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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #113. Didier

TF1 Vidéo

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !


#113. Didier de et avec Alain Chabat (1997)

Ouais, les mecs non plus. Putain, je t’ai dit personne, ne sois pas de mauvaise foi. On ne sent le cul de personne ! Voilà, ni les mecs, ni les nanas, ni les chiens, personne !

L'inestimable Jean-Pierre Bacri est décédé cette après-midi des suites d'un put*** de cancer, laissant tout le cinéma français et une pluie de cinéphiles en deuil, alors que l'incertitude face à la réouverture des salles n'a jamais été aussi forte.

Il est donc de bon ton - et ce dès à présent - de se perdre avec nostalgie et mélancolie dans sa riche filmographie, des pépites sophistiquées et désenchantées des films " Jabac " concoctés avec son éternelle comparse Agnès Jaoui, aux comédies populaires des meilleurs artisans de l'hexagone comme... Didier d'Alain Chabat, première réalisation du trublion des Nuls, une comédie fantastique articulé autour de l'idée folle et improbable - donc géniale -, d'un chien se transformant en homme (mais uniquement physiquement), qui deviendra même in fine un… joueur de foot professionnel du PSG.

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Et à part nichon, elle fait quoi dans la vie ?

Monty Python-esque - et César du meilleur premier film à la clé, malgré une mise en scène logiquement balbutiante - tout en étant gentiment franchouillard (dans le bon sens du terme), Didier, volontairement aussi léger que son pitch le laisse présager (un manque de profondeur qui ne nuit en rien à sa qualité comique, même dans l'écriture assez caricaturale de ses personnages), démarre véritablement lorsque le dit chien se fait homme, des causes d'une transformation quasi-mystique (et aux SFX rudimentaires, mais l'essentiel est ailleurs), et que le duo Chabat/Bacri fait tout simplement... du Chabat et du Bacri.

Avec un sens canin unique (perceptible dès l'hilarant sketch Royal Canin, que ce soit dans ses regards vides et naïfs, ou dans sa façon de se mouvoir), le premier donne du corps et de la folie à des délires absolument impayable, tandis que le second l'appuie constamment, à coups de répliques aussi cinglantes que cyniques, et de mimiques si familières pour les aficionados du bonhomme.
Décomplexé à mort même s'il pêche un poil dans son dernier tiers (avec un final un peu abrupt et frustrant), autant régressif par moments qu'il est d'une finesse humoristique délicieuse, Didier est un régal de comédie familiale comme on en fait presque plus même si Chabat, en bon et irréductible gaulois, veille (heureusement) à nous en offrir au moins une ou deux par décennies.


Jonathan Chevrier