[CRITIQUE] : Shang-Chi et la légende des dix anneaux
Avec : Simu Liu, Tony Leung Chiu-Wai, Awkwafina, Fala Chen, Michelle Yeoh,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain
Durée : 2h12min
Synopsis :
Shang-Chi va devoir affronter un passé qu’il pensait avoir laissé derrière lui lorsqu’il est pris dans la toile de la mystérieuse organisation des dix anneaux.
Critique :
Emballé avec énergie, veillant constamment à maintenir l'intérêt et l'implication de son auditoire, #ShangChi, frappé par la structure familière MCU autant qu'il se paye quelques écarts rafraîchissants, est une sympathique et décomplexée origin story qui assume sa simplicité. pic.twitter.com/piRQLMrxPK
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 1, 2021
Passé le bloc imposant des trois premières phases, fruit d'une méthode solidement charpenté au succès un peu trop éprouvé, puisqu'il a donné naissance à un phénomène de mode qui a gangrené quasiment le tout Hollywood, le MCU enclenche donc ce qui est son plus gros pari à ce jour, une phase 4 dont le capital excitation est sensiblement moins important que pour ses aînées, pas forcément aidé non plus par les reports imputés à la pandémie du Covid-19.
Faisant suite à un Black Widow reçu tièdement - aussi bien par les critiques que par les fans -, et calé un peu à l'arrache quelques semaines avant le prometteur Les Éternels de Chloé Zhao, Shang-Chi et la légende des dix anneaux de Destin Daniel Cretton, aurait presque pu être bazardé sur Disney Plus tant sa campagne promotionnelle, il est vrai riche en affiches plus ou moins inspirées, manque gentiment d'enthousiasme.
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Un petit comble, dans le sens où il a clairement de belles ambitions dans sa besace, que ce soit celle - pas vraiment masqué - de réaliser un " coup " à la hauteur de Black Panther (soit le premier vrai blockbuster américain composé d'un casting à forte consonance asiatique, visant à draguer sensiblement tout le continent asiatique), mais aussi et surtout d'incarner une sorte de blockbuster hybride entre le cinéma d'action HK, l'origin story sauce MCU, le film d'aventure purement Hollywoodien et la mise en avant d'un héros mineur du catalogue (créé par Steve Englehart et Jim Starlin, et déjà conçu à l'époque pour surfer sur la popularité du cinéma d’arts martiaux au coeur des 70s), avec un vrai casting d'outsiders - aux côtés des légendes Tony Leung et Michelle Yeoh.
Soit quelque chose qui, toute propension gardée bien évidemment, est rare dans un paysage aussi policé que peut l'être celui de Marvel sauce Kevin Feige, ou seul Les Gardiens de la Galaxie ont incarnés - et encore - une petite anomalie.
Même s'il ne transforme jamais le plomb en or (il est un film du MCU jusqu'au bout de la pellicule), Shang-Chi réussit néanmoins la prouesse de ne jamais mentir sur la marchandise, et d'assumer tout du long son parti pris de divertissement simpliste et prévisible, dont la fraîcheur et l'action en dur (même si son climax est, passage obligé, boursouflé aux CGI) masque quasiment tous les maux et convoque un sentiment de plaisir immédiat réellement surprenant.
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Car oui, contre toute attente, le film de Cretton, dont la capacité à porter une grosse production autant qu'à digérer ses influences et à capturer solidement l'action (la plus entraînante et lisible du MCU depuis Captain America et le soldat de l'hiver, bien aidée par la présence de feu Brad Allan au sein de la seconde équipe), n'est désormais plus à prouver, parvient à surprendre plus d'une fois son auditoire.
Que ce soit dans la maîtrise sereine de son intrigue (avec des flashbacks qui, même répétés, n'ankylose pas plus que cela la fluidité de la narration), sa volonté d'initié son auditoire à tout un pan du cinéma asiatique (du wu xia pian des films Shaw Brothers aux péloches HK plus récentes - Tsui Hark en tête -, le tout saupoudré d'une pincée de folklore fantastique) sans pour autant couper le cordon avec le MCU (quelques visages connus, du - faux - Mandarin à Wong en passant par Abomination), mais surtout de resserrer ses thématiques autour de deux thèmes essentiels - l'amour et la famille, entre poids des traditions et héritage -; la péloche ne brade jamais la mythologie de son matériau d'origine et trouve constamment un équilibre entre simplicité et justesse, même dans le traitement de ses personnages - très bien incarnés -, plutôt étoffés et loin des caricatures faciles (comme celui d'Awkwafina, qui n'est pas qu'un sidekick comique, ou même de Shang-Chi, héros ordinaire tiraillé par des problématiques elles aussi ordinaires et universelles).
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Emballé avec énergie, inventivité et soin (notamment grâce à la photographie pop et pimpante de Bill Pope), veillant constamment à maintenir l'intérêt et l'implication de son spectateur, Shang-Chi et la légende des dix anneaux, frappé pat la structure familière du MCU autant qu'il se paye quelques écarts rafraîchissants, n'est ni une origin story majeur et encore moins un blockbuster mémorable, mais l'honnêteté de ses (bonnes) intentions décomplexées couplée à sa propension à modestement assumer sa simplicité (jusque dans son humour, jamais irritable comme bon nombres d'autres films de la firme), en fond une séance hautement recommandable - voire même une séance Marvelienne qui ne souffrirait pas désagréablement, d'une seconde vision.
Jonathan Chevrier