[CRITIQUE] : Les sentiers de l’oubli
Réalisatrice : Nicol Ruiz Benavides
Acteurs : Rosa Ramírez Romana Satt Gabriela Arancibia Claudia Devia Raúl López Leyton Cristóbal Ruiz,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Drame, Romance
Nationalité : Chilien
Durée : 1h11min.
Synopsis :
Après le décès de son mari, Claudina se retrouve dans une routine solitaire. Elle décide de quitter la campagne pour rejoindre son petit-fils Cristóban et sa fille Alejandra, avec qui la communication est compliquée. C’est ici qu’elle fait la connaissance d’Elsa, une femme indépendante et mariée qui chante dans un bar caché appelé « Porvenir » (L’avenir). Une rencontre qui va lui permettre de s’émanciper d’une vie religieuse et conservatrice.
Critique :
Si la métaphore de l’extraterrestre, dont nous voyons juste les lumières, n’est pas très subtil, elle offre cependant au récit une base solide pour s’épancher sur ce qui intéresse #LesSentiersdeloubli: la recherche de soi, qu’importe son âge et/ou sa sexualité. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/SFiUSRDbqd
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 29, 2021
Pour son premier long métrage, la réalisatrice chilienne Nicol Ruiz Benavides nous propose une belle émancipation féminine. Les sentiers de l’oubli forme une ode à la liberté après une vie de don de soi. Nous suivons Claudina, soixante-dix ans, dans la découverte de ses limites, bien plus élargies qu’elle ne le pensait. Le récit prend la métaphore de l’alien avec d’étranges lumières vives venues du ciel pour établir un renouveau, pour fractionner le réel et le pousser à accepter l’inconnu. Exactement comme les habitants du village doivent accepter ce qui n’est pas dans la norme.
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La réalisatrice joue habilement avec la mise en scène, qui reste très proche de son héroïne principale Claudina (impeccable Rosa Ramirez). Là où le début est vide, dans les tons bleus froid pour marquer l’absence, la suite est chaude, orange, le vide du cadre comblée par Elsa. La cinéaste utilise des jeux de miroir pour établir la métaphore d’un renouveau chez Claudina, qui accepte son reflet, se réapproprie son corps. Quand on la voit se regarder dans le miroir une première fois, elle juge son corps, se palpe le gras du bras avant de se masturber. Mais alors qu’elle descend sa main vers son entrejambe, la caméra se détourne du miroir pour ne cadrer que sa tête, refusant de nous transformer en voyeur mais refusant également à Claudina d’accepter son reflet, ou même de ne pas avoir honte de son désir. La deuxième fois que nous voyons son reflet, la caméra est loin mais nous montre l’intégralité de son corps, en train de faire du sport, juste après avoir passé sa première nuit avec Elsa. Elle s’accepte alors entièrement, désir et corps, sourit dans le vide, amoureuse. La métaphore de l’extraterrestre, dont nous voyons uniquement les lumières, n’est peut-être pas très subtil, cependant elle offre au récit une base solide pour s’épancher sur ce qui intéresse Les sentiers de l’oubli : la recherche de soi, qu’importe son âge et/ou sa sexualité.