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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #115. Die Hard with a Vengeance

© 20th Century Fox - All Rights Reserved

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#115. Une Journée en Enfer de John McTiernan (1995)

C'est suite à des échecs divers et pas forcément mérités (Last Action Hero, Le Dernier Samaritain, Hudson Hawk,... bordel), que le tandem John McTiernan/Bruce Willis s'est résolu à rempiler pour un nouveau Die Hard, cinq ans après un second opus inférieur au film original, la faute à une recette voulant jouer la carte de la surenchère plus que de redite finaude - l'absence de McT à sa barre étant son problème le plus évident au jeu des comparaisons.
Désiré par la Fox (moins par Willis, qui voyait le projet au depart comme une regression dans sa carrière) depuis le succès plus que certain de 58 Minutes pour Vivre, à tel point que l'on a parfois évité le pire (la première monture de W. Peter Iliff, basée sur le script Troubleshooter de James Haggin, aurait vu McClane jouer les Steven Seagal dans un ersatz de Piège en Haute Mer, qui servira in fine de base Speed 2), voire le HS plutôt bandant sur le papier (un Die Hard " dans la jungle ", Tears of The Sun - qui deviendra dix piges plus tard le titre du film d'Antoine Fuqua - avec John Milius en co-scénariste), Die Hard 3 débarque à une heure ou le film d'action n'est plus réellement le même, et s'avère même plus proche de l'agonie qu'autre chose.

© 20th Century Fox - All Rights Reserved

Loin de vouloir replonger tête la première dans la redite - comme le second film -, en adaptant à son tour un nouveau roman, McTiernan jetera in fine son dévolu sur le script Simon Says du brillant Jonathan Hensleigh (jusque là auteur d'une poignée d'épisodes de feu la série Les Aventures du jeune Indiana Jones), pondu en onze jours et qui y voyait un flic new yorkais affronter un psychopathe multipliant les attentats à Manhattan - et un temps pensé comme la suite du solide Rapid Fire, puis comme un Lethal Weapon 4.
L'essence de McClane se retrouve en ses lignes, qui sera une vraie suite au Die Hard premier du nom plus que Die Hard 2, même si elle en trahit un point essentiel : ce bon vieux John n'est plus un flic malchanceux se retrouvant au mauvais endroit au mauvais moment, mais bien le pion d'une vengeance plus trouble qu'elle n'en à l'air.
Trouble car le fameux Simon (Jeremy Irons, alors que McT espérait renouer avec Sean Connery) qui le fait constamment se balader d'un point A a un point B tout en mettant scrupuleusement sa vie en danger, n'est autre que le frangin d'Hans Gruber, qui l'a fait tomber du haut de la tour du Nakatomi Plaza quelques années plus tôt.
Trouble car cette vengeance et ses nombreuses explosions à travers la ville, n'est pas tant la motivation première du personnage qu'un outil illusoire essentiel pour opérer le casse du siècle (en monopolisant brillamment l'attention de toutes les forces de police), renouant avec l'effet de manche virtuose du premier film : les terroristes ne sont en fait que des pilleurs de banques, aux idéologies politiques infiniment plus pauvre que leur avidité.
D'une méticulosité folle (c'est limite un parfait guide pour les braqueurs de haut vol) même si difficilement réalisable (un plan rocambolesque, mais Hollywood en a conçu des plus retors jouant encore plus avec la suspension d'incrédulité de son auditoire), ce casse de la réserve de la banque fédérale vaudra même à Hensleigh un petit entretient avec le FBI...

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Mais si Die Hard 3 s'éloigne sur le papier de Die Hard, avec sa prémisse diamétralement opposée (et en plus, on n'est pas à noël !), c'est aussi et surtout pour le rejoindre sur de nombreux détails (voire des clins d'oeil volontaires) et même en transcender ses points forts : buddy movie en puissance, le film exploite bien plus la dynamique de duo à l'humour pince-sans-rire entre McClane et son compagnon de souffrance (hier Powell, aujourd'hui Zeus Carver, incarné par Samuel L. Jackson après la défection de Laurence Fishburne), qui prend cette fois-ci partie intégrante de l'action et en prend autant dans la poire que le flic le plus poissard de New York.
Un sidekick qui n'en est pas totalement un (et qui était à l'origine une femme), et qui n'est jamais vendu comme tel tout au long du récit.
Mieux, même en l'éprouvant plus que jamais (il démarre avec une gueule de bois, Holly et les gosses ne sont plus là, c'est par ses actes passés qu'il se retrouve dans la pire de ses galères au présent... soit fragile et au plus bas que dans les deux autres opus), le film incarne l'ultime totem sur pellicule du John McClane que l'on aime, figure du maverick ultime qui allait vite (bon douze ans après) devenir la caricature de lui-même profondément réac et encore plus increvable que Superman, clone vieillissant de Jack Bauer maltraité par ses propres mômes insupportables.
Un peu comme avec Bruce Willis (McClane étant, à l'instar de Stallone avec la franchise Rocky, un indicateur on ne peut plus juste de la carrière de son interprète), qui hors de ses escapades chez Shyamalan, ne laissera plus vraiment transparaître son amour du septième art, devenant un fonctionnaire aigri ne s'intéressant aux projets qu'en fonction du chèque à l'arrivée.

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Un effet miroir qui correspond aussi à McTiernan, qui faisait face à un premier vrai tournant de sa carrière (deux échecs qui remettait clairement en jeu son statut à Hollywood), bousculera sa manière de filmer pour mieux la transcender (entre sa gestion des espaces à une mise en scène plus urgente et nerveuse, caméra portée et au près des visages et des corps), constamment portée par le montage fluide et ai découpage vertigineux de John Wright, faisant passer les deux heures de métrage en un éclair.
Moderne dans son utilisation avisée des codes du jeu vidéo (ou New York peut se voir comme une immense plateforme avec ses codes et ses limites), lui qui est lui-même articulé autour d'un jeu (le " Jacques à dit " de Simon), malin dans toutes les strates de son scénario (des punchlines savoureuses qui ne sont pas gratuites et qui servent le propos, aux raccourcis subtilement dissimulés pour ne pas brusquer les mémoires, en passant par le jeu de pistes ludique à travers une Grosse Pomme qui n'a jamais paru aussi rapide à arpenter), solidement incarné et charpenté, Une Journée en Enfer, à peine plombé par son final imposé (celle plus sombre refusée par le studio, était infiniment meilleure), incarne autant une révolution dans le blockbuster d'action - qui allait marqué l'industrie pour les deux décennies à venir -, que son chant du cygne, tant même vingt-cinq ans plus tard, aucun film du genre n'a su faire mieux si ce n'est aussi bien.


Jonathan Chevrier


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