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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #136. Semaine du 23 au 30 mai




Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.


Semaine du 23 Mai au 29 Mai


Lundi 24 Mai. Dunkerque de Christopher Nolan sur France 3.

En mai 1940, à Dunkerque, Tommy un soldat britannique, rejoint la plage où doit être organisée une opération d’évacuation par les mers. En mer et dans les airs, les forces anglaises s’organisent également…

Après un voyage aux confins de la galaxie, Nolan retouche la terre ferme avec Dunkerque. Mais que pouvait apporter le cinéaste au genre du film de guerre ? Eh bien ses propres obsessions. Ici, plus que jamais, le metteur en scène enferme ses personnages, non pas dans un rêve, un trauma ou un mensonge, mais sur une plage dont chacun tente avec désespoir de s’extraire. Dans cette horreur qu’est la guerre, Nolan fait de cet effort de fuite un besoin viscéral de retrouver l’humain en soi. Plus que jamais le cinéaste fait imploser la temporalité dans une narration nolanienne il fait d’une semaine, une heure, d’une heure une minute tout vient se précipiter ; s’enchevêtrer dans une œuvre titanesque, vibrante de bout en bout, nolanienne de bout en bout.

Mais aussi... TMC propose Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve. Contrairement à certaines sagas cultes des années 80, le cinéaste ne tient pas à proposer quelque chose de réconfortant ou familier. Blade Runner 2049 est une proposition radicale, hermétique et âpre, dans un certain sens on pourrait presque parler de blockbuster élitiste tant il ne peut que polariser les opinions. C’est là que réside toute la force, et faiblesse pour certains, de cette proposition. Denis Villeneuve s’empare totalement de l’œuvre originale pour l’amener autre part, dans ses contrées cinématographiques pour faire scintiller de manière aussi surprenante qu’évidente une profonde tristesse qui vient, dans la glaçante solitude, cueillir.



Mercredi 26 Mai. Une Affaire de Famille de Hirokazu Kore-eda sur Arte.

Au retour d’une nouvelle expédition de vol à l’étalage, Osamu et son fils recueillent dans la rue une petite fille qui semble livrée à elle-même. D’abord réticente à l’idée d’abriter l’enfant pour la nuit, la femme d’Osamu accepte de s’occuper d’elle lorsqu’elle comprend que ses parents la maltraitent. En dépit de leur pauvreté, les membres de cette famille semblent vivre heureux — jusqu’à ce qu’un incident révèle brutalement leurs plus terribles secrets…

Après un détour par le thriller judiciaire dans The Third Murder, Hirokazu Kore-eda revenait à ses obsessions, ou plutôt son obsession, avec Une Affaire de Famille. Une nouvelle fois le réalisateur fait de la cellule familiale le cœur de son récit. C’est avec une extrême délicatesse que Kore-eda vient disséquer le quotidien de ces personnages, parvenant à rendre palpable toute la singularité de la vie. On passe par des émotions très disparates, la joie, la tristesse, le rire et l’amour. Et si tout cela semble dans un temps presque anedoctique, le film va peu à peu donner à voir autre chose. Comme son synopsis le laisse présager, les secrets vont s’extirper de leurs silences pour permettre au cinéaste de décortiquer les apparences. L’œuvre devient alors intense et terrassante, humaine comme toujours avec Kore-eda et traversée d’une splendide poésie.


 
Vendredi 28 Mai. Monsieur et Madame Adelman de Nicolas Bedos sur Cherie25.

Comment Sarah et Victor ont-ils fait pour se supporter pendant plus de 45 ans ? Qui était vraiment cette femme énigmatique vivant dans l’ombre de son mari ? Amour et ambition, trahisons et secrets nourrissent cette odyssée d’un couple hors du commun, traversant avec nous petite et grande histoire du dernier siècle.

Ne vous laissez pas avoir par le nom, oui Nicolas Bedos est clivant, détesté autant qu’il est acclamé, et je dois avouer que j’avais toujours fait plus ou moins partie de la première catégorie. Alors quand a était annoncé Monsieur et Madame Adelman écrit, mis en scène et interprété par Nicolas Bedos j’ai cru m’évanouir. J’avais tort. Sur toute la ligne. Le — jeune — réalisateur insuffle au cinéma français un romanesque qui lui fait souvent défaut ; vibrant d’énergie, d’idée, le film est d’une impertinence folle, d’une hilarité permanente et surtout il respire par tous les pores d’un amour pour le 7e art. C’est comme cela que je me suis mis à utiliser des mots tels qu’ambitieux, géniaux, jouissif ou encore enjoué pour qualifier Monsieur et Madame Adelman tout en me surprenant d’attendre impatiemment son prochain film.


Thibaut Ciavarella