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[CRITIQUE] : Barbaque


Réalisateur : Fabrice Éboué
Acteurs : Fabrice Eboué, Marina Foïs, Virginie Hocq, Jean-François Cayrey,...
Distributeur : Apollo Films / TF1 Studio
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min

Synopsis :
Vincent et Sophie sont bouchers. Leur commerce, tout comme leur couple, est en crise. Mais leur vie va basculer le jour où Vincent tue accidentellement un vegan militant qui a saccagé leur boutique… Pour se débarrasser du corps, il en fait un jambon que sa femme va vendre par mégarde. Jamais jambon n’avait connu un tel succès ! L’idée de recommencer pourrait bien les titiller…


Critique :


Il y a quelque chose de presque frustrant à la vision du - très - singulier Barbaque, second long-métrage en solo de Fabrice Éboué, tant tout comme son Co-Exister (qui recèle cela dit bien plus de qualités que de défauts), le bonhomme aborde avec une certaine habileté le terrain pourtant sinueux de la comédie vacharde et subversive - coucou Blier -, mais peine inexplicablement à donner du corps à sa volonté (louable au demeurant) de mettre les pieds dans le plat en abordant des sujets sociétaux qui fâchent - ou au minimum, font débat -, autant qu'en tirant sur à peu près tout ce qui bouge - sans forcément pleinement toucher chacune de ses cibles.
Pourtant l'essentiel était là, tapis dans l'ombre du sens d'observation féroce que peut avoir l'humoriste, et sa propension à titiller de manière irrévérencieuse nos complexes sociétaux vis-à-vis de la norme et de ce (et ceux) qui s’en écarte, dans des séquences parfois bien senties et même plutôt acerbes.

© Cécile-Mella - 24-25 Films - Apollo Films - Orange Studio - France 3 Cinéma

Mélange hybride et décomplexé entre la satire macabro-acide, le slasher romantico-viandard et la comédie horrifico-étrange, dont la révérence plus qu'assumée à C'est arrivé près de chez vous (voire, soyons fous, un brin à Sweeney Todd - les chants en moins -, mais aussi aux Bouchers Verts - Mikkelsen et sa coupe improbable en moins), fait qu'il rêve - un peu trop - d'être embaumé par le même cynisme pur et dérangeant, le film, qui accumule copieusement les caricatures avec une boulimie gênante (des vegans aux grands industriels, en passant par des bouchers/commerçants bien franchouillards aux doux relans racistes), cherche constamment à artificiellement provoquer son auditoire dans un récit à charge sans nuances mais qui, paradoxalement, a pour lui quelques élans trashs aussi savoureusement rentre-dedans et insolents, que son pendant gore est frontal.
Taclant autant les militants/activistes vegans que les consommateurs de malbouffes, les grands industriels que les petits artisans et les minorités, Barbaque joue la carte de l'expérience radicale et culottée, rythmée au hachoir - jusque dans son final expéditif - mais aux prestations ciselées (Marina Foïs en impose, comme toujours, en épouse gentiment psychopathe).
Jusqu'au-boutiste et gras aussi bien qu'il est maladroit et plus odieux que réellement subversif, difficile à dire si on est finalement un tant soit peu séduit par ce morceau de « porc d’Iran », car à taper équitablement sur tout le monde sans le moindre recul critique, on finit par taper... dans le vent.


Jonathan Chevrier