionnel, ou un anti-héros à la lisière du Comte de Monte Cristo et de John Rambo, agent des services secrets français trahit par tous décide de se faire justice lui-même et de mener sa mission à bien (avoir la tête de celui qui lui a fait connaître le bagne et bousillé son existence) jusqu'à ce que mort s'en suive; la péloche ne fouille pas plus que cela son penchant politico-satirique (notamment les relations diplomatiques troubles qui unissent la France et ses anciennes colonies ou l'immoralité des gouvernants et des hommes de pouvoir) et vise constamment l'essentiel : épouser le magnétisme fou d'un comédien hors du temps, au charme viril aussi perceptible que sa fragilité assumée, traînant sa carcasse pleine d'amertume au milieu d'une galerie de gueules cassées comme on n'en fait plus.
Une série B inégale (presque nanardesque sur certains petits détails) mais généreuse à plus d'un point, un paradoxe qui ne touchera jamais la puissance immaculée de la lente marche sacrificielle finale nous tirait déjà une petite larme, aujourshui, elle nous déchire littéralement le coeur, à jamais.
Bébel s'en va, mais il sera toujours là.


Jonathan Chevrier