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[CRITIQUE] : Mon Légionnaire


Réalisatrice : Rachel Lang
Acteur : Louis Garrel, Camille Cottin, Ina Marija Bartaité, Aleksandr Kuznetsov,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h47min

Synopsis :
Le film est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021

Ils viennent de partout, ils ont désormais une chose en commun : la Légion Étrangère, leur nouvelle famille. Mon Légionnaire raconte leurs histoires : celle de ces femmes qui luttent pour garder leur amour bien vivant, celle de ces hommes qui se battent pour la France, celle de ces couples qui se construisent en territoire hostile.



Critique :


Elles sont rares, les cinéastes à vouloir arpenter le giron on ne peut plus masculin du film de guerre, tant est si bien qu'elles se compteraient presque sur les doigts d'une main méchamment amputée.
Si Queen Kathryn Bigelow a ouvert la voie de manière imposante avec deux merveilles - Démineurs et Zero Dark Thirty -, on se souvient aussi, plus près de nous, des essais d'Eva Husson (le manqué Les Filles du Soleil), de Claire Denis (Beau Travail) ou encore de Jasmila Zbanić (Sarejevo, mon amour et La Voix d’Aïda, actuellement en salles).
Des noms auprès desquels il faut désormais compter celui de Rachel Lang (logique, quant on sait quelle est elle-même lieutenant réserviste dans l’armée), dont le premier long-métrage Baden Baden, narrait les atermoiements plein d'entrain d'une jeunesse qui se cherche.

Copyright ML/Cheval deux trois/Wrong Men

Pour Mon Légionnaire, forte de son expérience personnelle, elle prend le parti de croquer une immersion réaliste au coeur de l'intimité de la Légion étrangère française, pas tant intéressé par leur combat contre l'État Islamique que par le désir de montrer ce qui se cache réellement derrière un uniforme commun et impersonnel.
Si le conflit armé est pourtant bien présent (et franchement immersif), même si les tenants politiques sont - volontairement - réduits à peau de chagrin, ce qui motive la cinéaste est bien de montrer la " vraie " vie de ces soldats, et plus particulièrement l'impact de leur carrière sur leurs proches : femmes et enfants dont le conflit constant n'est certes pas aussi dangereux et instable que sur le front, mais n'en reste pas moins périlleux et stressant pour autant dans leur quête d'un équilibre stable (d'autant qu'au sein même de cet univers très hermétique, simple conjointe et épouse/mère ne sont pas toutes logées à la même enseigne).
Un engagement et une dévotion au quotidien - un sacrifice qui va de pair avec celui tout aussi consenti des époux -, une dualité ambivalente sur la notion de devoir que Lang cultive avec un réalisme strict et austère (même si sa mise en scène, aussi appliquée soit-elle, manque cruellement d'audace et d'onirisme), ne masquant pas les conflits relationnels et les non dits qui sont les fruits pourris de la rigidité de leurs conditions.
Mais si son regard clinique et rugueux renforce l'aspect immersif de sa double focalisation, il annihile en grande partie en revanche, toute sa tonalité dramatique et émotionnelle (plus pour le couple Cottin/Garrel que celui de Bartaité/Kuznetsov cela dit), rendant trop partiellement empathique le désarroi intérieur qui motive à la fois cet engagement (militaire et envers la notion) et ce désengagement (familial et surtout sentimental).

Copyright ML/Cheval deux trois/Wrong Men

Même s'il est parfois difficile de ne pas ressentir derrière ce souci de docu-vérité brut et organique (voulu comme un hommage sans réserve à ceux qui servent la nation), une certaine inertie scénaristique voire même un parti pris complaisant - mais compréhensible cela dit - de donner une image polissée/idéalisée de l'armée (ou tout le monde vit dans une communion solidaire, ou la virilité ne déborde jamais du rang, ou l'on ne questionne jamais la violence - réelle - à laquelle on fait face et même que l'on inflige); Mon Légionnaire, que ce soit dans son solide casting (Louis Garrel en tête, intense et crédible, sans oublier feu l'exceptionnelle Ina Marija Bartaité) ou le score voluptueux d'Odezenne, n'en reste pas moins une expérience captivante et impliquée, qui mérite son pesant de pop-corn à défaut de pleinement emporté l'adhésion.


Jonathan Chevrier


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