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[CRITIQUE] : Shorta

Réalisateurs : Anders Ølholm et Frederik Louis Hviid
Acteurs : Jacob Lohmann, Simon Sears, Tarek Zayat,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Policier, Thriller, Action.
Nationalité : Danois.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Talib, 19 ans, adolescent noir, meurt des suites de blessures mortelles en garde à vue. Son décès provoque une révolte dans la banlieue de Copenhague au moment où deux policiers que tout oppose, Jens et Mike, s’y trouvent justement en patrouille. Pris en chasse, ils vont devoir se frayer un chemin pour échapper aux émeutes. S’engage alors un affrontement implacable.


Critique :


Force est d'avouer qu'il y a un peu (bon, beaucoup) du merveilleux Les Misérables de Ladj Ly dans le premier long-métrage de Frederik Louis Hviid et Anders Ølholm, Shorta, que ce soit dans son regard sur la brutalité policière et le racisme qui la gangrène (même si l'on se bornera à nous dire, surtout dans nos contrées, qu'il n'existe pas) mais aussi à contrario, les dangers quotidiens auxquels sont confrontés les forces de l'ordre au sein de quartiers/communautés qu'ils comprennent mal.
À la différence près que si le film de Ly s'échinait - le plus justement - à offrir un point de vue dense des deux côtés du conflit, son cousin danois lui préfère un pendant plus familier (et moins accrocheur même si sa représentation des dommages du racisme est assez réaliste) en ne se focalisant que ou presque, sur le regard de la police (tout dû moins plus fouillé que les autres), dont les préjugés et la brutalité affectent la population de Copenhague.

Copyright Alba Films

Plus dommageable, au-delà même du fait de se parer d'un récit à la crédibilité toute relative (deux flics blancs à Copenhague sont coincés dans une émeute raciale pendant des heures, sans le moindre renfort ni de la police, et encore moins de l'armée voire du gouvernement en place), sacrifié sur l'autel du suspense - certes efficace - et de l'action, la narration se pare de bien trop de raccourcis simplistes pour essayer de trouver une " guérison " à la haine raciale et aux conflits ethniques, rendant dès lors assez vain sa vision d'une réponse de " l'ordre " face à un soulèvement d'une population n'en pouvant plus de sa violence.
Avec sa bavure centrale qui n'est pas sans rappeler, un an plus tard, le calvaire inhumain vécu par George Floyd, et une dynamique bon flic/mauvais flic à la Training Day en son cœur, ce premier long peut néanmoins se voir, passé le (gros) seuil de la suspension d'incrédulité, comme un solide et tendu survival, riches en fusillades et en courses-poursuites, et plutôt intéressant dans son renversement du rapport de force et du ciblage de la violence raciale.
Solidement incarné et mis en boîte même si son écriture ne fait pas dans la finesse, Shorta à le bon ton de mériter le coup d'oeil, lui qui ne donne finalement aucune raison d'être optimiste dans la guerre urbaine qu'il dépeint (car oui, le racisme systémique ne disparaîtra pas après une simple nuit d'émeutes), un peu comme nous le démontre, malheureusement, l'actualité la plus récente...


Jonathan Chevrier