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[CRITIQUE] : Reminiscence


Réalisatrice : Lisa Joy
Acteurs : Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandie Newton,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Science-fiction, Romance, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h56min.

Synopsis :
Dans un futur proche, Miami a été submergé par les flots, suite aux effets du changement climatique. Un enquêteur privé, Nick Bannister, est engagé par des clients afin de retrouver leurs précieux souvenirs. Au cours de sa dernière affaire, il tombe éperdument amoureux de sa cliente. A sa disparition, le détective est désemparé et se lance à sa recherche. Il se retrouve alors perdu dans une boucle temporelle et découvre des aspects de sa personnalité qu'il ne connaissait pas auparavant.



Critique :


On ne pourra jamais reprocher aux wannabe cinéastes tentant de faire leur trou au sein de la terrible jungle Hollywoodienne, d'avoir plus d'ambitions que la moyenne, pour leurs premiers passages derrière la caméra; d'autant plus à une heure ou l'on fustige à longueur de journée, une industrie qui ne fait que franchiser/recycler à outrance, le moindre de ses produits populaires.
Et question ambition, la talentueuse Lisa Joy, dont on n'aura de cesse de louer le travail exemplaire sur la formidable série HBO Westworld, n'en manque décemment pas avec Reminiscence, thriller noir et retors tout droit sorti de l'âge d'or d'Hollywood, qui pêche non pas par manque d'idées ni d'envie, mais plus dans une quête vaine de cohésion.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

L'histoire " Nolanienne " du film se fixe sur Nick Bannister, un héros Bogartien incarnant une sorte de détective privé de la mémoire, qui gagne sa vie en gérant un service de projection de la mémoire en réalité virtuelle, où les clients revivent des souvenirs d'autrefois, symboles d'une vie passée avant que notre monde ne se perde dans une pluie de guerres sans fin, ou que le changement climatique fasse monter les océans à des niveaux semi-apocalyptiques (le film se déroule dans un futur ou Miami à tout d'une Venise puissance 1000).
Quelle que soit l'ampleur ou la taille du souvenir, Bannister et son associée Watts, donne à ses clients une chance de revenir à ce moment - heureux voire utile -, tout en faisant tranquillement de l'argent sur leur dépendance au passé.
Mais comme tout bon film noir Floridien, une romance vient pimenter le récit et elle prend les contours d'une énigmatique femme glamour qui entre dans la vie de Bannister sous un prétexte banal (elle a perdu ses clés et a besoin de lui pour les rechercher dans sa mémoire... un peu comme pour le formidable Trance de Danny Boyle), avant de littéralement la chambouler en disparaissant, poussant le bonhomme à se lancer dans une quête désespérée pour la retrouver, tout en se demandant s'il n'est pas face depuis le départ, à une sombre conspiration...
C'est assez ironique au fond que pour un film basé sur les souvenirs, Reminiscence est finalement férocement oubliable, lui qui ne tient jamais sa promesse aguicheuse d'incarner une odyssée surréaliste à la recherche des souvenirs des autres, tant il traite ses plongées mémorielles comme une méditation guidée sapant constamment son mystère, et encore plus son étourdissement, puisque le spectateur est totalement conscient de la limite entre les rêves et la réalité.

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Avec son petit côté blockbuster SF made in 90s louchant gentiment sur de nombreuses références familières du genre (de Blade Runner à Eternal Sunshine of The Spotless, en passant par Strange Days et un chouia d'Inception), dont la modestie masque plus ou moins justement les maladresses et les précipitations faciles de son intrigue (qui peut se voir comme un songe K. Dickien de poche, sur les limites de la nostalgie vibrant en chacun de nous, mais qui délaisse pourtant inexplicablement un monde fascinant et partiellement englouti - superbe travail d'Howard Cummings); le récit jongle constamment entre le film noir à l'ancienne - voix-off en prime -, l'actionner discret (rares sont les blockbusters ou les séquences musclés ne vampirisent pas lattention), le thriller d'anticipation, la fable écologique et même la tragédie romantique, sans jamais donner suffisamment de chair et de corps à chacune de ses incursions.
Reste alors un vrai sentiment de frustration, pas même sauvé par les partitions enlevées de son casting vedette (Hugh Jackman, tout en intériorité, à le magnétisme d'un Robert Ryan là où Rebecca Ferguson est une sirène sensuelle et insaisissable, qui peut ou non trahir notre héros à tout moment, sans oublier une Thandie Newton badass as hell), une esthétique léchée ni une mélancolie générale envoûtante, même s'il est incontestable que cette première balade dystopique et intimiste sur grand écran de Lisa Joy, est pour le moins divertissante, même s'il en fallait peu pour qu'elle devienne réellement mémorable.


Jonathan Chevrier



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