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[CRITIQUE] : Louloute


Réalisateur : Hubert Viel
Acteurs : Alice Henri, Laure Calamy, Bruno Clairefond,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique
Nationalité : Français
Durée : 1h28min

Synopsis :
Années 80, Normandie. Entre les vaches, le Club Do' et les gros pulls en laine, Louloute rêve, tombe amoureuse et se dispute avec ses proches. Alors que la ferme familiale s'endette, sa vie va changer à jamais.



Critique :


Il aura fallu attendre mars dernier pour que celle qui est considéré, à raison, comme l'une des comédiennes les plus vivantes et talentueuses de sa génération, soit enfin adoubée par ses pairs, une victoire qui, on l'espère, s'inscrira sur la durée, permettant ainsi à Laure Calamy de s'extirper un brin du statut de second couteau de luxe, pour celui de comédienne pouvant porter des productions sur son seul nom.
Son premier film post-César, Louloute d'Hubert Viel en fait la mère d'une héroïne tendrement atypique et excentrique, Louise, enseignante fraîchement dans la trentaine qui est engoncée autant dans un quotidien pas forcément heureux, que dans la mélancolie tendre d'une enfance qui ne l'a jamais totalement quitté.
Si elle est restée gentiment enlacée dans cette époque bénie, mais néanmoins pas exempts de douleurs prégnantes, ou ses proches la surnommait Louloute, c'est parce qu'elle n'a jamais trouvé sa place dans la vie d'adulte, et la rencontre improbable avec son amour de l'époque, va instinctivement faire ressurgir des souvenirs vieux de vingt ans, qui se superposent avec la réalité...

Copyright Tandem

À travers de nombreux aller-retour entre passé et présent ainsi qu'un ton d'une délicatesse rare, Viel visse son récit désenchantée sur les atermoiements d'une âme empathique qui, tout comme nous, laisse parler sa part d'enfance (avec le bonheur et les inconvénients que cela amène), et croque une fable onirique et naturaliste convoquant joliment les esprits de Proust et Pialat; une oeuvre de coeur et de sensations à la naïveté heureuse, qui questionne le pouvoir des souvenirs et son emballement souvent excessif, outil chimérique et mélancolique pour fuir un présent insatisfaisant - voire douloureusement plat.
Moins portrait analytique d'une femme fragile prisonnière de ses souvenirs, que vrai drame familial et social tourmenté et plein d'amertume à la reconstitution minutieuse (qui parlera directement à la génération Club Dorothée), le film perd peut-être en puissance évocatrice lorsqu'il laisse parler son versant social via la crise agricole (plus directement la crise laitière dévastatrice au coeur des 80s) frappant la ferme familiale, au ton aussi didactique que son propos politique peut paraître presque anecdotique.
Reposant sur les prestations sensibles de ses interprètes (Laure Calamy et Alice Henry en tête), Louloute est un bout de rêverie euphorique et authentique qui fascine par l'ambivalence de ses images et charme par sa mélancolie.


Jonathan Chevrier



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