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[CRITIQUE] : Sème le vent


Réalisateur : Danilo Caputo
Acteurs : Yile Yara Vianello, Feliciana Sibilano, Caterina Valente,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien, Français, Grec.
Durée : 1h31min.

Synopsis :
Nica, 21 ans, abandonne ses études d’agronomie et rentre chez elle dans les Pouilles, au sud de l’Italie, après trois années d’absence. Elle découvre un père endetté, une région polluée, des oliviers dévastés par un parasite. Tous semblent avoir baissé les bras devant l’ampleur du désastre écologique et son père est prêt à sacrifier l’oliveraie familiale contre quelques billets. Face au renoncement général, Nica s’engage avec courage pour sauver les arbres centenaires, mais elle va devoir affronter des prédateurs inattendus...



Critique :


À la vue de son formidable Sème le Vent, le cinéaste italien Danilo Caputo semble instinctivement s'inscrire dans la liste - très fermée - de ces nouveaux défenseurs d'un cinéma anti-spectaculaire et profondément immersif; un formaliste qui dialogue frontalement avec les émotions et les humeurs, pour mieux les traduire en conditions existentielles tangibles, qui transpercent l'écran pour mieux nous toucher au plus profond de nos êtres.
Après un premier long-métrage inédit dans l'hexagone, La Mezza Stagione, son second effort trouve cette fois tout naturellement le chemin de nos salles obscures, pur bloc d'émotions contenues avec lequel il renforce les liens d'avec son propre monde, cette Pouilles (plus précisément, l'arrière-pays de Tarente) d'où il vient; cette terre puissante et poétique qui sublime de ces lumières d'antan et de ces rituels oubliés, la modernité forcée d'une société contemporaine furieusement industrialisée et polluante.

Copyright Pyramide Distribution

Expérience merveilleusement hypersensible et sensorielle, le film prend les courbes intimes d'un récit initiatique et politico-écologique d'une jeune femme (Nica, excellente Yile Yara Vianello) renouant autant avec des racines en proie aux parasites divers, qu'avec une famille éprouvée (la mère comprime son amertume dans une dépression carabinée, là ou le père patauge péniblement dans des difficultés économiques pour lesquelles il cherche des solutions faciles); deux confrontations auxquelles elle répond avec colère et détermination.
Opposant la froideur des relations humaines à celle de la chaleur d'une communion avec la nature et l'héritage qu'elle chérit, mais aussi le paganisme (tradition et symbolisme) au catholicisme (conservatisme et modernité) du pays à la botte pour lui préfèrer une sorte de panthéisme enchanteur (puisque lié à l'amour d'une grand-mère défunte, ayant elle-même le statut de sainte auprès de sa communauté); Caputo, entre écologie, spiritualité et féminisme frontale, dresse un portrait de femme immersif et à la tendresse inquiète, effleurant fougueusement des thématiques importantes (urgence écologique, héritage culturel liée à une nature fuyante et souillée, la corruption cynique d'une société néolibéral,...).
Un (très) beau second long-métrage, tout simplement.


Jonathan Chevrier



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