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[CRITIQUE] : Ma Belle-Famille, Noël et Moi


Réalisatrice : Clea DuVall
Avec : Kristen Stewart, Mackenzie Davis, Alison Brie, Aubrey Plaza, Victor Garber, Dan Levy, Mary Steenburgen,...
Distributeur : - (Sony Pictures Releasing France)
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Américain, Canadien.
Durée : 1h42min.

Synopsis :
Une jeune femme souhaite demander sa petite amie en mariage lors du repas de Noël, mais ses plans sont chamboulés lorsqu'elle découvre que sa partenaire n'a pas fait son coming-out auprès de ses parents conservateurs.



Critique :


Si Baloo chantait qu'il en fallait peu pour être heureux, pour les aficionados - dont nous - des bonnes péloches romantiques fleurant bon les fêtes de fin d'année, il en faut vraiment, mais alors vraiment très peu pour nous contenter, tant on craque sans trop de résistance pour tout téléfilm colmaté à la guimauve et au sapin de noël, balancé de manière opportuniste sur la grille des programmes de la quasi-totalité des chaînes hertziennes.
Alors quand un film semble réunir toutes les saveurs familières qui nous font vibrer, le tout avec une pincée de touche feel good hautement réjouissante, inutile de dire que l'on en ferait presque un must-see absolu.
À l'instar du teen movie pionnier Love, Simon, Ma Belle-Famille, Noël et Moi (restons sur Happiest Season), second passage derrière la caméra de la comédienne et cinéaste Clea DuVall, joue si amoureusement des codes du genre qu'il ressemble a beaucoup de films que vous avez vus auparavant... tout en ne ressemblant à rien de ce que vous avez vu auparavant.

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Premier bon point pour se démarquer, DuVall ne montre pas les prémisses d'un premier amour appelé à devenir une belle histoire, mais elle installe bien ce dit couple dans une période potentiellement de crise.
Soit celui formé depuis quelques temps par Harper et Abby, dont le quotidien va être justement brusqué lorsque, à mi-chemin d'un voyage en voiture qui va les mener pour les fêtes, celle-ci avoue à Abby qu'elle n'est pas encore sortie du placard auprès de sa famille. 
Ainsi, ce qu'aurait du être le terrain propice pour la seconde, de faire sa demande en mariage, devient in fine un terrain miné ou elle doit se faire passer pour la colocataire hétéro de la femme qu'elle aime.
Pire encore, elle est choquée de découvrir que sa petite amie excentrique et amusante agit différemment lorsqu'elle est avec sa famille so WASP conservatrice et hautement compétitive; le fait d'être de retour dans sa ville natale semble réveiller en elle son côté sombre (égoïste, peu aimable,...), alors qu'elle commence à peu à peu abandonner Abby...
Un parti pris malin de la part de la cinéaste qui, s'il est vrai que cela dessert grandement l'aspect romantico-chamalow de son cadre, accentue au final grandement la caractérisation de ses personnages, proposant un regard joliment juste et complexe sur la dualité intérieure à la fois sur soi (une prise de conscience croissante et terrifiante du poids émotionnel qu'accompagne cette duperie) et sa moitié (une situation désagréable voire parfois psychologiquement malsaine, avec un vrai sentiment d'exclusion), qui va bien au-delà des carcans de la romance queer, ou même de la prédestination parentale (qui ne s'est jamais senti profondément différent au sein de sa propre famille ?).

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Plus proche de la comédie dramatique un brin cheezy (qui fait plus mouche qu'elle ne tire à côté) que de la comédie romantique pure et dure donc (son pendant le plus inégal, sans pour autant en renier ses valeurs), Ma Belle-Famille, Noël et Moi désarçonne de la plus belle des manières en donnant du corps à son coeur - un poil fragile, il faut être honnête -, facilitant de facto toute la (très) grande adhésion qu'il requiert à son auditoire pour diffuser sa magie.
Préférant donner la (bonne) impression de courir plusieurs lièvres à la fois que de n'avoir strictement rien à dire (le film de noël, le drame familial, la comédie burlesque), quitte a parfois sembler ne pas aller au plus profond de ses thèmes, jouant subtilement sur la force sûre de son casting (Kristen Stewart est un mélange doux de charisme et de naïveté, Aubrey Plaza est absolument magnétique, Mary Steenburgen est toujours aussi désopilante,...), Happiest Season n'est pas la péloche qui révolutionnera le genre, mais elle est une oeuvre pionnière (et importante) qui installe des préoccupations spécifiquement queer dans le langage de une comédie romantique traditionnellement hétéro, avec une fraîcheur enjouée et fédératrice.
Une preuve concrète qu'il serait temps que l'industrie évolue pour de bon.


Jonathan Chevrier



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