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[CRITIQUE] : Les Sorcières de l’Orient

Réalisateur : Julien Faraut
Avec : -
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Durée : 1h39min

Synopsis :
Les joueuses japonaises de volley-ball surnommées les Sorcières de l'Orient sont aujourd’hui septuagénaires. Depuis la formation de l'équipe à l'usine, jusqu'à leur victoire aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964, souvenirs et légendes remontent à la surface et se mélangent inextricablement.



Critique :


Entre 1960 et 1966, la modeste équipe féminine de volley-ball de l’usine Nichibo Kaizuka, surnommée Les Sorcières de l’Orient, gagne deux cent cinquante-huit matchs d'affilée, un record encore jamais égalé. Julien Faraut décide de donner la parole à ces anciennes sportives dans un documentaire éponyme, composé d’interviews et d’images d’archive. Présenté dans la section Big Screen du Festival de Rotterdam, nous suivons avec plaisir le périple de cette équipe hors du commun.
Il y a toujours quelque chose de fascinant dans le monde du sport. La compétition est addictive, le fait de dépasser les limites de son corps est hautement cinématographique (les fans de Rocky ne diront pas le contraire). Et puis il y a ce côté jouissif de voir une équipe dominante écraser ses adversaires. D’abord appelé le Typhon de l’Orient, l’équipe japonaise revient de l’URSS victorieuse et avec un nouveau surnom : les Sorcières de l’Orient. Si le nom leur paraît au premier abord surprenant (être une sorcière au Japon n’est jamais un compliment), l’équipe décide de le retenir finalement, se réappropriant sans le savoir un symbole féministe fort (comme on peut l’attester aujourd’hui). Le documentaire nous propose de se plonger dans une aventure collective extraordinaire, qui est devenue au travers de leur victoire aux JO de Tokyo de 1964, le symbole d’un pays en reconstruction. Julien Faraut décide de mettre la lumière sur ces femmes, dont peu de personnes (à part peut-être les aficionados du sport en question) connaissent leur exploit et mélange leur témoignage avec des images d’archives de leur entraînement et des matchs, ainsi que quelques passages d’un anime japonais Attack n°1. Leur victoire aux JO, suivie par plus de six cent millions de téléspectateurs dans le monde, a provoqué une augmentation de manga et d’anime sur le sport féminin, notamment le volley-ball, une preuve supplémentaire du pouvoir des images sur la représentation.

UFO Production

Unies par des liens forts, elles partagent un repas en se remémorant leurs souvenirs ou en prenant des nouvelles des unes et des autres. Malheureusement, certaines sont décédées, d’autres profitent de leur retraite au côté de leur famille et d’autres encore continuent un entraînement de sport intensif ou sont devenues coachs à leur tour. Avec beaucoup de modestie, elles nous racontent les dessous de leur victoire, le sacrifice du corps et de l’esprit qu’il leur a été demandé et qu’elles ont effectué sans regret. Le programme de leurs journées était chargé, une fois leur journée à l’usine terminée, elles allaient s'entraîner de longues heures et dormaient très peu. Julien Faraut superpose une session d'entraînement, avec des images de ballons de volley qui jaillissent vers le cadre comme une mitraillette, pour montrer l’effort conséquent demandé aux jeunes femmes. Entraîné par Daimatsu, leur coach, la presse lui a vite trouvé un surnom, “le démon”. Ses techniques étaient souvent considérées comme inhumaines, barbares, mais les joueuses n’ont pas l’air de lui en vouloir, au contraire. Sans cette rigueur, peut-être qu’elles n’auraient pas atteint ce niveau exceptionnel.
Après nous avoir présenté les différentes joueuses, leur entraînement, les victoires de leur début, Les Sorcières de l’Orient consacre une bonne partie du documentaire aux Jeux Olympiques de 1964, un événement marqué par une forte dimension symbolique. La pression devient importante pour cette jeune équipe, dont le sport vient de devenir une discipline olympique. Elles portent l’honneur de la nation. Surtout avant leur finale contre l’équipe de l’URSS, alors que le pays vient de subir l’humiliation de ne pas gagner la médaille d’or au judo, l’idole du pays Akio Kaminaga perdant face à Anton Geesink. Le documentaire finit sur le match, qui nous donne l’occasion de voir quelques moments forts de la finale et d’être emporté par l’émotion quand le coup de sifflet marquant la victoire retentit. Julien Faraut signe avec beaucoup d’inventivité et d’énergie un portrait passionnant d’une équipe de jeunes femmes hors du commun, de simples ouvrières à championnes olympiques. Un coup de projecteur qu'elles méritent amplement.


Laura Enjolvy



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