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[CRITIQUE] : Le Fils de l’épicière, le Maire, le Village et le Monde

Réalisatrice : Claire Simon
Avec : -
Distributeur : Nour Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français
Durée : 1h51min

Synopsis :
C’est l’hiver dans le petit village de Lussas, en Ardèche, et les agriculteurs sont tout entier à la taille des vignes. Soutenu par le maire Jean-Paul Roux, son ancien camarade de classe Jean-Marie Barbe se lance dans une entreprise toute singulière : la création d’une plateforme numérique par abonnements, dédiée aux documentaires d’auteur. C’est la naissance de Tënk, aux allures de start-up, tendance rurale. Aux côtés de Jean-Marie, l’équipe va-t-elle gagner le pari de cette entreprise économique ?



Critique :


Depuis plus de trois décennies maintenant, la cinéaste Claire Simon vagabonde joyeusement dans le sillon d'un septième art hexagonal ou elle incarne une figure aussi peu célébrée que profondément multi-tâche, bâtissant son oeuvre dans un jeu d'équilibriste étonnant entre films de fictions atypiques et documentaires remettant continuellement en question la puissant de la banalité au coeur même de la fiction.
Reconnue dès son excellent second effort, Récréations, ou elle débusquait le drame presque Shakeasperien se nouant à chaque jeu d'une poignée d'enfants en pleine cours de maternelle, on la retrouve en ce dernier virage de l'année 2021 avec Le Fils de l'épicière, le Maire, le Village et le Monde (sacré titre), ou elle pose sa caméra empathique au coeur de Lussac, petit patelin ardéchois qui transpire l'amour du septième art mais aussi et surtout, du documentaire.

© Nour Films

Chaque année depuis 1989, la cité accueille et fait vivre l'incontournable festival des États Généraux du documentaire, mais l'effort ne s'intéresse pas tant à ce rendez-vous habituel qu'à l'entreprise colossale dans laquelle s'est lancé une poignée d'âmes ambitieuses : la création difficile de la plateforme numérique dédiée au genre, Tënk, mais aussi la transformation du village en un " village documentaire " .
Un projet associatif difficile aux enjeux ancrés dans un contexte rural prégnant (la lutte tragique de villageois tentant coûte que coûte d'échapper à l'isolement et l'invisibilisation socio-culturelle d'une France à deux vitesses), que Simon retranscrit avec finesse (tout en mettant en parallèle le destin du festival et de ses acteurs, à celui des agriculteurs locaux), du financement laborieux à l'utopie saine mais impossible d'un projet dont l'investissement conséquent et passionnel (souvent plus que de raison) se devrait de recevoir une reconnaissance au moins équivalente.
Un portrait peut-être pas toujours captivant voire même un poil limité par ses contours cinématographiques (une série, moins confuse et plus étalée, aurait sans doute dilué le sujet de manière plus adéquat), mais qui en dit tout de même (très) long sur un monde rural à l'agonie, tentant constamment de se réinventer pour survivre dans une société contemporaine mondialisé qui lui fait constamment comprendre qu'il n'est jamais à sa place, même s'il ne peut paradoxalement pas exister sans...


Jonathan Chevrier


 

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