[CRITIQUE] : The Call
Réalisateur : Lee Chung-hyun
Avec : Park Shin-Hye, Jun Jong-seo, Kim Sung-ryung,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Sud-Coréen.
Durée : 1h52min.
Synopsis :
Une tueuse en série et une autre femme, au téléphone dans une maison, à 20 ans d'intervalle. Et l'une menace le passé et la vie de l'autre pour changer son propre destin.
Critique :
Mélange hybride entre la ghost story, le thriller et la SF plaqué sur une cadence d'actionner, #TheCall s'appuie sur une prémisse simple pour mieux radicalement la déformer au coeur d'une intrigue à tiroirs (trop) complexe et pas toujours cohérente, mais à l'humanité poignante. pic.twitter.com/XrLy9qskUP
— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 28, 2020
D'habitude, nous faisons face au cas inverse : le cinéma américain, las de ne pas comprendre ce que raconte les films étrangers - dur de lire des sous-titres après tout -, s'échine à produire des remakes des films faisant gentiment le buzz (notamment dans les festivals/courses aux statuettes dorées).
Cette fois, c'est un jeune cinéaste coréen, Lee Chung-hyun, qui s'attaque à un horror movie mineur venu du pays de l'Oncle Sam - The Caller de Matthew Parkhill, dont il s'inspire librement -, pour l'adapter à sa sauce et en faire un pur thriller horrifique brutal et retors, qui n'est pas sans nous rappeler au bon souvenir du mésestimé Fréquence Interdite de Gregory Hoblit - la double timeline intime avec un tueur en ligne de mire -, ou même la série coréenne Signal.
Copyright Jung Jae-gu / Netflix |
On y suit Seo Yeon (Park Shin-hye, excellente dans #Alive, également sur Netflix), une jeune femme dépressive et hantée par la mort tragique son père, qui prend la décision de retourner vivre dans la maison familiale, tout en s’occupant de sa mère malade et atteinte d’un cancer.
Quelques temps après s'être installée, un mystérieux coup de téléphone va faire basculer sa vie : à l’autre bout du fil, elle communique avec Young Sook (Jeon Jong-seo, merveilleuse dans Burning), une femme perturbée et du même âge qu'elle, qui vit aussi dans la même maison... mais en 1999.
Menacée par sa mère, Young Sook demande de l’aide à Seo Yeon pour trouver des informations sur son avenir afin d’anticiper les évènements et de pouvoir se libérer des tourments de sa mère; en échange, Young Sook va tout faire pour essayer de sauver le père de Seo Yeon, mort justement en 1999.
Si cette échange de bons procédés va littéralement changer leurs existences, Seo Yeon va vite réaliser que modifier son passé et son présent est une très mauvaise idée, puisque les deux jeunes femmes sont étrangement liées...
Mélange hybride entre la ghost story, le thriller et la science-fiction plaqué sur une cadence d'actionner, The Call s'appuie sur une prémisse relativement simple pour mieux radicalement la déformer au coeur d'une intrigue à tiroirs certes beaucoup trop complexe pour son bien et à la cohérence (très) relative (une modification temporelle à la force/importance... fluctuante), mais dont la double performance féminine centrale et le thème poignant de la quête de reconstruction du cercle familial (ici désespérément brisé), permet un ancrage humain profondément salvateur.
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Jeu du chat et de la souris tortueux façon course infernale contre le temps, ou la plus tendre des interlocutrices se retrouve à la merci de la plus sadique, visuellement soignée (atmosphère poisseuse du plus bel effet, joli retranscription des changements temporels) et généreux (une générosité à double tranchant cela dit), tout en étant bardé de tous les défauts évidents d'un premier essai; The Call, qui ne dessert son étreinte que dans son dernier tiers - le moins maîtrisé, même dans ses effets -, n'en reste pas moins un thriller solide, diabolique et captivant, qui démontre après Le Lien du Sang et moultes séries exceptionnelles (Kingdom en tête), qu'entre Netflix et le « Pays des matins calmes », c'est une affaire qui roule.
Jonathan Chevrier