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[CRITIQUE] : Raya et le dernier dragon

 
Réalisateurs : Don Hall, Carlos Lopez Estrada, Paul Briggs et John Ripa
Avec les voix françaises de : Emilie Rault, Géraldine Nakache, Jade Phan-Gia, Frédéric Chau, Anggun, ...
Distributeur : Disney + France
Budget : -
Genre : Animation, Fantastique, Aventure
Nationalité : Américain
Durée : 1h47min

Synopsis :
Il y a de cela fort longtemps, au royaume imaginaire de Kumandra, humains et dragons vivaient en harmonie. Mais un jour, une force maléfique s’abattit sur le royaume et les dragons se sacrifièrent pour sauver l’humanité. Lorsque cette force réapparait cinq siècles plus tard, Raya, une guerrière solitaire, se met en quête du légendaire dernier dragon pour restaurer l’harmonie sur la terre de Kumandra, au sein d’un peuple désormais divisé. Commence pour elle un long voyage au cours duquel elle découvrira qu’il lui faudra bien plus qu’un dragon pour sauver le monde, et que la confiance et l’entraide seront essentiels pour conduire au succès cette périlleuse mission.


Critique :

Encore un film victime de la pandémie. Le dernier né Disney se voit, comme son prédécesseur Soul, contraint à une sortie directement sur la plateforme de streaming Disney + en ce 4 mai 2021. Raya et le dernier dragon ravale alors son besoin d’en mettre plein les yeux sur grand écran. Installez-vous confortablement cependant et préparez votre regard pour du grand spectacle !
Prenez le réalisateur des Nouveaux Héros (2015) Don Hall et celui de Blindspotting (2018) Carlos Lopez Estrada et vous obtenez l’équipe principale de réalisation de Raya et le dernier dragon (co-réalisé avec Paul Briggs et John Ripa). Ce cinquante neuvième films d’animation Disney nous emmène dans un monde magique, Kumandra, où jadis humains et dragons vivaient en paix. Mais un terrible fléau s’est abattu sur ce monde et à la suite d'une bataille acharnée, la paix n’existait plus. Kumandra est depuis séparé en cinq contrées ennemies, symbolisant chacune une partie du corps d’un dragon. La petite Raya vit au cœur de ce monde et protège un artefact magique, dernier vestige de l’ère des dragons. Mais la malveillance et la jalousie réveillent le fléau, qui s’abat une nouvelle fois sur les humains. Les clans sont au bord du chaos et Raya se construit donc dans un monde apocalyptique, seule.

Copyright 2021 Disney. All Rights Reserved.

Raya s’éloigne donc du stéréotype de la princesse Disney classique. Sa construction s’appuie sur un récit d’aventure qui n’a pas pour but d’être initiatique. Elle ne se cherche pas, ne doit pas sacrifier ses rêves, ne tombe pas amoureuse. Elle est un personnage désillusionné, en colère et son enjeu est tout d’abord égoïste. Si elle cherche à collectionner les bouts de l’artefact magique, si elle veut retrouver Sisu, la dernière dragonne en vie, c’est pour ressusciter son père, transformé en pierre par le Druun, le fléau maléfique. Un sacré mélange entre Vaina, sans son optimisme cependant et Merida, la princesse écossaise de Rebelle pour son côté têtu et guerrier. Son antagoniste, la princesse Naamari, n’est pas la méchante manichéenne attendue et se rapproche plus d’une victime du fléau, tout comme Raya finalement. Ce sont deux personnages qui feraient tout pour protéger leur peuple, leur famille et qui partagent une fascination enfantine des dragons. Le méchant serait alors l’humanité en elle-même, qui a oublié ce qu’était l’entraide et la confiance, préférant se déchirer que de prendre le risque de se réconcilier. Évidemment, le final ne se départit pas du happy-end classique du film Disney. Mais cette candeur (forcée) reste cohérente avec le récit. Dans ce monde en perdition, le seul espoir se niche dans une main tendue, dans le pardon face à un ennemi de plusieurs décennies.

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L’histoire guimauve ne remportera peut-être pas l’unanimité mais la direction artistique, elle, ravira les plus réfractaires au film. Raya et le dernier dragon nous en met plein la vue. Que ce soit l’animation ou les scènes d’action (avec un combat final de toute beauté), le film a la volonté de s’aligner avec le grand spectacle, celui qui nous écarquille les yeux et nous coupe le souffle. Nous comprenons alors encore moins le choix de la firme aux grandes oreilles de ne pas lui laisser une moindre chance dans les salles obscures, où la densité des détails de l’animation aurait pu être encore mieux appréciée. Nous ne boudons pas notre plaisir quand même et pouvons mettre à profit le visionnage à la maison pour faire des arrêts sur image, mettre un casque et se laisser emporter par la musique inspirée de James Newton Howard.
Malgré une trame convenue et assez naïve, Raya et le dernier dragon propose un voyage vers une animation de toute beauté, vers un film d'aventure de qualité, avec une héroïne sensible qui s’éloigne des tropes de princesse.


Laura Enjolvy


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Depuis le début des années 2010, la firme aux grandes oreilles à sérieusement refondu l'archétype de sa princesse modèle, une sorte d'évolution plus ou moins révolutionnaire mais salutaire, qui a fait naître des héroïnes telle que la badass (très) chevelu Raiponce, les soeurs de glace " Frozen " Elsa/Anna ou encore la voyageuse Moana.
Une progression importante qui gravit un nouvel échelon avec Raya, une guerrière - vraiment - complète au coeur d'un royaume post-apocalyptique, lancée dans une aventure épique et impertinente aux côtés d'une créature magique/dragon gentiment excentrique.
Sans péter dans la soie de l'originalité, tant ses références maisons sont aussi lisibles que les tâches sur le corps d'une girafe (Moana, Frozen et sa suite, Star Wars, Les aventuriers de l'arche perdue ou plus simplement Mulan, cadre oblige), Raya et le Dernier Dragon du tandem Don " Big Hero 6 " Hall et Carlos López " Blindspotting " Estrada, souffle néanmoins un petit vent rafraîchissant autant dans son esprit de péloche d'aventure humoristico-ludique, que dans sa volonté de mettre l'accent sur l'autonomisation de son héroïne, au sein d'un univers à la mythologie complexe mais fascinante.

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L'histoire est déployé dans le monde fantastique de Kumandra, où cinq cents ans se sont écoulés depuis que la coexistence harmonieuse entre les humains et les dragons a été tragiquement perturbée par les Druun, sorte de mystérieuse race de globes violets flanqués de la fumée noire, qui transforment tous les êtres vivants en statues; le dernier de ces dragons, Sisu, a pu utiliser une gemme magique pour sauver le monde, avant de subitement disparaître.
On y rencontre la jeune Raya, princesse du cœur qui est devenue la nouvelle gardienne de la gemme du dragon.
Son père idéaliste, Benja, aspire à unir les factions, mais ce qui est censé être une réunion diplomatique finit par créer encore plus de divisions au sein du royaume, déjà divisé en cinq factions belligérantes (Tail, Talon, Spine, Fang et Heart), aux spécificités et cadres bien distincts.
La gemme est même cassée et une nouvelle attaque du Druun transforme Benja une figure de pierre.
Six ans plus tard, Raya est devenue une nomade stoïque et méfiante, part à la recherche de l'anxieu dragon Sisu, pour qu'il l'aide à trouver toutes les pièces brisées du joyau et ainsi sauver son père - mais aussi le monde, tant qu'à faire -, mais aussi vaincre le Drunn et résister aux assauts de Namaari, la dangereuse ennemie jurée de Raya...
Épique grâce à une écriture plus fine qu'à l'accoutumée, qui n'a jamais peur d'étoffer aussi bien sa mythologie que l'univers qu'il déploie avec une fluidité assez étonnante (faisant de chaque arrêt du voyage de Raya, une vraie découverte dans des lieux aux identités distinctes et magnifiquement pensés et modélisés), le film de Hall et Estreda se démarquent de ses récents concurrents grâce à une action percutante, qui défit ses apparats de bande animée pour voguer vers un langage cinématographique le rapprochant savoureusement du cinéma burné asiatique, avec ses empoignades intenses et plus vicieuses qu'elles n'en ont l'air (mais surtout riche en divers arts martiaux).

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Vrai récit d'autonomisation (avec en sous-texte un joli fil conducteur sur l'esprit de fraternité/unite et l'apprentissage de la confiance mutuelle) sur une héroïne qui botte vraiment des culs, visuellement à couper le souffle (des effets photoréalistes de l'eau à la crinière rose pourpre chatoyante de Sisu, en passant par des paysages finement sculptés, tout est impressionnant); Raya et le Dernier Dragon à beau se débattre avec quelques incohérences tonales (actionner, buddy movie, heroïc fantasy,...), il n'en reste pas moins un divertissement spectaculaire et vibrant qui en impose, et que l'on aurait adoré pouvoir découvrir dans une salle obscure, et non sur un écran - réduit - de télévision.


Jonathan Chevrier



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