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[CRITIQUE] : Ride your wave

Réalisateur : Masaaki Yuasa
Avec les voix de : Rina Kawaei, Kentarô Itô, Ryota Katayose, ...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Animation, Romance, Musical, Fantastique
Nationalité : Japonais
Durée : 1h35min

Synopsis :
Hinako, une jeune fille passionnée de surf, déménage dans une ville balnéaire. Lors d'un incendie, elle est sauvée par un pompier nommé Minato. De cet incident va naître une incroyable fusion entre deux êtres que tout oppose. Mais Minato, jeune débutant surfeur, se retrouve un jour englouti par la mer . Alors que tout le monde tente de surmonter sa peine, Hinako s'accroche à l'esprit de son ami, qui rejaillit dans sa vie sous forme d'eau... Commence alors un nouveau chapitre de leur romance.




Critique :


Deux ans après sa présentation au festival d’Annecy et une pandémie plus tard, Ride your wave, long métrage de Masaaki Yuasa, prend le chemin des salles obscures. Le réalisateur japonais signe ici son retour au cinéma avant la découverte imminente de son prochain film, Inu-Oh, que les chanceux pourront voir au festival de Venise en septembre.

Ride your wave sent bon l’été, les vacances et la mer. Avec un ton léger, tel un nuage, Masaaki Yuasa se penche pourtant vers un récit sur le deuil. Son héroïne, Hinako, jeune femme passionnée et exaltée, va se retrouver totalement démunie face à la perte d’un être cher. Comment accepter le vide, l'absence ? Comment peut-on se reconstruire ? Le long métrage nous propose une narration poétique, totalement éloignée du pathos.

Copyright Alba Films

Hinako aime la mer et le surf. Lors d’un incendie dans son immeuble, elle rencontre Minato, un jeune pompier. Un lien intense se crée entre eux, une fusion amoureuse rare. Minato boit les paroles de Hinako quand elle parle de surf, à tel point qu’il finit par se laisser convaincre d’essayer. Mais le destin décide de briser ce couple uni, à jamais. Minato est entraîné par les vagues, laissant derrière lui Hinako percluse de culpabilité.

C’est avec beaucoup de douceur que le cinéaste aborde la rencontre, puis la perte. Il choisit la simplicité pour raconter ce couple, lié par la passion et le bonheur de l’instant présent. Le caractère euphorique de l'héroïne déteint sur le début du film, à l’image de la chanson phare, entraînante et incessante (on vous met au défi de ne pas la chantonner à la fin de la séance). Malgré ce côté fleur-bleue, Masaaki Yuasa arrive à rendre crédible l’émotion. Leur fusion est palpable, leurs sentiments réels. Le ton naïf de l’ensemble les rend attachants, la perte n’en sera que plus extrême.

Copyright Alba Films

Toujours avec ce côté léger, Ride your wave aborde le deuil d’une manière ambivalente, à la fois hilarante quand Hinako aperçoit pour la première fois Minato dans l’eau, mais toujours avec un fond de tristesse, pour alterner entre rires aux larmes et larmes tout court. Parce que le récit est frais et naïf, parce que l'héroïne est entière et reçoit les émotions d’une manière graphique, apportée par une animation riche et rythmée, le film évite que son ton léger ne devienne synonyme de facilité. L’eau se transforme en outil d’apprentissage de la mort et aide à supporter le poids de la culpabilité. Miroir vers le monde des morts, l’eau devient illusion, et rend possible la présence de Minato dans le quotidien de Hinako. Il est d’autant plus intéressant de voir l’apparition du disparu par ce biais, le personnage étant traumatisé par le choc de son décès, elle fait un rejet complet de sa passion. Ces apparitions vont lui permettre d’adoucir la douleur de l’absence et de reconnecter Hinako à la vie, à qui elle est. Le secret réside dans le fait d’accepter que la vie continue malgré tout, et que le deuil fait aujourd’hui intégralement partie de son existence.

Grâce à la protéiformité de l’eau, l’émotion prend corps dans un récit simple, qui ne glisse jamais vers le pathos. Ride your wave est un joli petit film, où le drame côtoie l’euphorie amoureuse.


Laura Enjolvy