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[CRITIQUE] : Profession du Père


Réalisateur : Jean-Pierre Améris
Acteurs : Benoît Poelvoorde, Audrey Dana, Jules Lefebvre,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Emile, 12 ans, vit dans une ville de province dans les années 1960, aux côtés de sa mère et de son père. Ce dernier est un héros pour le garçon. Il a été à tour à tour était chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d'une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle. Et ce père va lui confier des missions dangereuses pour sauver l’Algérie, comme tuer le général.


Critique :

Après le formidable Les Émotifs Anonymes, et le passablement plus anecdotique Une Famille à Louer (malgré une très chouette Virginie Efira), la troisième collaboration entre le cinéaste Jean-Pierre Améris et le fantasque - et fantastique - Benoît Poelvoorde était attendu au tournant, d'autant plus quelle promettait non plus d'arpenter à nouveau le terrain rebattu de la comédie, mais bien frontalement celui de la tragédie, via l'adaptation de l'antépénultième roman (cette fois pleinement autobiographique) du talentueux écrivain Sorj Chalandon - Profession du Père.
Récit bouillant et puissant d'une enfance au coeur du Lyon des années 60, abîmée par la folie écrasante et la violence aussi physique que psychologique, d’un patriarche paranoïaque, le matériau d'origine se voit ici douloureusement expurgé de sa pureté et de sa colère dévastatrice, via un récit qui se perd lentement mais sûrement dans des maladresses/excès qu'il a lui-même orchestré, et ce sans véritable raison.

Copyright Caroline Bottaro


Axé sur les aléas d'un môme de douze ans, dont le père autoritaire et violent (mais aussi mythomane, imprévisible et pro-OAS, qui prétend fièrement fomenter l’assassinat d'un De Gaulle dont il est un opposant enragé) exerce sur lui une emprise - entre crainte et admiration - que même sa mère, qui n'oppose aucune résistance (et qui est même gentiment dans le déni), ne peut endiguer; le film se rêve comme une tragédie poignante d'une famille à dérive face à la maladie délirante de son membre le plus fort, une mise en images des rouages d'une emprise toxique contre laquelle on ne peut lutter.
À l'écran, Améris ne parvient jamais à traduire la moindre de ses bonnes intentions, littéralement engoncé aussi bien dans sa retranscription (trop) scolaire d'une époque sous tension, que dans la direction contradictoire d'un Poelvoorde jamais vraiment terrifiant - puisque beaucoup trop souvent excessif.
Shooté platement et sans ambitions comme un téléfilm de France télévision, plus bulle fantaisiste que plongée obscure dans les méandres de la psyché d'un tyran domestique (malgré une propension habile pour distiller une ambiance franchement oppressante); Profession du Père, trop forcé et bien trop sage, ne se fait jamais le drame puissant sur la maltraitance enfantine et la dynamique psychotique d'une famille dysfonctionnelle, qu'il aurait pu être.
Une vraie déception.


Jonathan Chevrier



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