[CRITIQUE] : Journal de Tûoa
Réalisateur/Réalisatrice : Miguel Gomes et Maureen Fazendeiro
Acteurs : Crista Alfaiate, Carloto Cotta, João Nunes Monteiro,...
Distributeur : Shellac Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Portugais.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Le film est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021
Journal de Tûoa a été tourné sous régime de confinement, au Portugal, entre août et septembre 2020.
C’est aussi un film de fiction. Impossible de le résumer sans en dire trop. Nous avons donc choisi de reproduire un paragraphe d’un conte de Cesare Pavese, Le Diable sur les collines : « L’orchestre reprit mais cette fois sans voix. Les autres instruments se turent et il ne resta que le piano qui exécuta quelques minutes de variations acrobatiques sensationnelles. Même si on ne le voulait pas, on écoutait. Puis l’orchestre couvrit le piano et l’engloutit. Pendant ce numéro, les lampes et les réflecteurs, qui éclairaient les arbres, changèrent magiquement de couleur, et nous fûmes tour à tour verts, rouges, jaunes. »
Critique :
Lorsque les (facheuses) circonstances dû aux aléas du Covid-19 ont empêchés le tandem Miguel Gomes/Maureen Fazendeiro de faire un film, ils ont tout simplement pris le parti de faire un film sur ses dites circonstances.
Un concept un poil approximatif et majoritairement fictif qui sert de colonne vertébrale au Journal de Tûoa donc (août à l'envers, pour les plus attentifs), qui comme le Memento de Christopher Nolan s'évertue à proposer à son auditoire une chronologie inversée des événements sur vingt-deux jours, à la narration gentiment nébuleuse.
L'intention semble être, de prime abord, à apprécier le prélassement d'un trio éminemment cinématographique - une femme et deux hommes -, dans la sensualité d'un 16mm capturant la beauté et la volupté d'une demeure portugaise enveloppée dans un magnifique soleil d'été.
Mais tout bascule lorsque des personnages commencent à investir la demeure, trompant une quiétude qui n'était finalement qu'une quarantaine paisible et un peu ennuyée; des présences de plus en plus inexpliquées qui s'intègrent au cadre et qui font basculer le film de la fiction à la lisière du documentaire, au film dans le film narrant sa propre fabrication.
Trip déliberement metaphysique et très conscient/satisfait de toi (un défaut comme une qualité, et encore plus ici ou l'équilibre n'est pas toujours trouvé), libéré des diktats habituels de la narration, Journal de Tûoa laisse pourtant très vite transparaître, sous sa fine et douce couche d'ironie, l'authenticité d'un joli hymne à la vie, de la tendre chaleur du soleil sur la peau aux frictions intimes des corps familiers; un hymne ou la chronologie inversée se fait le véhicule d'une célébration sincère et poignante de l'esprit de communauté, et encore plus en cette période de pandémie ou chaque rapport humain au pluriel, est contrarié.
Petit recueil de vignettes - clairement en chantier et anarchiques - étranges et pétillantes qui capturent vingt-deux jours de coexistence sur un plateau de tournage, le film est une vraie bouffée d'air frais pure et poétique, sondant le cataclysme social actuel au coeur d'une bulle de légèreté inquiète et un poil systémique mais solaire dans son message sur une crise sanitaire ayant créée dans son chaos, une vraie crise artistique ou faire du cinéma est devenu un réel chemin de traverse.
Le genre de séance parfaite pour décompresser, pas inoubliable ni même toujours inspirée mais savoureusement dépaysante, et on n'en demande pas forcément plus en ces pluvieuses journées de juillet...
Jonathan Chevrier
Acteurs : Crista Alfaiate, Carloto Cotta, João Nunes Monteiro,...
Distributeur : Shellac Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Portugais.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Le film est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2021
Journal de Tûoa a été tourné sous régime de confinement, au Portugal, entre août et septembre 2020.
C’est aussi un film de fiction. Impossible de le résumer sans en dire trop. Nous avons donc choisi de reproduire un paragraphe d’un conte de Cesare Pavese, Le Diable sur les collines : « L’orchestre reprit mais cette fois sans voix. Les autres instruments se turent et il ne resta que le piano qui exécuta quelques minutes de variations acrobatiques sensationnelles. Même si on ne le voulait pas, on écoutait. Puis l’orchestre couvrit le piano et l’engloutit. Pendant ce numéro, les lampes et les réflecteurs, qui éclairaient les arbres, changèrent magiquement de couleur, et nous fûmes tour à tour verts, rouges, jaunes. »
Critique :
Petit recueil de vignettes anarchiques et pétillantes capturant 22 jours de coexistence sur un plateau de tournage,#JournaldeTûoa est une vraie bouffée d'air poétique, sondant le cataclysme social actuel au coeur d'une bulle de légèreté inquiète et un poil systémique mais solaire pic.twitter.com/AoZjM0vfus
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 15, 2021
Lorsque les (facheuses) circonstances dû aux aléas du Covid-19 ont empêchés le tandem Miguel Gomes/Maureen Fazendeiro de faire un film, ils ont tout simplement pris le parti de faire un film sur ses dites circonstances.
Un concept un poil approximatif et majoritairement fictif qui sert de colonne vertébrale au Journal de Tûoa donc (août à l'envers, pour les plus attentifs), qui comme le Memento de Christopher Nolan s'évertue à proposer à son auditoire une chronologie inversée des événements sur vingt-deux jours, à la narration gentiment nébuleuse.
L'intention semble être, de prime abord, à apprécier le prélassement d'un trio éminemment cinématographique - une femme et deux hommes -, dans la sensualité d'un 16mm capturant la beauté et la volupté d'une demeure portugaise enveloppée dans un magnifique soleil d'été.
Mais tout bascule lorsque des personnages commencent à investir la demeure, trompant une quiétude qui n'était finalement qu'une quarantaine paisible et un peu ennuyée; des présences de plus en plus inexpliquées qui s'intègrent au cadre et qui font basculer le film de la fiction à la lisière du documentaire, au film dans le film narrant sa propre fabrication.
Copyright Shellac Distribution |
Trip déliberement metaphysique et très conscient/satisfait de toi (un défaut comme une qualité, et encore plus ici ou l'équilibre n'est pas toujours trouvé), libéré des diktats habituels de la narration, Journal de Tûoa laisse pourtant très vite transparaître, sous sa fine et douce couche d'ironie, l'authenticité d'un joli hymne à la vie, de la tendre chaleur du soleil sur la peau aux frictions intimes des corps familiers; un hymne ou la chronologie inversée se fait le véhicule d'une célébration sincère et poignante de l'esprit de communauté, et encore plus en cette période de pandémie ou chaque rapport humain au pluriel, est contrarié.
Petit recueil de vignettes - clairement en chantier et anarchiques - étranges et pétillantes qui capturent vingt-deux jours de coexistence sur un plateau de tournage, le film est une vraie bouffée d'air frais pure et poétique, sondant le cataclysme social actuel au coeur d'une bulle de légèreté inquiète et un poil systémique mais solaire dans son message sur une crise sanitaire ayant créée dans son chaos, une vraie crise artistique ou faire du cinéma est devenu un réel chemin de traverse.
Le genre de séance parfaite pour décompresser, pas inoubliable ni même toujours inspirée mais savoureusement dépaysante, et on n'en demande pas forcément plus en ces pluvieuses journées de juillet...
Jonathan Chevrier