[CRITIQUE] : Le Monstre
Réalisateur : Anthony Mandler
Acteurs : Kelvin Harrison Jr., John David Washington, Jeffrey Wright, Jennifer Ehle, Jennifer Hudson, Tim Blake Nelson,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Judiciaire.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h38min.
Synopsis :
Monster raconte l'histoire de Steve Harmon, un brillant lycéen de 17 ans dont le monde s'effondre quand il est accusé de meurtre. Le film suit la descente aux enfers de ce sympathique étudiant en cinéma de Harlem, qui intègre un lycée prestigieux avant d'être pris dans une bataille juridique complexe qui pourrait le conduire en prison pour le restant de ses jours.
Critique :
Bouleversant et subtil sans jouer la carte du larmoyant putassier, #LeMonstre résonne comme un cri rageur et silencieux dans l'obscurité de la société actuelle, un récit alarmiste et fort qui sert de rappel puissant sur les préjugés et les dangers d'une perception sans fondement. pic.twitter.com/EwGAn4URp2
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 7, 2021
Passé par Sundance il y a déjà plus de trois ans (étonnant d'ailleurs qu'il ait autant galérer à atteindre les écrans, une année ou Blindspotting et Monster and Men avaient éclatés là-bas), Monster d'Anthony Mandler est toujours et même sans doute encore plus actuel aujourd'hui (et aussi fou que cela puisse paraître, il le serait encore dans cinq, dix ou même quinze ans), dans sa mise en image tragique et brutale d'un adolescent afro-américain de Harlem, englouti tout cru par un système juridique cruel.
Basé sur le roman primé YA éponyme de Walter Dean Myers, le film suit les aléas de Steve Harmon, un étudiant brillant vivant à Harlem qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment et qui est associé aux mauvaises personnes; une série d'événements incontrôlables qui l'entraîne injustement en prison, accusé du meurtre d'un propriétaire de magasin.
Dès lors, c'est un combat pour sa vie dans lequel il se lance, avec tout contre lui, même sa couleur de peau.
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Familier à la fois dans notre - injuste - réalité qu'au sein du septième art, mais racontée dans une perspective inédite puisqu'à travers les yeux d'un wannabe cinéaste, entre narration au présent et plongée déstructurée et morcelée dans les souvenirs de celui-ci, le film est un récit déchirant qui happe son auditoire dès son ouverture, qui donne un aperçu de sa tragédie le tout enlacé dans une tension constamment palpable.
Odyssée labyrinthique amère et déchirante dans les tréfonds de la laideur de la société contemporaine, entre préjugés - autant au sein même de la communauté afro-américaine que du système judiciare supposément objectif -, racisme et failles institutionnelles, le long-métrage n'est pas tant un drame procédural qu'une quête d'équité dans un monde qui ne cherche jamais à résoudre son déséquilibre.
Bouleversant et subtil sans jouer la carte du larmoyant putassier, porté tout du long par la next big thing d'Hollywood Kelvin " Waves " Harrison Jr (absolument brillant, dans une performance stellaire et chargée en émotions, ou sa puissance intérieure et sa vulnérabilité sonnent toujours vraie), Le Monstre résonne comme un cri rageur mais silencieux dans l'obscurité du monde contemporain; un récit alarmiste, tendu et poignant qui sert de rappel vivifiant et sombre sur le pouvoir et les dangers d'une perception sans fondement, autant qu'il suscite continuellement la réflexion et la remise en question difficile des préjugés raciaux.
Jonathan Chevrier