[FUCKING SERIES] : A Teacher : Chronique d’un abus de pouvoir

(Critique - avec spoilers - de la saison)


Pour que la série A Teacher ait son plein impact sur votre rétine, attendez réellement de la regarder jusqu'au bout de ses dix petits épisodes - d'un bloc si possible -, tant c'est le seul moyen de vraiment réaliser que ce qui n'était qu'un simple film à la base - signé Hannah Fidell en 2013, ici créatrice et co-réalisatrice du show -, méritait de voir son histoire s'étoffer.
Explorant trois étapes spécifiques de la vie de la professeur Claire (Kate Mara, qui prend son temps pour être à l'aise en femme de sang froid), qui se laisser aller à assouvir sa curiosité attractive auprès d'Eric (Nick Robinson, excellent en ado dont la confiance extérieure tranche avec sa sensibilité frémissante), son élève adolescent - la " relation " initiale, les terribles retombées de celle-ci et enfin une rencontre fortuite dix ans plus tard -; la série se penche subtilement sur les dommages causés par Claire et les effets " boule de neige " discrètement dévastateurs qu'Eric subira par la suite, tout au long de sa vie.

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Le fait de justement disposer de l’espace nécessaire pour illustrer non seulement l’abus de pouvoir en lui-même, mais aussi ses conséquences complexes, fait de cette adaptation élargie un examen particulièrement détaillé de l’abus qui, par ailleurs, n’a permis que très peu d’introspection culturelle au fil des décennies - alors qu'il est loin d'être anecdotique dans la société contemporaine.
Étude intensive et immersive du fonctionnement de la violence et des dommages intimes qu'elle peut causer (même si elle manque d'un épisode ou Eric démêlerait enfin les spécificités de l'abus qu'il a subit, la série sautant ce dur travail via un bond dans le temps qui rejete toute culpabilité persistante), qui prend toute son ampleur dans l'intégralité de son évolution psychologique et narrative - là où chaque épisode prit individuellement, arpente un territoire plus ténu -, notamment dans une seconde moitié de saison qui explore la confusion et la honte d'Eric (alors qu'il fait face à des gens le considérant soit comme une victime impuissante, soit comme une légende locale fanfaronnante), la ou la première - notamment les trois premiers épisodes - laisse infuser un faux sentiment de romance (avec des scènes de sexe dont on ne décèle pas forcément l'aspect d'agression manipulée); A Teacher est une expérience puissante et passionnante autant sur la complexité des relations humaines (chacun a sa propre vérité, même si elles sont opposées), que sur les questions crues mais essentielles du désir et de l'assouvissement des pulsions sexuelles dans la société contemporaine.

Jonathan Chevrier