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[SƎANCES FANTASTIQUES] : #44. The Box

Copyright Wild Bunch Distribution

Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's ; mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !



#44. The Box de Richard Kelly (2009)


Sanctifié comme LA next big Thing d'Hollywood par la force d'un premier long-métrage aussi virtuose que férocement malin (Donnie Darko), avant d'être aussi vite descendu plus bas que terre par le même microcosme, avec un second essai certes foutraque mais d'une richesse proprement indécente pour ceux ayant l'honnêteté - l'intelligence ? - de l'admettre (Southland Tales); Richard Kelly est l'exemple même du talent (trop ?) pur, célébré avant d'être bouffé tout par une Hollywood la putain n'éprouvant pas le moindre remord.
Silencieux depuis onze ans désormais, il n'y a pourtant rien de plus fascinant pour les cinéphiles que nous sommes de se replonger corps et âme au coeur de sa courte mais essentielle filmographie, fruit des jeux d'adresses d'un petit chimiste de la science-fiction et du septième art.
Optimisation totale du potentiel réel de la courte nouvelle éponyme de l'immense Richard Matheson - déjà adapté par Peter Medak dans The New Twilight Zone -, The Box est un thriller fantastique aussi personnel que profondément universel, totalement vissé sur un pitch dont la simplicité n'a d'égal que le penchant diabolique qui l'habite.

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On y suit un couple américain on ne peut plus modèle : Norma et Arthur Lewis qui un matin, voit sa vie bousculée : une boîte vide, ornée d'un bouton rouge en son coeur, est posée au bas de leur porte.
Un peu plus tard dans la journée, un homme énigmatique et défiguré, Arlington Steward, débarque à l'improviste chez eux pour leur expliquer les tenants de cette dite boîte.
S'ils décident d'appuyer sur le bouton rouge, ils gagnent un million de dollars mais tout bonheur à un prix, puisqu'un inconnu mourra dans le même temps...
Lettre d'amour passionnée et référencée aux classiques du film noir des 50's mais surtout à ceux de la SF paranoïaque des 70's (mais aussi, officieusement, au film de chevet de Kelly : 2001, L'odyssée de l'Espace), non sans quelques expérimentations chères au cinéaste (et même justement, au genre), profitant autant du cas de conscience terrible qui agite les deux héros, que des non-dits déchirants qui en découlent, The Box est un formidable numéro d'équilibriste ou Kelly, à l'instar de Donnie Darko, déroule un récit symboliquement renversant dans ses escapades scientifiques, théologiques et même biblique; tant il n'est pas si difficile de voir en cette boîte de pandore offerte par une entité supérieure (Dieu) voulant tester les humains, un rapprochement avec la pomme d'Adam et Eve, où c'est finalement la femme qui succombe au fruit défendue (un regard proche du symbolisme religieux qui nourrissait avec gourmandise, l'intrigue de Southland Tales).

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Récit gigogne cohérent et empathique, jouant sadiquement avec la tension qui se niche dans les questionnements SF fascinants et le drame familial déchirant, qui ne laisse jamais sur le carreau ses personnages, un couple modèle au fêlures silencieuses pourtant bien réelles (une infirmité douloureuse pour elle, une vie insatisfaisante et frustrante pour lui, mais surtout un égoïsme commun craquement le vernis des conventions sociales mais surtout de l'absence de morale et de la cupidité qui en découle), campé avec convictions par le couple Cameron Diaz/James Marsden (peut-être dans leurs plus beaux rôles à ce jour); The Box est une petite merveille plaçant l'humanité au centre de l'univers, la magie au coeur d'un cadre rationnel, que l'on doit embrasser pour ne pas sombrer.
Ajouté à ça une mise en scène souple et ample (tournée en caméra numérique, même si Kelly avait juré qu'il n'en utiliserait jamais pour tourner un film d'époque), et une envie constante de transporter son auditoire en transcendant autant l'esthétique que l'écriture de son histoire, et vous comprendrez très vite pourquoi Richard Kelly nous manque terriblement depuis plus d'une décennie maintenant...


Jonathan Chevrier


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